Dictionnaire international des militants anarchistes
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CHAUMEL, Maurice, Léon
Né à Marseille le 5 mars 1875 - Peintre en bâtiment - Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 10 janvier 2007
dernière modification le 22 mars 2024

par R.D., René Bianco

Célibataire et peintre en bâtiment à Marseille, Maurice Chaumel avait été poursuivi à de nombreuses reprises : le 6 avril 1893 il était condamné à quinze jours de prison pour “désertion à l’intérieur” ; en janvier 1897 il était écroué sous l’inculpation d’outrage et rébellion à agents et condamné le 23 à deux mois de prison ; en juin il était à nouveau condamné pour “cris séditieux” et le tribunal correctionnel le condamnait le 6 juillet à deux mois de prison aux cotés, entre autres, de Tuffier (un mois), Doutre (3 mois), Aguillon (20 jours) ; il avait été arrêté avec ces derniers le soir du 19 juin, alors qu’avec une quarantaine de jeunes gens il chantait La Carmagnole et criait “Vive l’Anarchie !” devant le bar la Côte-d’Or, rue des Récolettes, puis avait insulté les gardiens de la paix qui étaient intervenus, tandis qu’un coup de feu avait été tiré et avait légèrement blessé un agent. Tous ces incidents lui valaient d’être inscrit en novembre 1897 sur les États anarchistes dans la 1ere catégorie avec la mention “exalté et militant”.

Chaumel se montrait très remuant, perturbant aussi bien les prêches dans les églises (le 11 décembre 1897 à la Belle de Mai) que les réunions électorales (avril-mai 1898). Il avait la parole facile et en usait largement dans de nombreuses réunions publiques où il portait la contradiction et développait les théories anarchistes. Il donnait lui-même un grand nombre de conférences notamment en 1898. La même année il présidait celles de Sébastien Faure et avait fait le « coup de poing » contre les membres de la Ligue Antisémite en participant avec entre autres Marius Escartefigue et Sébastien Faure, au groupe d’une cinquantaine d’anarchistes qui le 1er février 1898 était allé saccager le Bar La Marseillaise (rue Saint-Bazile) où la Ligue tenait une réunion privée et ce qui lui valut une condamnation à 15 jours de prison pour "violences et voies de faut contre des personnes restées inconnues", tandis que le compagnon Fenoglio était condamné à 3 mois pour avoir crié "Vive l’anarchie !" et pour "outrage à agent… Ce même mois de février 1898 il fut avec Chantemesse l’organisateur d’une conférence tenue au Bar de l’Alhambra au profit du compagnon Victor Rappole.

Il avait collaboré à la troisième série du journal L’Agitateur (Marseille, n°1, 4 à n°2, 18 février 1897) dont le gérant était Edouard Roch et qui avait été lancé “sans capitaux et sans avances” par le groupe La Jeunesse Internationale. L’année suivante il participait avec les anciens rédacteurs de L’Agitateur à la publication du Libertaire hebdomadaire qui avait été transféré à Marseille où seront publiés 13 numéros (n°120, 13 mars à n°132, 5 juin 1898) avant de retourner à Paris.

Dans les années 1899-1900, il participait à de nombreuses réunions et fit une active propagande en faveur du capitaine Dreyfus. Il présida notamment avec Lévy, la réunion tenue le 18 janvier 1899 au bar de l’Alhambra sur l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme et à laquelle avaient participé environ 400 personnes. Il y avait dénoncé l’antisémitisme considéré comme "une régression" et y avait annoncé son adhésion à la Ligue des Droits de l’homme.

Puis tout en restant anarchiste et anticlérical, il évoluait vers le bouddhisme et ses interventions devenaient de plus en plus philosophiques. Ainsi le 6 février 1909, il prit la parole au théâtre Chave lors d’une conférence de Sébastien Faure sur le thème « La révolution pourquoi ? », et engageat avec ce dernier une discussion sur les origines et les destinées de l’homme. Un rapport de police rapportait “Chaumel, ayant dit que l’homme a en lui, malgré tout, des aspirations qui tendent vers un but divin, il a recueilli les applaudissements d’une grande partie de l’auditoire”.

Cette évolution le mit à l’écart des militants dont certains iront jusqu’à dire qu’il “était payé pour diviser les camarades”. Il sera récusé comme délégué au congrès international d’Amsterdam et disparaitra alors des milieux anarchistes.


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