Au début des années 1890, Prosper Guyard (né en Moselle annexée) habitait rue du Faubourg Saint-Martin à Paris, mais, selon la police, était le plus souvent sans domicile fixe, couchant « habituellement dans les asiles de nuit et notamment celui de la rue de Tocqueville ».

Début 1893 il partait pour Brest et s’installait à Lambézellec à la Maison carrée de Keranfurus Izella, une communauté libertaire appelée « maison des anarchistes » et dont faisaient notamment partie Eugène Hamelin, Régis Meunier, André Bizien, Jean-Marie Petrequin et leurs compagnes respectives. Il était alors représentant pour la maison Singer.

Lors des élections législatives d’août et de septembre 1893, il fut, dans la 1ere circonscription de Brest, l’un des 4 candidats abstentionnistes avec Guerenneur, E. Marion et Jean Demeule, présentés à Brest par le Comité de propagande socialiste anarchiste. Sa déclaration de candidature qui, dans un premier temps avait été refusée pour non-conformité, avait été finalement autorisée après qu’il l’ait renvoyée légalisée par le tampon de la Mairie de Lambézellec ; la police notait alors dans son rapport qu’il n’avait « aucune influence » mais qu’il était cependant « à surveiller de très près ». En novembre 1893 il fut inscrit sur la liste des anarchistes notables du département comme étant « sans profession, sans domicile fixe ».

Dans le cadre de la répression anti anarchiste, il fut, comme de nombreux autres compagnons, perquisitionné le 3 janvier 1894 par la police qui saisit « une malle remplie de journaux et de placards anarchistes ». Fin janvier 1894, il avait fait une tentative de suicide et avait été admis à l’hospice. Il avait alors pour compagne Paule Dupuy, demeurant 47 rue de la Rampe à Brest.

Dans le courant de l’année, Guyard quitta Brest. Il figurait toujours sur le recensement des anarchistes d’octobre 1894 et était qualifie de « dangereux ». Toutefois en mai 1894, il avait été signalé à Reims où il travaillait comme employé et où, depuis juin, il fréquentait le Cercle catholique de Saint-Rémy dont le président Robert était un ancien militant du groupe anarchiste de Reims. Il avait également reçu à plusieurs reprises des secours du curé de Saint-Rémy. A la fin du mois de juin il avait déclaré se rendre à Paris pour assister aux obsèques du Président Carnot.