Dictionnaire international des militants anarchistes
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FRANCOIS, Jean-Pierre “FRANCIS”
Né à Reims le 3 décembre 1855 - Menuisier – Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) – Londres
Article mis en ligne le 30 mars 2012
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Jean François dit "Francis"

Jean-Pierre François dit Francis avait quitté Reims en 1872, après l’évacuation du territoire des troupes allemandes. Entre 1872 et 1878, il fut condamné à plusieurs reprises : Le 1er mai 1872, le tribunal de la Seine, le condamnait à 15 jours de prison pour "vagabondage". Le 27 mai à deux mois de prison pour "vagabondage et tentative de vol". Le 21 septembre 1872, nouvelle condamnation à 15 mois de prison, pour "vol", par le tribunal de Reims. Le 1er avril 1874, de nouveau à 15 mois de prison pour "vol" par le même tribunal. En appel, à Paris, il fut condamné à 2 ans de prison le 4 septembre 1875.
Tiré au sort à Reims, il fut envoyé dans un régiment disciplinaire d’Afrique. Le conseil de guerre de Blida (Algérie), le 6 avril 1878 lui octroya 5 ans de réclusion et la dégradation militaire, pour un vol de pain, au préjudice de l’état.

Il épousa Victorine Josephine Delanoy le 26 juin 1886 à Pantin.

Le 27 septembre 1889, il fut une nouvelle fois condamné à 15 jours de prison pour "outrages à agents" par le tribunal de la Seine.

Depuis 1891, Francis habitait 55 rue Beaubourg à Paris, avec sa femme, ses quatre enfants et la mère de sa femme.

Il s’agit sans doute du Francis qui, lors d’une réunion de préparation à la manifestation du 1er mai 1891, avait, selon un indicateur, engagé les compagnons à s’y rendre bien armés, puis à un moment donné, de se disperser dans tous les quartiers, afin de profiter du désarroi de la police pour piller tout ce qui tombera sous leurs mains”.

En décembre 1891, il fut licencié de la menuiserie au « Vieux chêne » rue Beaubourg pour y avoir fait de la propagande anarchiste. Il retrouva un emploi chez un menuisier de l’avenue Parmentier.

Depuis janvier 1892 Francis recevait de nombreux anarchistes chez lui dont Bricou et sa femme, Meunier dit le Bossu et Lecuyer. Il participait aux réunions anarchistes, en compagnie de sa femme mais sans y prendre la parole. Ami intime de Martinet, il le recevait chez lui tous les dimanches. Martinet y venait accompagné de ses deux chiens et parfois d’une jeune personne à la « toilette tapageuse » que François nommait « Mme Martinet ».
Il était également lié à des menuisiers anarchistes : Bricou, Meunier, Bruneau, Sentenac, Cler, Soulage et aurait fait partie du groupe Les Pieds plats. Selon le journal Le Matin, Ravachol, connu à ce moment sous le nom de M. Léon aurait été lui aussi un visiteur chez François.

Dans un rapport du 25 avril 1892 où il était qualifié de militant et dangereux, demeurant 54 rue Beaubourg, la police précisait qu’il était “très lié avec Martinet”, cherchait comme lui “à entraîner les jeunes à commettre des actes” et que “faute de savoir parler en public, il ne prononçait jamais de discours mais excitait dans les groupes particuliers les compagnons à agir individuellement"..

Suite à des déclarations d’Alphonse Lauze qui fut ensuite accusé d’être un indicateur, il avait été soupçonné d’avoir participé avec Théodule Meunier à l’attentat de Ravachol au restaurant Very en avril 1892. Pendant l’instruction de cet attentat, Fernand Bricou l’avait également dénoncé comme complice, et pour échapper à une arrestation et à la prison préventive, Francis, qui demeurait alors semble-t-il 54 rue Beaubourg, avait pris la fuite et s’était réfugié à Londres où il aurait été hébergé par le compagnon allemand Fritz Brall. Avec sa compagne il vivait semble-t-il sous le nom de Johnson et avait été recherché et arrêté à Londres à la fin de l’été 1892 : il était alors en possession des papiers de Brall et de divers écrits anarchistes relatifs à la fabrication d’explosifs. Lors de l’arrestation, sa compagne, enceinte, aurait tenté de se saisir d’un révolver avant d’être désarmée. Bien que bénéficiant d’un alibi – à l’heure de l’attentat il se trouvait rue Quincampoix chez un certain Lejeune – confirmé par une dizaine de témoins et que deux ordonnances de non-lieu airent été prononcées en sa faveur, il fut extradé en France à l’automne ce qui donna lieu à un meeting de protestation en novembre à Trafalgar Square où, avant même de pouvoir prendre la parole, Louise Michel avait été arrêtée. Sa petite fille âgée de 3 ans en Angleterre avait été recueillie par Guttin dit Chauvière.

L’Angleterre décida d’extrader Francis et cette décision suscita une très forte mobilisation dans les milieux anarchistes de Londres. Un Comité pour la défense du droit d’asile fut formé pour obtenir un appel contre l’ordre d’extradition et lever les fonds nécessaires à sa défense. Les Rosseti en furent des membres actifs, aidés par Kropotkine et Louise Michel qui lui trouva un avocat. Agnès Henry fut la secrétaire du Comité de défense. Elle souligna particulièrement le manque de preuves détenues par le gouvernement français contre Francis.

