Dictionnaire international des militants anarchistes
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TRESSAUD, Alexandre, Frédéric, Napoléon
Né à Marseille le 11 août 1861 - Ouvrier cordonnier - Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 9 avril 2010
dernière modification le 26 octobre 2023

par R.D., René Bianco

Alexandre Tressaud avait commencé à prendre parti à la vie politique dès l’âge de 15 ans. Le 5 juillet 1876, poursuivi pour « outrages à agent » il fut relaxé et remis à ses parents. Deux ans plus tard il organisait le mouvement anarchiste à Marseille et collaborait bientôt au journal Le Révolté créé à Genève en février 1879 par Kropotkine et Élisée reclus. Il représenta le Cercle d’études sociales de Marseille au 3e congrès ouvrier qui s’ouvrit dans cette ville le 20 octobre 1879 et fut un des membres importants du congrès. Il prit notamment la parole à propos de l’éducation et s’opposa aux motions xénophobes des autres délégués marseillais comme par exemple Martin et Baculard. Cette activité lui valut de faire partie de la commission de 19 membres, chargée de l’exécution des décisions du congrès.

En mars 1881, au nom du Club international de Marseille, il prit l’initiative de l’organisation d’une soirée pour le dixième anniversaire de la Commune qui fut annoncée dans La Révolution sociale.

En mai 1881, Alexandre Tressaud qui demeurait alors 7 rue du Grand Puits, signa l’appel pour Jessa Hoffmann condamnée à mort en Russie et fut l’un des promoteurs du meeting contre l’exécution des nihilistes russes, meeting qui eut lieu le 15 mai, avec la participation de Paule Mink et qui rassembla au Grand Bosquet, Quai de la Joliette, plusieurs milliers de personnes. Tressaud y prononça un discours qui lui valut d’être condamné le 31 mai pour « outrage à agent » à vingt jours de prison tandis que Paule Mink, qui, pour la première fois depuis la Commune avait arboré le drapeau rouge en ville, était condamnée à un mois de prison.

En juin 1881 Tressaud fut délégué par les groupes socialistes de Marseille au Congrès ouvrier régional de Cette qu’il présida. Ce congrès se déclara communiste anarchiste par 27 voix contre 2. Le mois suivant il signa une adresse des anarchistes marseillais au Congrès international anarchiste qui s’ouvrit à Londres le 14 juillet en présence de 31 délégués représentant 13 pays ; dans cette adresse il était demandé au congrès d’adopter pour la réorganisation de l’Internationale, les statuts de l’Association internationale des travailleurs (AIT) votés en 1873 (cf. texte de l’adresse in La Révolution sociale, 6 mars 1881).

En août il fut le signataire de l’affiche S’abstenir ou s’avilir au nom du Comité abstentionniste anarchiste révolutionnaire de Marseille.

Selon un rapport de police d’octobre 1881 Tressaud faisait « partie d’un groupe d’une dizaine d’individus qui s’intitulent Club international. Ces individus se réunissent soit au Café des Voyageurs, sur le Cours Belzunce, soit au Café Depouzier, même Cours, et déblatèrent sur le gouvernement et les bourgeois. Le club international dont fait également partie Desnier se compose en outre des nommés Mazade, Henry, Toche, Blanc, Maurin, Cival et Moncada […] Un autre groupe anarchiste socialiste comptant une douzaine de membres existe à la Capelette et Tressaud est en rapport avec ce groupe, de même qu’avec ceux existant à Lyon, Béziers et Cette ».

Vers l’été 1882 il avait fait partie d’une commission chargée de former une association regroupant les travailleurs espagnols, italiens et français résidant à Marseille, dénommée la Société cosmopolite des travailleurs qui entraîna l’arrestation de plusieurs italiens et qui selon Tressaud n’aurait tenu qu’une seule réunion.

Le 2 novembre 1882, suite à l’affichage d’un placard manuscrit sur la porte du journal Le Petit Marseillais, la police effectuait une perquisition au domicile de Tressaud, 7 rue de la Jeunesse. Elle y saisissait de nombreux documents dont 24 exemplaires d’un Manifeste socialiste révolutionnaire, un appel manuscrit du groupe Les Indignés, un appel manuscrit Aux travailleurs du comité révolutionnaire anarchiste signé notamment par Tressaud, diverses correspondances de Tressaud à L’Étendard révolutionnaire de Lyon dont il était l’un des correspondants après avoir été celui du Droit Social et avec avec divers compagnons (dont Gustave Faliés, Jean Grave, Pouget, Tessier…), des projets de statuts de la Société cosmopolite des travailleurs et deux numéros du journal Le Révolté.

