Dictionnaire international des militants anarchistes
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SOUDY, André “BONVALLET”
Né le 23 mars 1892 (ou en février 1889 ?) à Beaugency (Loiret) - guillotiné à Paris le 21 avril 1913 - Garçon épicier – CGT – Paris
Article mis en ligne le 4 octobre 2013
dernière modification le 26 octobre 2023

par ps
André Soudy

André Soudy, dont les parents propriétaires d’un petit hôtel avaient fait faillite, avait dû commencer à travailler dès l’âge de 11 ans comme garçon épicier.

« Il incarnait à la perfection l’enfance piétinée des impasses. Grandi sur le pavé, tuberculeux à treize ans, vérolé à dix-huit, condamné à vingt (vol de bicyclette), je lui avais porté des livres et des oranges à l’hôpital Tenon. Blême, le profil aigu, l’accent faubourien, l’œil gris et doux, il disait : " J’suis un pas d’chance, rien à faire " et gagnait sa vie dans les épiceries de la rue Mouffetard » (cf. Victor Serge, Mémoires d’un Révolutionnaire 1901-1941, Paris, 1951).

En 1908 il avait gagné Paris où il tomba dans une grande instabilité professionnelle et résidentielle. Il était alors syndiqué et attaqua aux prud’hommes un de ses patrons pour « licenciement abusif ». Il partageait alors des chambres d’hôtel avec le compagnon Colombo avec lequel il pratiquait le vol à l’étalage et vendait pour survivre des cartes postales sur le pont Alexandre. Fin 1910 il dut faire des séjours dans des sanatoriums de l’Oise et à l’hôpital Saint-Louis. Entre 1909 et 1911 il fut condamné trois fois pour outrages aux agents et une fois pour complicité de vol à huit mois de prison et cinq ans d’interdiction. De santé délicate, il sortit de prison phtisique et révolté. Il fréquenta le siège du journal L’anarchie rue Fessart et les illégalistes de la bande à Bonnot.

Interdit de séjour dans le département de la Seine depuis août 1912, il utilisa alors de faux papiers au nom de Bonvallet.

Arrêté sur dénonciation chez le compagnon Baraille à Berck-sur-Mer, le 30 mars 1912, il fut accusé d’avoir participé au hold-up de Chantilly et, lors du procès contre 22 membres de la bande, condamné le 28 février 1913, par la cour d’assises de la Seine, à la peine de mort comme Callemin, Dieudonné et Monier. À son procès, Soudy — contre toute évidence — nia avoir pris part aux attentats qu’on lui reprochait : « Je ne suis pas un bandit […] je suis innocent » (Gazette des Tribunaux, 27 février).

André Soudy a été guillotiné, avec Callemin et Monier, le 21 avril 1913. Il alla à l’échafaud « simplement, sans vaine bravade », se bornant à dire : « Oh ! qu’il fait froid ! » (cf. E. Michon, Un peu de l’âme des bandits).


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