Le 1er décembre 1892, le gouvernement anglais accorda l’extradition de François.
Traduit aux assises les 11-12 avril 1893, il bénéficia d’un acquittement, tandis que Bricou qui l’avait chargé lors des interrogatoires, était condamné à 20 ans de travaux forcés.

En mai 1893, Francis fit une période de 28 jours à Moulins. Arrivé 6 jours après la date fixée, au 13e escadron du train des équipages, il se vit infliger 5 jours de « rabiot ».

Revenu en région parisienne, il fut signalé début juillet 1893 dans les réunions du Cercle anarchiste international où il s’opposait notamment à Brunet traité de “phraseur et farceur” voulant le chasser de la Bourse du travail et menaçant d’aller à la Bourse pour y monter à la tribune et, revolver au poing, de faire feu contre celui qui l’empêcherait de parler.

Le 5 février 1894, Francis aurait assisté avec sa femme et son fils à une réunion tenue salle Léger, 8 rue du Temple. Quelques jours plus tard, il se rendit avec son fils sur la tombe de Vaillant et il lui aurait fait dire : « Vaillant, tu seras vengé ! ». Francis nia ces deux faits lors de son interrogatoire.
Le 26 février, une perquisition à son domicile, 16 rue des Archives, sur commission rogatoire d’un juge d’instruction du Havre, ne donna aucun résultat. Francis déclara qu’il détruisait sa correspondance au fur et à mesure.

Il fut arrêté à son domicile le 5 mars, bien qu’il ait refusé d’ouvrir. Il fallut requérir un serrurier et enfoncer deux portes. Il injuria le commissaire : « Merde, je ne suis pas concierge » et déclara qu’on ne l’emmènerait que par la force : on dut recourir à l’aide de plusieurs gardiens de la paix, pour l’emmener. « Vous agissez comme des cambrioleurs ! On ne m’emmènera qu’en morceaux. Il y a assez longtemps qu’on m’embête. Vaillant sera vengé ! Et moi aussi, s’il y a lieu ».
Inculpé d’association de malfaiteurs, le 6 mars 1894, par le juge d’instruction Henri Meyer, il fut mis en liberté provisoire le 5 juin 1894, après avoir été condamné à 3 mois de prison le 24 avril 1894, pour outrages au commissaire de police.

Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra un nouveau mandat de perquisition et d’amener à son encontre. Le 1er juillet, à quatre heure du matin, le commissaire de police du quartier de Sainte-Avoye se présenta à son domicile. La perquisition ne donna aucun résultat et Francis fut arrêté.
Le 8 juillet, sa femme fut expulsée de leur logement.
Lors d’une visite de sa femme à la prison de Mazas où il était incarcéré, Francis voulut lui faire passer une lettre, les gardiens s’y opposèrent. Il résista, protesta et créa un tapage.
Le 28 juillet 1894, il fut mis en liberté provisoire et le 7 juin 1895, le juge Meyer délivrait une ordonnance de non-lieu concernant l’accusation d’association de malfaiteurs.

En juillet 1896, Francis déménagea à « la cloche de bois », bien qu’il ait trouvé un accord avec son propriétaire pour le laisser partir, le concierge s’opposa à l’opération selon La Sociale : « En effet, le déménagement eut lieu, et tout aurait marché mieux que sur des roulettes sans le pipelet. Cet animal était à cran de voir son locato décaniller librement. Ca lui remua tellement la bile qu’il voulut, malgré les ordres du proprio, s’opposer au déménagement. Il s’ensuivit quelques bousculades, mais ça n’aurait guère tiré à conséquences, si la femelle du cloporte n’était allé requérir la flicaille. Les sergots s’amenèrent dar dar quand ils surent que le déménageur était le fameux Francis ; sans quoi ni comme, ils lui tombèrent sur le râble et lui servirent une décoction de tabac, – quelque chose de rudement fadé ! La compagne de Francis et un autre copain qui se trouvait là ayant voulu intervenir, ils furent fait prisonniers et trimballés au poste. Seul Francis fut conservé en prison ; mais il était dans un tel état qu’on dut le coller à l’infirmerie. Une fois guéri, il est passé à condamnation avec sa compagne et le camarade Lefèvre ». En août 1896, la 8e chambre du tribunal correctionnel de Paris le condamna à 2 mois de prison, sa compagne à 8 jours et Lefèvre à 15 jours.

Le 1er février 1905, à la sortie d’un meeting au Tivoli-Vaux-Hall organisé par les partis socialistes sur « la Révolution russe et la chute du tsarisme », à proximité d’un barrage de police une bombe fut lancée sur le trottoir, deux gardes républicains furent blessés. La bombe comportait des cartouches de revolver, de chevrotine et des clous. Francis qui était attablé en terrasse d’un café à proximité fut arrêté. Il fut remis en liberté le 4 février et bénéficia d’une ordonnance de non-lieu.

Le 20 janvier 1907, Francis fut arrêté au cours d’une manifestation pour le repos hebdomadaire, accusé d’avoir injurié, place de la République, un caporal du 76e régiment d’infanterie, le tribunal le relaxa.


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