Dictionnaire international des militants anarchistes
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FERANDEL, Séverin
Né à Barcelonnette (Basses-Alpes) le 29 avril 1896 - mort en 1978 -Interprète - UA - UAC – UACR - CGT – CGTU - Alès (Gard) - Béziers (Hérault) – Paris 20 - Mexico
Article mis en ligne le 12 mai 2007
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.
Severin Férandel

Séverin Férandel était fils de Louis Célestin, mécanicien cycliste né à Autrecourt (Meuse) et de Marie Rosalie Grac. Il avait commencé à militer très jeune dans la région d’Alès (Gard) où il participait aux tournées de conférences du mineur Émile Soustelle auprès des travailleurs espagnols des centres miniers.

Le 3 septembre 1918, il avait été condamné à Marseille à 15 jours de prison "pour transport frauduleux de tabac".

Au début des années 1920 il collaborait au journal Le Fouet (Montpellier, une douzaine de numéros du 17 décembre 1921 à juin 1922) fondé par Vaillant et qui aurait cessé de paraître après l’arrestation de ses principaux collaborateurs lors d’une manifestation contre la guerre à Béziers.
Il était marié à Marie Chambert (née le 20 juillet 1892 à Sète) dont il s’était séparé au but de plusieurs années.

Le 1er mai 1922, il avait été l’orateur du groupe libertaire de Béziers où il avait fait l’historique du 1er mai et prit la défense d’Émile Cottin(voir ce nom). Il contribua sans doute à cette époque à la publication par le groupe de Béziers et le CDS de la brochure de R. Magrovejo "Les crimes d’un régime : les martyrs d’Espagne", illustrée de nombreuses photos (Archs, Vandellos, Boal, Villanueva, Gomar…), dont les tirés à part étaient vendues au profit des prisonniers politiques en Espagne. Il demeurait alors 16 rue Alexandre Cabanel, était déjà victime de "boycott patronal" et était fiché par la police comme "secrétaire du groupe communiste de Béziers et comme antimilittariste" ce qui lui avait valut d’être inscrit dès le 3 au Carnet B de l’Hérault.
A cette même époque, et suite à une manifestation contre la guerre où avaient eu lieu des affrontements avec la police, il avait été poursuivi et condamné par défaut) 3 mois de prison. A ce même procès avaient également été condamnés : De Winter et Lazare (1 mois), Marie Jeanne Lazare (6 jours), Van Ouck, qui était belge (12 jours), Maie Ferraullat ou Farreauliat (6 jours).

Grand gaillard au langage savoureux qui sentait bon son Midi”, ainsi l’a présenté Louis Lecoin dans son livre Le Cours d’une vie. C’était un militant sérieux, un bon orateur, parlant couramment l’anglais, l’allemand et l’espagnol ; il avait été interprète dans une agence de voyages avant de venir à Paris fin octobre 1922 pour y suivre les cours de l’École du propagandiste dirigée par A. Colomer sous le contrôle de l’Union anarchiste. Il demeurait alors 25 rue Morand (XIè arr.)

Il avait assisté au congrès de Saint-Étienne du 25 juin 1922 qui vit la naissance de la CGTU. Il collabora également à cette époque à Terre libre (Marseille, 1922, 10 numéros), l’organe de la Fédération anarchiste du sud dont l’administrateur était André Viaud. Dans le n°7 (30 septembre), il publia un appel à l’organisation d’un congrès de réorganisation de la Fédération et à la constitution d’une Fédération anarchiste du Midi, Alpes et Océan (fusion de la Fédération du sud-est et du sud-ouest). Fin septembre 1922, il devait être le conférencier d’une tournée de propagande dans les centres miniers du Gard, intitulée L’anarchie, sa philosophie, son idéal, organisée à l’initiative d’E. Soustelle et du groupe de Béziers.

De novembre 1922 à février 1923, il avait vécu, 25 rue Morand, avec Germaine Linthaut avant de rencontrer Berthe Fabert.

