Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
COATMEUR, Gérard Hervé “C. HERVE”
Né à Douarnenez (Finistère) le 28 octobre 1879 - mort sous le bombardement de Brest le 8 septembre 1944 - Ouvrier ; docker ; portefaix ; bouquiniste ; forain - Brest (Finistère)
Article mis en ligne le 21 janvier 2007
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.
Hervé Coatmeur (carte postale)

Fils de pêcheur, resté jeune à la charge de sa mère, Hervé Coatmeur, qui demeurait 85 rue Émile Zola, fut condamné à plusieurs reprises (8 fois avant mai 1910, pour rixes, ivresse, voies de faits, port d’arme prohibée…). Après avoir été libéré de ses obligations militaires, il fut remarqué le 2 novembre 1905 à Brest lors d’un meeting de soutien à Victor Pengam exclu de l’arsenal où il préconisa de répondre à la force des autorités par une force aussi grande, ce qui lui avait valu d’être rappelé à l’ordre par le président de séance. En 1907 il était journalier, vendeur à la criée des Temps nouveaux et, avec son frère distribuait des tracts antimilitaristes.

Interpellé le 24 février 1907 “il est traîné au poste, aux trois quart étranglé et passé à tabac ; il fut après interrogatoire du commissaire, inculpé de violence, voies de fait, port d’arme prohibé (il était porteur d’un révolver) et condamné, vendredi dernier, à six mois de prison par les bons juges de Brest” (cf. Les Temps nouveaux, 16 mars 1907).

Puis il s’embauche à l’Arsenal, dont il fut finalement renvoyé en 1910 et inscrit au Carnet B. Il exerça alors bien des métiers : docker (secrétaire pendant quelque temps du syndicat), portefaix à la gare de Brest, livreur de sciure de bois… Anarchiste individualiste, il eut un kiosque à journaux, un magasin de bouquiniste, un étalage volant parmi les forains, ne voulant être ni commerçant, ni fonctionnaire, ni exploiteur, ni exploité. Il propagea un individualisme dérivé de celui de Han Ryner.

Au début des années 1910 il était membre du Cercle néo malthusien dont le secrétaire était Saliou.

Le 10 février 1911, il fut une nouvelle fois condamné à 15 jours de prison avec sursis pour avoir outragé et menacé le médecin de garde de l’hôpital maritime qui lui avait refusé l’entrée à l’hôpital où il voulait distribuer L’anarchie à des amis hospitalisés.

C’est à cette époque, qu’il se converti à la non-violence et se reconnait dans les analyses individualistes de Han Ryner et E. Armand et est influencé par L Tolstoï.

Responsable du Foyer Naturien de Brest (85 rue E. Zola), Coatmeur, fut le fondateur, animateur et principal rédacteur du journal Le Sphinx individualiste (Brest) qui connaitra de nombreuses séries difficiles à reconstituer : 5 n° en 1913, 8 n° en 1914 puis fut remplacé par L’Echo naturien (n°1, 4 octobre à n°4, 5 novembre 1914), 3 n° de février à avril 1915, puis remplacé par L’œuvre naturiste (1 n°, juin 1915), reparait en 1916 sous le titre Contre le chaos – alias le Sphinx paraissant sous forme de feuilles volantes jusqu’en 1919. Une nouvelle série, sous le titre Le Sphinx d’après guerre paraîtra ensuite d’août 1919 à août 1938 avec d’innombrables variantes de titres. Pendant la première guerre mondiale, où il avait été réformé pour affections cardiaques et rénales, il avait collaboré à la revue individualiste Les Glâneurs (n°1, mars 1917 à n°19, septembre 1918) éditée à Lyon par Albin et Virginie Blanchard.

Propagandiste, il distribuait tracts et prospectus, fonda un cercle d’études, s’attacha dans les années 1920 à la diffusion de L’En dehors d’E. Armand auquel il collaborait, devint végétarien puis végétalien, s’alimentant de légumes et de fruits crus et de pain de seigle. Il collaborait également à la revue Le Néo Naturien (Chatillon-sur-Thouet, n°1 novembre 1921 à n°29, août 1927).

En 1924 il publiait le journal satirique et humoristique Le Tam Baz [Morceau de bâton] (au moins 4 numéros)

En avril 1928 il fut candidat abstentionniste lors des élections législatives à Brest.

Il se maria le 6 août 1931 “avec une jeune paysanne qui, après avoir été violée par son père, se réfugia à Brest où elle devint la proie des marins”. Il voulut faire d’elle un être nouveau. Mais elle le quitta et revint avec un jeune bébé “à l’état de santé pitoyable”. Elle le quitta à nouveau en emportant “une pile de pièces de cent sous patiemment économisées en vue d’éditer un numéro du Sphinx” (E. Armand, L’Unique, op. cit.) Le divorce fut prononcé le 15 juin 1935. Il résidait alors 1 rue Monge, était toujours inscrit au Carnet B et figurait sur la liste des anarchistes du Finistère.

Hervé Coatmeur vécut ses dernières années dans les conditions les plus misérables : il habitait une cabane où tombait la pluie et couchait sur un lit de sangles : il était vêtu de guenilles et chaussé de spartiates. Le 8 septembre 1944, il périt avec plusieurs centaines de personnes au cours de l’explosion d’un abri civil à Brest, place Sadi-Carnot lors d’un bombardement de la ville et à ce titre reçu la mention "mort pour la France" !.

Oeuvres : La Philosophie du bonheur, 1912. — Les vrais individualistes (et les faux), 1914. — Le Sphinx de la vie, 1915.
.


Dans la même rubrique

COLOMBERT, Armande, Victorine, Marie épouse GUILLEMARD]
le 2 février 2024
par R.D.
COLOMBO, Alberto
le 24 septembre 2023
par R.D.
CODINA MAYOLA (MAYORA ?), Joseph
le 4 septembre 2023
par R.D.
COLOMBARINI, Mario
le 3 septembre 2023
par R.D.
COLEL NOGUES, Jaime
le 23 juillet 2023
par R.D.