Dictionnaire international des militants anarchistes
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DAVID, Edouard
AIT – Paris - New York & Houston (Texas)
Article mis en ligne le 24 octobre 2013
dernière modification le 7 septembre 2023

par Michel Cordillot, ps

Édouard David émigra aux États-Unis au lendemain de la Commune de Paris, à laquelle il avait participé d’une manière indéterminée. (Pourrait-il se confondre avec Édouard David, né le 20 août 1851 à Nantes (Loire-Inférieur), pâtissier, célibataire, garde au 144e fédéré, qui fut arrêté le 28 mai, incarcéré à Rochefort et libéré sur non-lieu le 5 octobre ? cf. Louis Bretonnière, Roger Pérennès, L’Internement des prévenus de la Commune à Rochefort, Nantes, 1995.)

Membre de la section n°2 de l’AIT, il habitait fin 1871 à New York, 22, South 5th Avenue. Il commença à collaborer au Socialiste (New York, 7 octobre 1871-11 mai 1873) en janvier 1872 dans le sillage de Dereure. Il fut d’ailleurs l’un des principaux artisans de la pénétration du blanquisme dans les sections françaises de l’AIT à New York. Il assista au congrès convoqué par la tendance « centraliste » emmenée par Sorge du 6 au 8 juillet 1872, y représentant la section 2 avec Dagbert. Élu membre du conseil fédéral, il se rendit à La Haye pour assister au congrès de l’AIT qui déboucha sur la scission. Il y fut même élu membre du Conseil général, mais dès son retour il fit connaître sa décision de ne pas y siéger (Le Socialiste, 6 octobre 1872). Accusé de trahison par les militants français proches des « autonomistes » de Spring Street, il fut défendu par A. Sauva, qui précisa dans un document rendu public les circonstances dans lesquelles il avait été désigné pour faire partie du nouveau Conseil général (Le Socialiste, 27 octobre 1872).

Il joua au cours des années suivantes un rôle important dans le mouvement social francophone. Rédacteur-administrateur du Socialiste, il fit également partie de la commission new-yorkaise chargée d’organiser la souscription en faveur des veuves et des orphelins des combattants de la Commune. Fin 1872, il fut l’un des artisans de la transformation de la section 2 en Groupe révolutionnaire socialiste international (GRSI) de tendance blanquiste marquée. Membre du bureau, il y occupait la fonction de bibliothécaire archiviste et fut l’un des organisateurs de la commémoration de l’anniversaire du 18 mars en 1873. L’année suivante, il figura parmi les collaborateurs de l’éphémère Revue sociale lancée par les blanquistes. Puis durant quelques années, on n’entendit plus parler de lui.

En décembre 1880, É. David se manifesta de nouveau en se prononçant en faveur de la vieille Icarie, et en brocardant l’individualisme des dissidents de la « jeune Icarie », lesquels se réclamaient d’une forme de « communisme libertaire ». À la même date, David occupait à New York la fonction de secrétaire de la Société communiste révolutionnaire ou Société des réfugiés de la Commune (Voir L’Observateur - feuille communiste non-séparatiste, Corning, n°4, décembre 1880, supplément).

À partir de ce moment, David commença à se rapprocher des anarchistes-révolutionnaires de l’IWPA, sans jamais renier pourtant ses idées blanquistes - en 1885, lors du lancement de La Torpille, il se félicitait de « la persévérance de l’élément socialiste allemand, grâce auquel l’Internationale compte aujourd’hui 107 groupes aux États-Unis. ». Il était aussi en contact avec les Icariens (il donna un article dans le numéro de la Revue icarienne en date de mars 1883). En juin 1886, il prit publiquement à partie la « jeune Icarie » (« soi-disant communiste et libertaire »).

Mettant à profit son expérience journalistique, il joua un rôle prépondérant dans la relance de la presse révolutionnaire francophone à partir de 1885. En novembre de cette année-là il lança l’hebdomadaire La Torpille fondé avec notamment les réfugiés de la Commune Jules Joffrin, Dardelle et Delahaye. Ce journal, qui fut au début l’organe de la Société communiste de New York, était alors édité à Newfoundland en Pennsylvanie (où il semblerait que E. David se soit reconverti dans l’agriculture, cf La Torpille, juin-juillet 1886). Ce journal fut publié jusqu’en mars 1887, puis disparut. Cette même année, É. David fut l’un des deux principaux orateurs (avec Lucy Parsons) de la commémoration de la Commune à New York.

Non découragé par l’échec de La Torpille, É. David lança l’année suivante le Réveil des masses (New York, janvier 1888- juin 1890, au moins 13 numéros) qui témoignait d’une évolution toujours plus prononcée vers l’anarchisme. Ce titre parut jusqu’en juin 1890 ; à cette date, David, qui avait connu au cours de l’année précédente de sérieux ennuis de santé, était de retour à New York ; membre du groupe anarchiste français de cette ville, É. David en accueillait les réunions chez lui, 27 South 5th ave.

En 1891, il lança un dernier titre, La Crise sociale (New York, 10 janvier au 25 février), qui n’eut que trois numéros.

En octobre ou novembre 1891, alors qu’il se trouvait à Newfoundland avec sa femme et ses enfants, il fut victime d’une agression : un voisin lui tira une décharge de plombs en plein visage, ce qui le laissa définitivement aveugle.
En 1892, il partit avec sa famille s’installer dans le Sud, à Houston, Texas.

Plusieurs articles publiés dans les journaux anarchistes francophones montrent à quel point il fut choqué par le racisme ambiant, particulièrement celui qui frappait les travailleurs noirs (Voir L’Ami des ouvriers, 15 mai 1896 et la Tribune libre, 24 sept 1896).

Sa trace se perd ensuite définitivement.

Michel Cordillot


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