Anarchiste militant, il intervint comme délégué du groupe de Béziers au IIIe congrès de l’Union anarchiste qui eut lieu à la Maison du peuple de Levallois les 2-4 décembre 1922 (voir Haussard) où il avait été nommé secrétaire adjoint de l’UA et délégué de la Fédération Sud au Comité d’initiative, au IVe qui se tint à Paris les 12 et 13 août 1923 où il présenta le rapport au nom du Libertaire quotidien, et où il fut nommé avec P. Lentente, administrateur délégué du journal à la place de Soustelle. Au conseil d’administration du journal tous deux étaient assistés par Lucien Petit, Anseaume, Ebran, Joseph Roul, Haussard, Mayard, S. Faure, Lentente, Beylie, Léon Louis, Guérineau et Koebel.
Le comité de rédaction du quotidien comprenait alors A. Colomer, Jean Galy, Lucie Leauté, L. Lecoin, P. Mualdés, G. Bastien et André Letourneur.
A l’automne 1923 il avait été remplacé à l’administration du journal par Georges Vidal.

Début 1923 il était membre avec Soustelle du groupe anarchiste du XXème arrodissemet qui se réuniissait 44 boulevard de Ménilmotant et qui comptait une trentaine de membres. En janvier, avec Soustelle, il avait été délégué à la réunion du Cartel du XXè arr. où ils avaiet été convoqués par la 20e section de l’Association républicaine des ancienqs combattants et où étaiet représentés le Parti communiste et le Parti socialiste. Le groupe anarchiste, lors d’une réunion le 20 janvier, avait décidé de renvoyer Férandel - qui s’était montré hostile "à toute collaboration avec ces groupements" - et un autre délégué à la prochaine réunion du Cartel avec pour madat de "combattre toute proposition tendant à lier l’action des groupements et de n’accepter d’aller dans les meetings et manifestations orgaisées par le Parti communiste qu’à la seule condition que les anarchistes conserveront leur liberté d’action." Par la suite, en juin 1923, l’UA démissionna du Comité d’action contre l’impérialisme et la guerre.

Le 9 février 1923 il avait été inscrit au Carnet B de la Seine. A cette même époque il fut l’orateur de plusieurs meetings "Pour l’amanistie" tnues das le sud de la France (Narbonne, Nîmes...).

Il était également membre du Comité d’iniative de l’UA avec entre autres Colomer, Soustelle, Delecourt, Bucco, Morin, Mualdes, Dremière, Lucien Petit, Lentengre, Doucet, Haussard, Odéon et Morinière.

En février 1923, il avait fait avec Content une tournée de propagande dans le sud de la France (La Grand-Combe, Alés, Montpellier, Béziers, Nîmes, Narbonne, Coursan… etc). Il participa en février au congrès régional de la Fédération sud tenu à Marseille ey où, avec Soustelle, il démissionna de son poste de représentant de la Fédération du sud au Comité d’initiative de l’UA.

En août 1923 il quitta son logement rue des Panoyaux pour aller loger en garni 10 rue des Vertus avec sa compagne la repasseuse Berthe Fabert (voir ce nom). Puis fin septembre il déménageait au 14 rue du Repos dans un logement qui lui avait été cédé par le compagnon Etienne Morin.

Le 24 novembre 1923 il avait été condamné par défaut par le Tribunal orrectionnel de Lille à 1 an de prison et 100 francs d’amende pour "apologie du crime de Cottin" lors d’une réunion à Roubaix le 1er mai précédent.

En 1924, il devint le responsable des Œuvres internationales des éditions anarchistes fondées en mai par des militants de diverses nationalités dont Ugo Fedeli, V. Gozzoli A. Darcola (Italie), L. Olmedo et J. Bueno (Espagne), Y. Walecki (Pologne), Iacif (Bulgarie), Shoulim (mouvement juif), Sacha Piotr (Russie) et Sébastien Faure. Il était à la même époque le gérant de la revue trilingue (français, espagnol, italien) La Revue Internationale Anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 novembre 1924 au 15 juin 1925). En 1925 il remplaça A. Colomer à la gérance des derniers numéros de La Revue anarchiste (Paris, 35 numéros de janvier 1922 au 10 août 1925) avec laquelle La Revue Internationale Anarchiste venait de fusionner. Il collabora également à l’hebdomadaire L’Insurgé (Paris, 1925-1926) d’André Colomer.

