Dictionnaire international des militants anarchistes
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MICHAUD, Pierre, François
Né le 27 avril 1851 à Toulon sur Arroux (Saône-et-Loire) - mort le 25 jullet 1887 - Boucher ; marchand de quatre saisons ; coquetier - Le Creusot (Saône-et-Loire)
Article mis en ligne le 13 novembre 2013
dernière modification le 17 mars 2024

par Dominique Petit, ps

Vers 1856, Pierre Michaud déménageait avec sa famille à Montcenis (Saône-et-Loire), puis au Creusot (Saône-et-Loire), rue de l’église. Il fut réformé le 10 janvier 1874.

Pierre Michaud était au début des années 1880 membre du groupe Les Criminels du Creusot ainsi que de la chambre syndicale.
Le 27 janvier 1881, Virginie Barbet vint au Creusot faire une conférence. A cette occasion Michaud vendit des brochures imprimées à Genève traitant de la question de la religion et de la libre pensée.

Le 26 février 1882, Michaud aurait fait paraître dans le Droit social (Lyon), une note au nom du Groupe révolutionnaire du Creusot, saluant la création de ce journal qui, le 5 mars 1882, annonçait que Michaud, 7 rue de l’Église, était son dépositaire.
Le 14 mai, Michaud faisait paraître dans le Droit social un entrefilet indiquant que la correspondance de la Jeunesse creusotine, devait lui être adressée. Le Droit social du 21 mai 1882, annonçait que la correspondance pour le cercle de la Fraternité devait être adressée à Michaud.
Le 11 juin 1882, il publia toujours dans le Droit social, le communiqué suivant :
Devant les poursuites dont le Droit social est l’objet de la part de cette caste pourrie et corrompue qu’on appelle bourgeoisie, et reconnaissant, d’autre part que cet organe est en outre poursuivi pour une de ses lettres, le Cercle d’étude sociale de la jeunesse révolutionnaire du Creusot, Les Criminels, anciennement la Fraternité, se déclare solidaire de ladite condamnation.
En conséquence, nous ouvrons une souscription permanente en faveur du Droit social.
Le secrétaire-Correspondant du Cercle Les Criminels
M.P.

Puis le 18 juin 1882 le Droit social publia la Déclaration de principe du Cercle des Criminels :
Oh ! oui, tous ceux qui ont voulu lutter contre un ordre contraire à l’égalité et au bien-être du genre humain, ont toujours été, à la face des autoritaires, des despotes, nobles ou bourgeois, que des criminels. Les Hébertistes et les Babouvistes étaient, eux aussi, les criminels de la Révolution de 89 étaient des criminels, les canuts de la Croix-Rousse en 1831, qui avaient inscrit sur leur drapeau noir : « Vivre en travaillant, ou mourir en combattant ! »
Etaient des criminels aussi les insurgés de Juin 48, lorsqu’ils crurent rétablir la vraie République, sous la direction des Ledru-Rollin et autres bourgeois de tout acabit, qui s’empressaient de les faire massacrer par l’illustre Cavaignac, après trois mois de misère passés au service de ces
mêmes hommes.
Enfin, lorsque les révolutionnaires de 1871 voulurent opposer malheureusement le gouvernement de la Commune à celui de Versailles, l’illustre Foutriquet, de sinistre mémoire, que l’on peut appeler aussi, l’assassin de 100, 000 français osa, après ces égorgements, les traiter aussi de criminels.
Mais vous, messieurs les bourgeois et autoritaires de toutes nuances, vous n’êtes pas des criminels, car vous êtes on vous voulez être les détenteurs de la richesse sociale, et par cela même vous voulez maintenir cet ordre, moral.
Quant a nous, qui travaillons à vous déposséder pour que cette richesse appartienne à tous, nous ne cesserons d’être et ne serons toujours à vos yeux que de vils criminels. Et en attendant que nos actes justifient nos paroles, nous jetons ce cri qui sera bientôt celui de tous les êtres opprimé : Mort aux exploiteurs !
"

Michaud était en correspondance avec Grave et Gautier des groupes anarchistes de Paris, avec Herzig, secrétaire du Révolté de Genève afin de leur commander des brochures qu’il distribuait aux mineurs du Creusot. Il correspondait également avec la Fédération révolutionnaire de Lyon. Lors de la perquisition à son domicile, une lettre à Bordat fut découverte, demandant des brochures à l’Etendard révolutionnaire et recommandant le compagnon Delmas, lui-même recommandé par le groupe anarchiste de Villefranche.

