Né le 9 avril 1871 à Montluçon (Allier) d’un ouvrier puddleur catholique pratiquant, Henri Barbé dit Le Grand Henri, travailla comme ouvrier mécanicien à Montluçon puis à Saint-Denis (Seine). Passé au début du XXe siècle à l’athéisme, il devint un militant syndicaliste et un libertaire convaincu. Selon son fils, le communiste Henri Barbé, « il eut personnellement de nombreux contacts avec les dirigeants et les doctrines du mouvement anarchiste et syndicaliste. Le sectarisme anarcho-syndicaliste et la stricte morale de l’égalité, de l’honnêteté et du désintéressement dans l’action ouvrière dominaient toute notre vie familiale ». Il eut un fils Henri (né en 1902) et une fille, tous deux militants communistes actifs. La fille, membre active de la Fédération sportive du travail, serait restée membre du PCF après l’exclusion de son frère.
Vers le milieu des années 1890, Henri Barbé avait été condamné à Montluçon pour “voies de faits” sur des agents. En décembre 1898, quelques jours avant Noël, des agents qui avaient demandé à un groupe chantant sur la voie publique, de se disperser, avaient été agressés par les “chanteurs” qui s’étaient enfuis ; dans les jours qui suivirent Barbé fut arrêté, passé à tabac au bureau de police puis condamné pour « outrages à agents » à 1 mois de prison, bien qu’il ait affirmé être totalement étranger à l’incident. Les Temps nouveaux (14 janvier 1899) apportaient le commentaire suivant : « Barbé que nous connaissons intimement est un garçon des plus doux et des moins bruyants. S’il fut un jour, violent envers les brutes policières, ce n’est qu’après avoir été pendant longtemps provoqué. A sa première condamnation, qui suffisait déjà pour lui fermer nombre d’ateliers, il en fallait ajouter une seconde, plus inique, parce que sans motif plausible ».
Henri Barbé fut membre de la commission administrative de la section communiste de Saint-Denis en 1921. À partir de 1924 il se déclara hostile à l’évolution de l’URSS et se montra particulièrement choqué d’apprendre que les usines étaient gardées par l’Armée rouge. Barbé n’approuva pas l’entrée de son fils dans l’appareil politique du mouvement communiste.