En janvier 1924 il avait souscrit à la gérance de l’organe espagnol Liberion poste qui fut occupé par Jules Guérin avant l’interdiction du titre par les autorités (mai 1924). Jusqu’au 25 mai 1924 il fut le délégué appointé du Libertaire et de La Revue anarchiste où il fut alors remplacé par Reimeringer.
A cette même époque il était avec Berthe Fabert chargé de "la corrspondance et des fonds du Comité étranger de secours aux anarchistes persécutés en Bulgarie".

A l’été 1924 il était le responsable de la collecte en faveur de l’insoumis Henri Faure, ouverte par le Bureau International anti-militariste.
Le 7 août 1924, il s’était fait enregistré au Tribunal de commerce (n°51-434) comme exploitant et proprétaire de La Librairie internaionale installée d’abord 14 rue Petit, puis transférée en novembre 1925 dans un ancien atelie de forgeron, 72-74 rue des Prairies, que Ferandel avait fzait aménager en boutique "ayant facade sur rue et sur cour".

Les 17 et 22 décembre 1924, seize colis qui lui avaient été envoyés de Barcelone avaient été ouverts oar le service de la Douane de Paris-Bercy et soumis "à l’examen du contrôle de la librairie étrangère (2e Bureau de la Sureté générale) " qui y avait découvert plusieurs exemplaires des brochures El Aborto (l(avortemet) et Entre campesinos (Entre paysans de Malatesta) dont le renvoi au destinataire avait été ordonné "pour le caractère anti-conceptionnel" de la première et "caractère de propagande communiste" de la seconde. Deux autres colis expédiés début mars 1925 furent soumis au même contrôle.

Il servit de boite aux lettres à Dielo Trouda (1925-1930) l’organe du groupe anarchiste russe et polonais fondé notamment par N. Makhno et P. Archinov.

En 1926 il fut également l’un des responsables du Comité anarchiste de défense de Sacco et Vanzetti.

Puis il devint, avec son amie Berthe Fabert, gestionnaire de la Librairie sociale internationale, sise 72 rue des Prairies, résultant de la fusion à la fin 1926 de la Librairie sociale de la rue Louis Blanc et de celle l’œuvre internationale des Éditions anarchistes. Les 12-14 juillet 1926 il avait été le délégué des Éditions internationales au congrès de l’UA tenu à Orléans ; la Librairie a publié en 1926-1927, sous le titre Publication mensuelle de la Librairie sociale internationale au moins douze brochures signées par entre autres G. Thonar, Sébastien Faure, Kropotkine, Mauricius et Laisant. La Librairie était dirigée par un conseil d’administration de 8 membres dont 4 de l’UAC (Lecoin, Lentengre, Mueldés et Bifolchi).

A l’automne 1927, au nom du Comité Sacco-Vanzetti, il avait fait une tournée dans le sud (Lyon, Toulouse....) Il avait alors été remplacé à la gérance de la Libriairie par sa compagne Berthe Fabert aisée par la jeune soeur d’Ascaso qui avait été expulsé de France.
Il dut ensuite abandonner ses fonctions à la Librairie en 1927 pour des raisons personnelles et il fut remplacé par Nicolas Faucier, gérant de la Librairie sociale qui dépendait alors de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR).

Lors du congrès de l’Union anarchiste (UA) qui eut lieu à Orléans, 12-14 juillet 1926, il fut élu membre de la commission d’initiative de la nouvelle organisation renommée Union anarchiste communiste (UAC). Il collaborait au Libertaire, notamment à la rubrique internationale "A travers le monde".

À l’issue du congrès à Paris, 30 octobre-1er novembre 1927, qui fut un congrès de scission du fait du départ de ceux qui, avec Sébastien Faure, refusant d’appartenir à une organisation qu’ils assimilaient à un parti formèrent l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA), Férandel fut nommé responsable avec P. Odéon de la Fédération du Midi et secrétaire, ainsi que Chazoff, de l’UAC devenue UACR. Il fut, avec ce dernier et Bastien, un défenseur ardent de la nouvelle organisation, laquelle se dotera de statuts qui en feront une formation avec cartes et cotisations. Au moment de la scission, il fut avec notamment Kleber Nadaud, Lucien Desnot, Louis Louvet et Simone Willissek, l’un des animateurs du Groupe anarchiste autonome de Paris, regroupant une quinzaine d’anciens membres du groupe du XXe arrondissement et qui se réunissait au café du Faisan Doré, 28 rue de Belleville. Avec Chazoff et Mualdès il était également membre du comité de rédaction du Libertaire.

