Dictionnaire international des militants anarchistes
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REGAD, Jean-Baptiste, Léon “{L’ANARCHISTE" ; "COLONEL" ; "VITTERVILLE}”
Né à Montpellier le 13 septembre 1860 - Mécanicien ; dessinateur - Saint-Claude (Jura) – Nîmes (Gard) - Marne
Article mis en ligne le 20 août 2013
dernière modification le 20 avril 2024

par Dominique Petit, ps
Jean Baptste Regad (1902)

En 1880, Jean-Baptiste Regad, qui était alors étudiant, tira au sort à Saint-Claude, son lieu de résidence. Le conseil de révision le dispensa de service militaire mais il s’engagea volontairement dans le 4e d’artillerie où il fut incorporé le 2 octobre 1880. Il manqua à l’appel du 26 avril 1881 et fut déclaré déserteur. Rentré volontairement le 24 juin, une ordonnance de non-lieu fut rendue par le conseil de guerre le 30 juillet. Passé à la 1ere compagnie de fusiliers de discipline le 23 mars 1883, il fut condamné le 28 février 1885 par le conseil de guerre de Tunis à 6 mois de prison pour abandon de poste. Il fit les campagnes de Tunisie du 13 avril 1883 au 28 février 1885, d’Afrique du 28 août 1885 au 23 décembre 1885.

Après son service, il revint à Saint-Claude et commença à trimarder.
En juin 1886, il était signalé en voyage en Allemagne et en avril 1887, comme demeurant 28 rue de la Huchette à Paris.
Le 8 décembre 1887, il fut condamné à 4 jours de prison, pour filouterie d’aliments par le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier et le 5 juin 1888, à un mois de prison, pour vol par le tribunal correctionnel de Saint-Claude.
En janvier 1888, il fit un deuxième voyage en Allemagne, fut signalé en Juin 1889 à Marseille où il demeurait Boulevard Ollivier et voyagea en France l’année 1890 avant d’être signalé de retour à Marseille le 28 avril 1891.

Sans doute influencé par les attentats de Ravachol à Paris, le mardi 29 mars 1892, Regad se trouvait au café Perret, rue de la Poyat à Saint-Claude, lorsqu’il sortit de sa poche un petit flacon et divers objets. Il expliqua qu’il allait fabriquer un produit avec lequel il pourrait faire sauter des maisons et il se mit à composer une mixture dans un porte-allumettes.
Selon la version donnée par le journal l’Intransigeant, ce serait lors d’une perquisition effectuée à son domicile que la police aurait découvert la fiole et Regad l’aurait arrachée des mains du commissaire et en aurait avalé la moitié. Il se tordit alors de douleur et fit de violents efforts pour rejeter ce qu’il avait absorbé. Il fut conduit au bureau de police et le médecin lui administra un contre-poison. Une information judiciaire fut ouverte contre lui qui se solda par un non-lieu.

Il se rendit à Genève peu après sa remise en liberté et fut extradé au mois de juillet 1892, pour passer en France devant le tribunal correctionnel. En effet, il avait envoyé une lettre de menaces à un certain David Joseph, dans laquelle il le menaçait de faire sauter ses immeubles. Il fut condamné à 3 mois de prison le 5 juillet.

Regad fut de nouveau condamné le 25 novembre 1892 à un mois d’emprisonnement pour outrage à la gendarmerie, par le tribunal correctionnel de Chambéry.
Sa peine terminée, il partit pour Marseille le 3 mars 1893, demeurait 4 rue Sainte, et y fut condamné à 4 mois de prison pour tentative d’escroquerie.

Il semblerait, à l’en croire, avoir eu quelques rapports avec les anarchistes lyonnais qui lui auraient proposé de devenir gérant du journal L ’Insurgé(1893), poste finalement assumé par F.J. Jacomme puis par Philippe Sanlaville.

A Lyon, en janvier 1894, il subit une condamnation pour infraction à la police des chemins de fer : voulant rentrer à Saint-Claude, il était venu de Marseille à Lyon, sans ticket.

De retour à Saint-Claude, il se fit arrêter une première fois le 11 mars pour ivresse manifeste et propos séditieux. Il fut remis en liberté et menacé de poursuites, s’il ne quittait pas cette ville sans retard, à la suite d’une lettre qu’il avait envoyé au procureur de la république de Saint-Claude. Il partit mais pour y revenir un mois plus tard. Il força sa mère et sa sœur qui habitaient La Pérouse, une banlieue de Saint-Claude, à le recevoir chez elles. Il y fréquentait les cabarets, venait de temps en temps à Saint-Claude où il racontait qu’il avait tiré au sort un numéro déterminé, pour commettre un crime, qu’il vivait sans souci, avec l’unique mission de faire de la propagande anarchiste.
Depuis son retour à La Péyrouse, il se rendit plusieurs fois à Genève.

