Dictionnaire international des militants anarchistes
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LEPRETRE, Charlemagne, Eustache
Né le 16 mai 1864 à Reims - Ouvrier apprêteur – Reims (Marne)
Article mis en ligne le 28 mai 2012
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Charlemagne Leprêtre avait d’abord été un militant socialiste et avait milité au début des années 1880 dans divers groupes dont La jeunesse rouge, Les égalitaires, La lyre sociale. Devenu anarchiste il fut à l’origine en août 1884, suite à une scission dans le parti ouvrier (POF), de la fondation du groupe anarchiste Les Résolus qui comptait une quinzaine de membres dont Faucher, Lequet (père et fils), Fraille, Douce, Merlin, Astier, Gérard, Schmeyer et Gauthier.

Le 5 avril 1885, avec notamment Schweyer, il avait été l’organisateur d’une réunion de protestation contre la guerre du Tonkin qui n’avait réuni que peu de monde, tous les placards annonçant la réunion ayant été arrachés par la police.

Contre la guerre au Tonkin (Reims, 5 avril 1885)

Le 4 décembre 1887, il se trouvait place D’Erlon à Reims en compagnie de Luttringer, porteurs tous deux de revolvers et de cartouches. Parlant de l’inspecteur de police qui passait et le montrant au socialiste Fauville, il avait dit : “Je sais que tu lui vends parfois La Dépêche de l’Est, tu ne devrais pas le faire et lui cracher à la gueule. Mais tu as peur de te faire mettre à la porte de chez les ferrystes.” Il avait ajouté aussi que leurs revolvers étaient chargés pour ceux qui viendraient les arrêter.

En 1889 le groupe se réunissait au café Saint-Maurice, 155 rue de Barbâtre.

Au début des années 1890 il était toujours l’un des animateurs du groupe anarchiste de Reims - rebaptisé à l’automne Les Sans Peur - et était considéré par la police comme « très dangereux » et présenté comme le « correspondant à Reims du groupe central de la Fédération anarchiste de Paris ». En août 1891 il fut condamné à 30 francs d’amende pour « insultes à agent ».

L’année suivante, lors d’une période de réserviste, il fut signalé pour avoir fait de la propagande anarchiste auprès des militaires du 132e régiment d’infanterie. Fiché comme “militant” sur la liste d’anarchistes de Reims établie en mars 1892 par le Préfet, il fut, le 22 avril 1892, comme plusieurs militants de Reims – dont Beauvillain, Pflug, Prudhomme, etc – l’objet d’une perquisition par la police qui trouva à son domicile un Manifeste contre l’armée et un « appel à la révolte pour les élections ».

Le 21 novembre 1893, en son absence, son domicile, 50 rue Croix Sainte Marie, avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi plusieurs écrits en vers, deux exemplaires de L’Appel aux conscrits, 11 exemplaires de la brochure de Tostoi Le Conseil de Révision, 13 exemplaires du placard Les anarchistes à leurs camarades d’atelier, in exemplaire de les anarchistes et ce qu’ils veulent, plusieurs brochures (Carnot et Ravachol - La Grande révolution - Déclaration d’Etiévant…) et exemplaires de La Révolte et du Père Peinard.

Le 25 novembre 1893, aux cotés des compagnons Delpierre et Courtois, il présida une conférence du compagnon Morel, ouvrier cordonnier d’Amiens, tenue à la salle Flamant et à laquelle assistèrent une centaine de personnes. Selon la police il entonna ensuite avec entre autres Lahure, Pérard et Delpierre divers “chants révolutionnaires et réalistes : Le Père peinard, Panama, Le Sacré coeur de Montmartre, etc”.

Dans un rapport daté du 18 décembre 1893 la police estimait que “l’active propagande faite par les anarchistes a eu un certain succès dans la région. Aujourd’hui on compte environ 80 adhérents résidant à Reims”. Le rapport précisait que “ne pouvant plus trouver de salles de réunions” les anarchistes se réunissaient "par escouades de 3 ou 4" dans divers cafés ou "chez les chefs du parti : Faucher, Lepretre, Lahure, Cabay”.

En 1894 il était toujours qualifié de "très dangereux" sur l’État des anarchistes de février, mois où il avait été l’objet d’une perquisition où la police avait saisi un calepin avec les noms d’anarchistes de Reims ayant participé à une loterie, ce qui lui valut d’être condamné à 1 franc d’amende pour "avoir fait une loterie sans autorisation".

En mars 1894 et selon la police, il avait l’intention de former un nouveau groupe Les Vengeurs de Vaillant dont auraient fait partie notamment Lahure, Delpierre, Foudrinier, Deverly, Defossez, Bandler et Demazure, mais hésitait à prendre une décision “dans la crainte de se faire arrêter pour association de malfaiteurs”. Ce même mois de mars il avait refusé d’ouvrir sa porte à un huissier venant faire une saisie mobilière pour arriéré d’impôts.

Le 1er juillet 1894, il avait été arrêté par le commissaire de police du 2e canton avec Lahure* et Guyard, pour "association de malfaiteurs".

En juillet 1898, lors d’une réunion tenue au café Saint-Maurice devant environ 80 personnes, il avait, avec le compagnon Delpierre, violemment apostrophé le compagnon Louis Prudhomme, venu de Paris, qui avait appelé à mener campagne en faveur du capitaine Dreyfus. Il lui avait notamment déclaré qu’il vaudrait mieux s’occuper des prisonniers anarchistes au bagne, comme Monod et laisser “les pourritures et les vaches d’officiers dans leur fumier au milieu des casernes en attendant le moment propice”.

En 1901 la police signalait qu’il avait quitté le département de la Marne. Il était parti depuis le 30 janvier 1900 en région parisienne à Puteaux.


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