Aîné d’une famille de 8 enfants, Johan Heffner avait dû commencer à travailler très jeune pour aider sa famille. Au début des années 1890, père de 3 enfants, il fréquentait le club lecture socialiste de Mainz où, à la suite d’une conférence de R. Rocker, il s’intégra au mouvement révolutionnaire.

Lecteur assidu de la Freiheit de J. Most, il cachait à son domicile de la rue Emerangasse de la propagande interdite qui ne fut jamais découverte par la police lors de nombreuses perquisitions dont il fut l’objet : devant une fenêtre il y avait un grand panneau pour des fleurs ; au-dessous de ce panneau il y avait un fort crochet cloué au mur et de ce crochet pendait attaché à une longue corde une enveloppe de toile cirée où se trouvait la propagande qui, en cas d’alerte, pouvait être descendue dans la cour d’une petite boulangerie tenue par des socialistes qui pouvaient alors cacher l’enveloppe au milieu des sacs de farine. Il fut emprisonné à de nombreuses reprises pour « résistance à l’autorité de l’État » mais jamais pour diffusion de littérature prohibée. Heffner avait de nombreux amis chez les mariniers et conducteur de bac sur le Rhin, ce qui lui permettait de diffuser la propagande.

Lors des luttes entre les sociaux démocrates et l’opposition anarchiste, Heffner, malgré l’intervention de Rocker qui avait tenté de l’en empêcher, avait corrigé le social démocrate Hartmann qui avait prétendu que les anarchistes, suite à leur infériorité dialectique, étaient aux antipodes du socialisme.

Par la Suite Heffner émigra avec sa famille au Brésil où il adhéra ultérieurement au Parti communiste et où il est décédé à Porto Alegre en 1929.

Selon Rocker il était un enthousiaste né, d’un naturel un peu violent, peu enclin aux problèmes théoriques, concerné par la travail pratique et notamment les situations dangereuses.