Dans la soirée du 24 juillet 1894, vers 11heures 30, Regad passait rue de la Poyat à Saint-Claude en criant « Vive l’anarchie », il ébranla les volets d’une maison où il voulut entrer et cria « Voilà qui sautera avec bien d’autres choses le 27 juillet ». Le lendemain 25 juillet, Regad était mis en état d’arrestation pour cris séditieux, apologie de crimes et association de malfaiteurs.
Le 29 juillet 1894, une perquisition à son domicile amena la découverte d’un projet de journal et de formules pour la fabrication d’explosifs.
Il fut condamné par la cour d’assises du Jura le 3 septembre 1894 à un mois de prison et bénéficia d’un non-lieu pour affiliation à une association de malfaiteurs.
Un fonctionnaire visitant la prison rapporta ses propos : « Il m’a dit qu’il crèverait, en sortant, la peau d’un bourgeois et brûlerait la cervelle du commissaire de police de Saint-Claude, si ce magistrat venait encore à procéder à son expulsion d’une ville dont le séjour ne lui est pas interdit ».
A la fin de l’année 1894, il partit pour Genève avant d’aller à Paris.

Il fut condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Claude le 30 juin 1896 à deux mois de prison, pour coups et blessures, rébellion, outrages à agents, ivresse et tapage nocturne.
Le 4 mai 1897, le tribunal de Saint-Claude le condamna à 15 jours de prison pour outrage au commissaire de police.
Le 7 août 1897, il était condamné par le tribunal de Saint-Claude à 2 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour pour menaces de mort envers sa mère.
En septembre 1899, la gendarmerie l’arrêta au domicile de sa mère, il fut condamné à 6 mois de prison pour infraction à son interdiction de séjour.
En avril 1900, il fut de nouveau arrêté au domicile de sa mère, à La Pérouse, par la gendarmerie et écroué à la maison d’arrêt en attendant de comparaître devant la justice. Il fut condamné à 6 mois de prison pour ivresse, outrage à la gendarmerie et infraction à l’interdiction de séjour.

Fin février 1901, Regad fut arrêté à Chissey (Jura) pour recel de vol et vagabondage. A sa sortie de préventive, il donna aux gendarmes le nom de l’auteur du vol qui fut condamné à 5 ans de travaux forcés et Regad obtint la clémence de la justice : il bénéficia d’un non-lieu.
Libéré de la prison de Lons-le-Saulnier le 13 février 1901, la police signala son départ pour Nice, puis Marseille et Nîmes où en mai 1901 il fut arrêté en « état d’ébriété, menaçant de faire sauter la gare ». Selon la police il devait ensuite se rendre à Béziers puis gagner l’Espagne où il participa aux troubles de Barcelone en 1901, ce qui lui valut d’être recherché par la police espagnole.

De retour en France, le 27 juin 1901, les agents de la sûreté de Tarbes, prévenus de son arrivée, le découvrirent et comme Regad leur tint des propos séditieux, ils le le conduisirent devant le commissaire de police qui l’arrêta pour ce motif et pour vagabondage. Amené au parquet, le procureur refusa de le faire écrouer, les menaces n’ayant pas été faites sous conditions. Regad déposa alors plainte contre le commissaire, pour arrestation arbitraire.
Le 1er juillet 1901, il fut arrêté et écroué à la maison d’arrêt, condamné, puis libéré, il fut à nouveau condamné pour menace de mort, pour avoir demandé à un journaliste une note rectificative concernant cette arrestation, menaçant de lui brûler la cervelle si elle ne passait pas dans les 24 heures.

Le 6 avril 1902, la gendarmerie de Morez l’arrêta pour infraction à l’interdiction de séjour. Le tribunal de Saint-Claude le condamna à 6 mois de prison. Il venait d’être expulsé de Genève où il avait subi une condamnation.

En 1902 il était signalé notamment dans la Marne et devait aller ensuite à pieds dans la région de Dijon. Selon la police il était connu sous le sobriquet de Colonel et était tatoué des lettres U et M entrelacées sur le bras gauche et d’un cœur sur le genou gauche.

Début avril 1904, Regad était arrêté une nouvelle fois pour infraction à l’interdiction de séjour. Il fut condamné à 15 jours de prison. Il était alors camelot, sans domicile fixe et signalé comme anarchiste.

Inscrit à l’état vert n°2 (janvier 1902) et n°4 des anarchistes, il circulait toujours en 1907 dans la Marne à la recherche de travail.


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