Dictionnaire international des militants anarchistes
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DUMONT, Antoine
Né le 14 juin 1885 à Bourbon-l’Archambault (Allier) – mort en 1918 - Ouvrier agricole – Bourbon l’Archambault (Allier) – Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 1er février 2012
dernière modification le 12 septembre 2023

par R.D., René Laplanche

C’est dès l’âge de 16 ans qu’Antoine Dumont avait commencé à militer à Bourbon-l’Archambault où son engagement et une altercation avec le curé causa le renvoi de ses parents du domaine qu’ils exploitaient et bien des difficultés pour en retrouver un autre.
Dans un article du Libertaire (5 avril 1908), il évoquait son engagement anarchiste en ces termes : “Moi même, je suis resté jusqu’à l’âge de dix huit ans sans avoir pu trouver des lectures libertaires. C’est qlors que j’i connu les Paroles d’un révolté de Kropotkine, qui m’ont complètement gagné à l’idée libertaire…

Il participait ensuite à l’organisation dans le nord de l’Allier d’un syndicat de bûcherons. Parallèlement un syndicat de cultivateurs était formé à Gennetines autour des frères libertaires Jacques et Jean Pontet et à Bourbon-l’Archambault autour de Michel Bernard et d’Émile Guillaumin, aboutissant finalement à la fondation en 1905 de la Fédération des travailleurs de la terre du Bourbonnais.

Antooine Dumont

Puis Antoine Dumont alla effectué son service militaire pendant lequel il continua d’entretenir une correspondance avec Guillaumin où il affirmait d’ailleurs ses convictions libertaires, craignant de mourir « avant d’avoir vu s’établir la doctrine anarchiste » (lettre du 30 septembre 1906) et se définissant « moi, pauvre anarchiste, libertaire, révolutionnaire » (lettre du 10 octobre 1906). Il racontait également avoir eu un entretien avec son capitaine qui lui avait dit être au courant de ses idées anarchistes –précisant même que le capitaine avait un fichier le classant comme anarchiste et antimilitariste – et indiquant que si on lui en faisait voir, il passerait en Suisse avec l’aide des Bourses du travail (lettres du 23 août 1906 et du 28 avril 1907).

A son retout du service et après avoir rencontré un groupe libertaire de Saint-Étienne (lettre de février 1908), il participait le 9 octobre 1908 à Moulins au 8e congrès de la Fédération des travailleurs de la terre où avec le libertaire Louis Chambon il fut l’un des militants les plus favorables à l’adhésion de la Fédération à la CGT, proposition qui fut toutefois repoussée par le congrès (voir Chambon).

Au printemps 1909 il organisait un certain nombre de syndicats de domestiques de ferme dans toute la région (Bourbon-l’Archambault, Buxières les Mines, Bessay, Gennestines, Lusigny, Vaumas, Tronget) et l’année suivante mettait en forme leurs revendications dans la brochure Aux domestiques et servantes de ferme de la région du centre (1910) dans laquelle il conseillait la lecture du Libertaire et indiquait que la brochure était disponible aux Temps nouveaux, au Libertaire et à La Guerre sociale. Dans une lettre à Guillaumin il écrivait : « Je vais proposer au Libertaire de faire un échange avec Le Travailleur rural. Le Libertaire est un journal beaucoup lu et qui peut attirer beaucoup de sympathies à notre mouvement, j’y avais un article sous la rubrique les métayers » (lettre du 14 juillet 1909).

Dans une autre lettre à Guillaumin, qui avait une hantise de la violence, il précisait : « Je tiendrais compte de toutes [vos observations], sauf cependant celle se rapportant au sabotage, car n’oubliez pas que la manière forte a été approuvée à l’unanimité par le dernier congrès de notre fédération : si par persuasion on obtient pas de résultats, on emploiera l’action directe » (lettre du 27 juillet 1910). Il assuma également pendant toute cette période la tribune syndicaliste de l’organe anarchiste La Torche (Moulins, octobre 1908-janvier 1910) édité par Jules Vignes. En juillet 1911 il suggérait également à Guillaumin la création d’un hebdomadaire d’éducation sociale (lettre du 6 juillet 1911) qui ne put aboutir. Il continua toutefois de rêver jusqu’à la fin de sa vie de créer une revue d’éducation coopérative, économique et sociale pour les travailleurs de la terre.

En 1911 il créait à Bourbon-l’Archambault la coopérative La Paysanne qui existait encore en 1924 et pour laquelle il ne ménagea pas ses efforts. Dans une lettre du 3 août 1924 à Charles Bruneau, l’écrivain paysan E. Guillaumin écrivait : « Des hommes utiles ? Je pense à ce trait de vie de Dumont. Dumont avait créé à Bourbon une petite coopérative paysanne, qui existe encore, dont une femme assurait la gérance. Mais la surveillance, la comptabolité, les iniriatives quotidiennes incombaient au fondateur qui habitait chez son père à 6km, en pleine campag, e et le plus souvent travaillait dans les fermes comme ouvrier agricole. Dimont en plein été, alors que la trêve nocturne ne dépasse guère 7 heures, se rendait deux fois par semaine à La Paysanne où il veillait jusqu’à minuit et plus pour reprendre sa tâche normale à 4 heures du matin. C’est de l’héroisme ! ».

Entré par la suite comme employé à l’Office coopératif (devenu ensuite Coopérative de Gros), il se fixa alors à Lyon où il allait se consacrer à l’organisation et à la propagnade du coopérativisme. Il collabora alors notamment à L’action coopérative et à La Revue socialiste.

Mobilisé, Dumont qu s’était marié à Lyon le 24 mars 1914, fut blessé dans les premiers mois de la guerre de 1914 et fut versé dans les services auxiliaires du Ministère de l’armement. Nommé en 1916 secrétaire de la Fédération lyonnaise des coopératives, il allait fonder, pendant les deux années de son secrétariat, de nombreuses coopératives et notamment la société lyonnaise L’Avenir social dont il fut l’un des administrateurs.

Antoine Dumont est décédé à Moulins dans les premiers mois de 1918.

Dans son livre posthume Paysans par eux mêmes, l’écrivain paysan Émile Guillaumin, qui lui consacre tout un chapitre, écrivait à propos d’Antoine Dumont qu’il qualifiait d’apôtre : “Ceux qui ont connu Dumont, garderont jusqu’au bout, comme moi même, de ce prolétaire à l’âme ardente-manière de Cyrano de l’émancipation sociale… le souvenir… dévoué jusqu’à l’abnégation ; l’un de ceux… s’il faisait nombre, bien des choses pourraient aller mieux”.

Œuvre : - Aux domestiques et servantes de ferme de la région du Centre (Bourges, 1910).

René Laplanche


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