Michaud avait reçu du journal La Révolution sociale des Manifestes adressés aux Révolutionnaires des deux mondes et une liste de souscription pour le congrès de Londres. Mais Michaud ne put réunir l’argent pour y envoyer un délégué.

Il vendait le Droit Social et L’Etendard Révolutionnaire aux ouvriers de l’usine Schneider et en écoulait une vingtaine d’exemplaires par numéro, selon le commissaire de police du Creusot.

Le 14 octobre 1882, Michaud reçut un ballot de journaux, pesant 4 kgs, provenant de Paris. Le 24 octobre suivant, le juge d’instruction d’Autun délivra un mandat d’amener à l’encontre de Michaud, “inculpé de complicité de destruction d’édifices appartenant à autrui, société secrète, complots ayant pour but d’exciter à la guerre civile, menaces de mort sous condition”. Le même jour, le commissaire de police du Creusot se présenta chez lui et saisit des brochures et placards anarchistes dont Dieu et l’État de Michel Bakounine, Aux jeunes gens de Pierre Kropotkine, deux placards Mort aux voleurs qui avaient été collés en juin sur les murs et aux abords de l’usine Schneider, une correspondance suivie avec Bordat, les anarchistes de Genève et de Paris et une lime effilée à la meule avec un étui, pouvant se porter à la ceinture.
Le lendemain, le commissaire saisissait un paquet de brochure L’esprit de révolte, imprimées à Genève, d’un poids de 2, 225 kgs et livré à son adresse. Le même jour, Michaud, accompagné de deux gendarmes, prit le train de midi, pour être mis à la disposition du procureur de la république et fut incarcéré à la maison d’arrêt d’Autun.

Suite aux violentes manifestations d’août 1882 à Montceau-les-Mines et les attentats perpétrés à Lyon en octobre 1882, il fut arrêté en novembre avec de nombreux autres militants de la fédération révolutionnaire de l’est et fut impliqué dans le procès dit des 66 qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883.

Lors de ce procès où les prévenus avaient été classés en deux catégories (voir Toussaint Bordat), Michaud, prévenu de la première catégorie, fut condamné le 19 janvier 1883 à 2 ans de prison, 500 fr d’amende, 10 ans de surveillance et 5 ans de privation des droits civils. Michaud fut signataire de la Déclaration des anarchistes accusés devant le tribunal correctionnel de Lyon. En appel le 13 mars 1883, la peine fut réduite à un an de prison, 100 fr d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civils.

Fin 1884, fiché comme un des anarchistes du Creusot, il demeurait avec son père, 17 rue de l’Église, et était avec lui revendeur de légumes notamment pour les soldats du bataillon stationné dans la ville ce qui lui "donnait accès à la caserne". Il fut suspecté d’avoir introduit à la caserne en février 1885 des placards anarchistes distribués aux soldats du bataillon qui y était stationné.

Le 1er février 1885, avec Bonnaud, Cottin (du Creusot), Vittaney (?) et Bernard, il avait animé une réunion d’ouvriers sans travail à la Mouillelonge, commune de Torcy, qui avait réuni environ 120 personnes. Selon la police, cette réunion appelée par "un groupe d’ouvriers sans trvail", avait sans doute été organisée à l’instigation de l’aubergiste Angelin et du garde barrière Pelletier de Torcy. Il était à cette époque membre avec son frère du groupe Les Persécutés animé animé par Cottin. Il était également le correspondant et le diffuseur du journal L’Egalitaire (Genève) dont ul recevait une vingtaine d’exemplaires.

Fin juillet 1885, la police signalait son départ du Creusot pour Villefranche et sans soute ensuite pour Bordeaux.

Malade, Michaud mourut le 25 juillet 1887, à 36 ans.
La police donna une mauvaise information sur l’heure des obsèques pour éviter un trop grand rassemblement.


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