Séverin Férandel fut également le gérant de plusieurs titres de journaux édités par les compagnons italiens exilés en France dont : Bolletino del Comitato internazionale di difesa anarchica (Paris, 5 numéros de juillet à décembre 1927, et dont existaient également une édition française et une édition espagnole), La Lotta umana (Paris, d’octobre 1927 à avril 1929) bimensuel de l’Union Anarchiste Italienne (UAI) et dont le directeur était Luiggi Fabbri, Primo Maggio (Paris, numéro unique du 1er mai 1928). Il fut également, outre Le Libertaire un collaborateur de l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure ainsi que des journaux Le Semeur contre tous les tyrans (Falaise) et Terre libre (Nîmes).

Férandel fut le trésorier, Lecoin en étant le secrétaire, du Comité International de Défense Anarchiste (CIDA) constitué en 1926 en faveur des anarchistes espagnols Ascaso, Durruti et Jover emprisonnés en France pour "complot contre le roi d’Espagne" et dont l’Argentine demandait l’extradition. Près de 200 militants anarchistes espagnols réfugiés en France étaient alors l’objet de menaces d’expulsions pour les mêmes raisons. Les organisations suivantes avaient adhéré au CIDA : l’Union Anarchiste Communiste française, la Fédération Communiste Anarchiste espagnole, les sections communistes anarchistes russe, polonaise, bulgare et italienne, le Comité de secours russe et le Comité en faveur de Castagna et Bonomini. Le CIDA participa également de manière très active à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. “J’eus en lui un précieux collaborateur”, a dit Louis Lecoin, “Il ne pensait jamais à me freiner ; il m’eût, au contraire, poussé à prendre plus d’initiatives. Quand nous aurons mené jusqu’au bout notre double action, seulement alors Férandel rompra notre attelage et s’en ira au Mexique (in Le Cours d’une vie, op. cit.). En novembre 1927 le CIDA avait également publié la brochure “Comme au temps des Tsars : l’exil et la prison, parfois la mort contre les meilleurs révolutionnaires” (46p.) consacrée à la répression en URSS, donnant une liste des prisons et des camps et citant les cas particuliers de 37 militants et militantes déportés en Union soviétique.
Il avait également adhéré dès sa fondation début 1928 au groupe des Amis du Libertaire dont Faucier était le secrétaire.

Férandel, qui en février 1928 avait donné sa démission de secrétaire de l’UAC et du Comité international de défense anarchiste, partit pour le Mexique en 1929, où il adhéra au syndicat de la chaussure et ouvrit à Mexico une fabrique d’espadrilles.
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Trois ans plus tard, pour avoir publié un journal anarchiste et après avoir échappé de peu à l’expulsion "bien que marié à une mexicaine et père d’un enfant" - l’arrêté d’expulsion avait été rapporté motennant la somme de 2000 pesetas -, il dut cesser son activité militante ; il la reprit au moment de la guerre civile espagnole (au printemps 1938 il fit un séjour en France) et, plus tard, après l’invasion de la France par les Allemands ; il travailla pendant la guerre à la France Libre ainsi qu’à d’autres mouvements similaires, époque à laquelle il éditait le journal anti nazi Libertad (Mexico). Après guerre il continua de suivre attentivement l’évolution du mouvement libertaire et entretint une correspondance suivie avec de nombreux compagnons.

Marié le 9 mars 1918 à Cette (Hérault), il eut un enfant de cette première union, Gisèle Férandel, née à Sète en 1918 et décédée en août 2011. Il se remaria à Mexico le 4 février 1931 avec une Mexicaine dont il eut deux enfants. Séverin Férandel est décédé au Mexique en 1978.


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