Né d’une mère italienne et de père inconnu, Luigi Luccheni avait été abandonné à la naissance et avait séjourné à l’hospice des enfants assistés avant d’être envoyé en Italie d’orphelinats en familles d’accueil. Après divers petits boulots et trois ans et demi dans l’armée, il émigra en Suisse où, à Lausanne, il commença à fréquenter des compagnons anarchistes. Travaillant comme maçon sur divers chantiers, ses activités propagandistes lui avaient valu d’être expulsé du canton de Lausanne.
Le 10 septembre 1898 il poignarda avec une lime effilée, Sissi l’impératrice d’Autriche qui séjournait à Genève. Lors de son procès, le 12 novembre 1898, il se revendiqua comme anarchiste et dit avoir voulu d’abord tué le Duc d’Orléans qui avait déjà quitté Genève à son arrivée, avant de décider de frapper à travers l’impératrice « Les persécuteurs des ouvriers ». Lors de son interrogatoire il aurait déclaré être anarchiste depuis l’âge de 13 ans, nia avoir agi sur l’ordre d’un quelconque comité et affirma notamment que « si tous les anarchistes faisaient leur devoir comme j’ai fait le mien, la société bourgeoise aurait vite disparu », tout en ajoutant qu’il savait bien que ce meurtre isolé ne servait à rien, mais qu’il l’avait accompli à titre d’exemple. Condamné à la réclusion à perpétuité, il commença à rédiger des mémoires. Lorsque ses cahiers lui furent volés par des gardiens, il protesta, subit des brimades, avant d’être retrouvé pendu dans un cachot de l’Évêché de Genève le 19 octobre 1910.
Lors de ses six premiers mois d’incarcération, il avait été interné dans un cachot souterrain auquel on accédait « par un escalier de vingt marches et un couloir sombre. A la fin du couloir, une épaisse porte ayant, en bas, un trou pour l’admission de l’air et de la lumière ; un autre couloir d’un mètre environ ; puis une deuxième porte, aussi épaisse que la première, ayant en haut des trous, c’est la porte du cachot. Celui ci n’a pas de fenêtres et est tout à fait sombre. A terre est un sac rempli de paille, servant de siège le jour et de couchette la nuit. Point d’autre meuble dans le cachot. C’est là que Luccheni doit subir les six premiers mois de sa peine ; on ne le fera sortir du cachot qu’une fois tous les quinze jours pour lui faire respirer un peu d’air du dehors ». (cf. Le Père peinard).
Vers le printemps 1900, suite à une brimade, il aurait agressé le directeur de la prison avec “une clé de sardines”, ce qui lui avait valu d’être jeté au cachot en attendant de passer aux assises où il risquait une peine maximum de 5 ans de cellule souterraine (cf. Les Temps nouveaux, 28 avril 1900)
Sa tête fut longtemps conservée dans le formol. Ses mémoires, portant sur sa jeunesse, furent publiées en 1998.
Œuvres : — Mémoires de l’assassin de Sissi, histoire d’un enfant abandonné à la fin du XIXe siècle (Ed. établie et présentée par Santo Cappon, Paris, 1998).