Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

SAINT REMY, Marie de” [ANDRIEU, épouse TEISSIER] “ROMANOFF” ; “La VOYANTE”

Née à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) le 13 juillet 1851 (ou le 14 juillet 1852 ?) — Toulon (Var) — Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 2 juillet 2009
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.

Marie Andrieu, épouse de l’ouvrier chaudronnier Teissier (mort en 1890), avait vécu d’abord à Marseille où en 1872 elle avait été condamnée pour « escroquerie » et où en 1885 elle avait publié Le journal d’Outre tombe.

En 1892 elle figurait parmi les souscripteurs du journal anarchiste Le Parti Ouvrier (Saint-Jean-du-Var, 2 numéros, 15 et 25 juin 1892) dont l’administrateur était Joseph Babinger, ouvrier à l’arsenal de Toulon, dont elle allait devenir la compagne vers 1893.
A Marseille elle résidait 14 rue Colbert et exerçait la profession de “somnambule cartomancienne” sous le nom de Marie de Saint-Rémy. Elle hébergeait à son domicile divers compagnons dont Riemer dit Lemel et Chabert.

Installée à Toulon elle y subsistait en vendant les remèdes qu’elle fabriquait elle-même. Elle y publiait une feuille intitulée Le Gambetta (Toulon, 1893) puis Le Jugement dernier (1893-1894) avant d’y fonder l’organe Le Christ anarchiste (Toulon, 12 numéros de juin 1895 à janvier 1897), sous-titré « Revue universelliste. Organe scientifique, politique, philosophique, occultiste, justicier », dont le gérant fut son compagnon Babinger puis Henri Alban et auquel collabora notamment sa fille Emma Teissier ainsi que des « rédacteurs posthumes venus de l’au-delà » tels Émile Henry, Vaillant, Charlotte Corday, Jesus Christ, etc. Ce journal fut dénoncé par les anarchistes et en particulier par Les Temps nouveaux qui écrivirent qu’il était « rédigé sous l’inspiration d’une dame qui dit la bonne aventure aux imbéciles » (cf. 10 août 1896).

Le 20 octobre 1893 elle avait été condamnée à un mois de prison par le Tribunal correctionnel de Marseille pour avoir menacé le chef de la gare de Saint-Charles de faire sauter la gare, et ceci suite à une altercation avec des employés qui avaient refusé de prolonger la validité d’un billet de l’un de ses fils parti pour Toulon. Début avril 1894 elle fut l’objet d’un rapport du préfet du Vaucluse pour avoir tenu des propos anarchistes lors de son passage à Apt en mars et notamment d’avoir approuvé les derniers attentats. Le 10 juillet elle fut l’objet d’une perquisition sans résultat, puis le 1er août, en son absence, d’une nouvelle perquisition.

Début février 1896 elle fut condamnée en correctionnelle à 16 francs d’amende pour “exercice illégal de la médecine” ainsi que Babinger qui avait été arrêté le 18 février et était jugé par défaut. Puis le 28 du même mois elle fut arrêtée à Toulon et écrouée pour “excitation au meurtre, au vol et au pillage” et fut emprisonnée jusqu’au 27 mars.

En septembre 1896 elle fut arrêtée avec son compagnon à Saint-Julien (Haute-Savoie) pour “exercice illégal de la médecine”, puis fut emprisonnée à Toulon et envoya depuis la prison un poème au journal La Nouvelle Humanité (numéro de novembre 1896). Elle fonda également le journal Le Sauveur des malades (Toulon) qui eut quelques numéros en 1896-1897. L’année suivante elle publia un nouvel organe universelliste intitulé L’Antechrist (Toulon, 3 numéros d’octobre à décembre 1897). A Toulon elle demeurait Impasse du Mûrier.

Le 26 février 1897, suite à un article menaçant de s’en prendre à diverses têtes couronnées d’Europe si les 8 anarchistes de Montjuich, condamnés à mort, étaient exécutés (cf : Le Christ anarchiste, 15 janvier 1897), elle était arrêtée avec le gérant du journal Albran, qui avait remplacé Babinger alors écroué. Tous deux furent remis en liberté provisoire le lendemain et fêtèrent leur libération avec une dizaine de compagnons chez Belmotto.

Puis Marie de Saint-Rémy quitta la région toulonnaise avant de revenir s’y installer à Sainte-Anne-d’Evenos. En décembre 1900 la police de Reims signalait qu’après avoir été condamnée à 15 jours de prison pour “exercice illégal de la médecine”, avait quitté la localité « accompagnée de son fils, de sa fille et de l’anarchiste Alfred Grandidier » pour se rendre à Paris, puis à Toulon. En 1901 elle publiait le journal La Révolution (Toulon, 1901) qui eut, selon Zisly, une dizaine de numéros. Début 1904 elle publiait à Toulon une troisième série du journal Le Sauveur des malades (n°2, avril 1904). Elle demeurait alors Route de la Valette, Villa America, quartier Brunet. Le 8 juillet 1907 elle fut condamnée par la Cour d’appel d’Aix à un mois de prison et 500 francs d’amende pour « escroquerie et exercice illégal de la médecine ».

Le Sauveur des Malades (1904)

Œuvres : — Les Dieux des anarchistes (Librairie du magnétisme, 1899).


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