A la suite des violentes manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines et des attentats commis à Lyon, Tressaud, qui était alors marié et père d’un enfant, fut arrêté à Marseille en décembre 1882 comme plus de 20 compagnons de la région lyonnaise - dont Toussaint Bordat (voir ce nom) - et fut impliqué dans le procès dit « procès des 66 » qui s’ouvrit devant le tribunal correctionnel de Lyon le 8 janvier 1883. Classé dans la première catégorie des prévenus (les politiques), Tressaud, après le réquisitoire, fit la lecture d’une déclaration signée par 47 des prévenus qui définissaient la doctrine anarchiste dont ils se réclamaient. Il fut condamné le 19 janvier à deux ans de prison, 500 fr. d’amende, 10 ans de surveillance et 5 ans d’interdiction des droits civils. La Cour d’appel de Lyon réduisit le 13 mars 1883 la peine à 1 an de prison, 100fr. d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civils.

Amnistié, Tressaud, dont l’un des pseudonymes aurait été « Le Docteur », revint se fixer à Marseille début mai 1884 et reprit son activité militante. En 1885 il aurait collaboré au journal anarchiste Le Droit social (Marseille, 2 numéros en mai et juin) dont le gérant était Alphonse Lauze et qui aurait été remplacé par l’hebdomadaire L’Étendard révolutionnaire (Marseille, non retrouvé). L’année suivante il était membre - avec notamment Cotinaud, Mazade et Tricaud – de l’organe bilingue français-italien L’International anarchiste (Marseille, au moins 4 numéros du 16 octobre au 6 novembre 1886) dont le gérant était Léonce Cotinaud. Jusqu’en 1888, il fut considéré comme un des principaux meneurs.

En 1889 il perdit son jeune fils et c’est alors qu’il rejoignit momentanément les guesdistes. Il adhéra à l’union socialiste révolutionnaire (USR) et combattit les possibilistes de La Voix du peuple. Il fut même candidat de l’USR aux élections cantonales de 1889 à Salon, sans succès, puis, la même année, aux élections législatives dans la 3e circonscription (la plus bourgeoise) de Marseille où il obtint près de 500 voix. Par la suite il fut élu président de la chambre syndicale des portefaix et délégué au congrès international de Paris.

En 1892 il fut élu conseiller municipal sur la liste Flaissières, nommé administrateur des hospices civils et devint le gérant du journal socialiste révolutionnaire Le Citoyen. L’année suivante il écrivit une série d’articles dans Le Petit Provençal, puis en 1894 collabora au journal Le Peuple. Cependant il convient de signaler qu’il avait été arrêté le 10 décembre 1893 sur la Canebière alors qu’il exprimait à haute voix la satisfaction qu’il éprouvait à l’annonce de l’attentat du palais Bourbon ; il fut relâché peu après.

En 1895 Tressaud fut élu conseiller général du canton de Roquevaire où, après plusieurs échecs électoraux (1897, 1898, 1901) il sera réélu en 1907.

On retrouve Tressaud dans diverses réunions socialistes tenues à Marseille et également sa participation aux meetings organisés en septembre et octobre 1902 par les anarchistes à la Bourse du travail en faveur de la grève générale. Il prit également la parole dans des réunions de la Libre pensée, notamment le 25 janvier 1903 au cours de laquelle il chanta la chanson Le libertaire. En 1905 il était membre de la Fédération socialiste autonome des Bouches-du-Rhône.

Un rapport de police de 1910 le disait tenancier de bar et vivant surtout du métier « de preneur de paris aux courses ». Il fut du reste surpris en flagrant délit « faisant le bookmaker » et condamné à 500fr. d’amende et à 5 ans d’interdiction des droits civiques par arrêt de la Cour d’appel d’Aix le 31 janvier 1912. Il fut alors déchu de son mandat de conseiller du canton de Roquevaire. On le retrouve une dernière fois candidat en 1920 aux élections sénatoriales où il n’obtint que 9 voix.


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