Dictionnaire international des militants anarchistes
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GODORESKY, Bernard [GORODESKY]
Né à Paris XVIII le 10 mai 1886 - Tailleur ; Typographe - Paris
Article mis en ligne le 5 septembre 2007
dernière modification le 9 septembre 2023

par Anne Steiner, R.D.
Bernard Godoresky

Bernard Godoresky - plus souvent appelé Gorodesky, parfois Godorowky, dans la presse de l’époque - avait vécu jusqu’en 1904 Boulevard de la Chapelle, chez ses parents, des brocanteurs et marchands de meuble d’origine étrangère.

Anarchiste individualiste et ouvrier tailleur, il vécut ensuite de 1906 à 1908 avec sa compagne Antoinette Joubert, au siège de L’Anarchie, rue du Chevalier de la Barre où il y travaillait comme typographe. Il collaborait alors à L’Anarchie sous la signature Bernard. Il était insoumis au service militaire. Puis de 1909 à 1911 il travailla comme typographe chez l’imprimeur Victor Guillaume (rue de la Chapelle), puis à l’Imprimerie Jourdan (rue de la Goutte d’Or) avec Léon Bouchet, le gérant de L’Idée libre fondée par Lorulot.

Pendant l’affaire de la bande à Bonnoi, il fut suspecté par la police d’avoir hébergé plusieurs membres de la bande dont Octave Garnier, René Valet, Anne Dondon et Lacombe et d’avoir servi de boite à lettres. Suite à l’arrestation en mars 1912 de Bellonie et Rodriguez il fut dénoncé par ces derniers comme complice et un mandat d’arrêt fut délivré contre lui le 4 avril 1913. Il prit alors la fuite avec sa compagne. Ses parents et ses frères et sœurs furent alors placés sous surveillance pendant plus de deux ans. Sa mère recevant régulièrement des lettres du Maroc, un avis de recherche fut envoyé à Fez.

Lors du procès, le 10 novembre 1913, Godoresky fut condamné par contumace à 10 ans de réclusion. Dans une lettre datée du 13 février 1913, adressée au présidant de la Cour d’Assises et et lue devant la Cour d’assises, il avait écrit : "…Je me décide à vous écrire parce que je vois que des témoins persistent à accuser Dieudonné d’être l’auteur de l’agression de la rue Ordener et que j’ai la certitude absolue de son innocence.
Je suis accusé d’avoir recueilli Garnier et Bonnot chez moi. Ils vinrent dans des conditions telles que je ne crus pas devoir leur refuser ma porte… Par les conversations que j’ai entendu tenir par Garnier et Bonnot, et par celles que j’ai eu avec eux, j’ai acquis la conviction que ce n’est pas Dieudonné qui a blessé M. Caby. Ils n’avaient aucune raison d’altérer la vérité et de s’accuser eux mêmes devant moi alors qu’ils étaient encore en liberté et qu’aucune preuve formelle n’existait contre eux.
Et toujours en des conversations successives et répétées, je les ai entendu dire que c’était Garnier qui avait tiré sur l’encaisseur et que Dieudonné était étranger à cet attentat.
Cela je suis prêt à le jurer… Ma conduite passée répond de moi. Je n’ai jamais cessé de travailler de mon métier de typographe et ai toujours plutôt bien gagné ma vie. Mes anciens patrons et contremaîtres pourraient en témoigner. On ne peut me reprocher aucune pensée intéressée dans l’affaire, mais seulement d’avoir accompli un acte que je n’ai pas à regretter (quoique ma vie ait été parfois bien pénible depuis) étant donné que je me suis borné à accorder l’hospitalité à Bonot et Garnier, à la condition expresse qu’ils ne commettraient aucun attentat tant qu’ils seraient sous mon toit.
Je ne connais pas Dieudonné, mais sa condamnation serait le résultat d’une erreur effroyable.
Si vous le jugez nécessaire, je me constituerai prisonnier pour venir répéter devant la Cour d’assises ce que je vous écris, ne pouvant supporter l’idée de l’erreur terrible qui pourrait se produire…"

En 1923 il figurait toujours sur une liste d’anarchistes disparus du département de la Seine.


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