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RECCHIONI, Emidio “NEMO”
Né le 4 octobre 1864 à Russi (Ravenne) – mort le 31 mars 1934 - Cheminot ; commerçant – Ancône – Londres
Article mis en ligne le 22 octobre 2011
dernière modification le 13 septembre 2023

par R.D.
Emidio Recchioni

Emidio Recchioni avait commencé à militer à Ancône aux cotés notamment des compagnons Cesare Agostinelli, Romeo Tombolesi, A. Pezzotti et Polimante et était rapidement entre en contact avec Malatesta, Gori et Cipriani.

Dans les années 1890-1894 il était le responsable des cheminots d’Ancône et fut l’un des collaborateurs, sous les pseudonymes Rastignac et Savarin du journal Sempre avanti (Livourne).

En 1894 il fut le fondateur et l’un des rédacteurs de l’hebdomadaire L’Articolo 248 (Ancône) dirigé par Ariovisto Pezzotti où fut publié le texte programmatique de Malatesta Andiamo tra il popolo et où il commença à utiliser le pseudonyme de Nemo. Constamment poursuivi et saisi à plusieurs reprises le journal n’eut que 9 numéros du 7 janvier au 11 mars 1894.

Considéré par la police comme le « plus actif et influent propagandiste », il fut suspecté par le Préfet d’être le responsable des trois attentats à l’explosif commis à Ancône en janvier 1894. Suite à l’attentat commis par Paolo Lega contre le premier ministre Crispi il fut arrêté le 28 juin 1894, suspecté d’en être complice. Traduit devant la Cour d’assises le 30 novembre 1895, il fut acquitté, mais deux jours plus tard était condamné à une assignation à domicile forcé et transféré à la colonie pénitentiaire de Tremiti. Après y avoir organisé un mouvement de protestation contre les restrictions aux libertés personnelles imposées par le directeur de la Colonie, il passait deux mois en cellule d’isolement, était transféré à la prison d’Ancône puis à Ustica. Remis en liberté provisoire fin novembre 1896, il ne put reprendre son emploi aux chemins de fer. Il figurait à cette époque sur un État signalétique confidentiel des anarchistes étrangers non expulsés résidant hors de France.

Il fut en 1897 l’un des fondateurs de l’hebdomadaire socialiste anarchiste L’Agitazione (Ancône, 14 mars 1897- 12 mai 1898) où il tenait la rubrique « Bricciche ». En mai (ou septembre) 1897 il était de nouveau arrêté avec entre autres Agostinelli et Faccetti le gérant du journal, et envoyé en relégation pour terminer la peine à laquelle il avait été condamné en 1894. Interné d’abord 6 mois à Favignana, 2 mois à Lampedusa, il fut ensuite transféré pour des raisons de santé à Pantelleria où il allait faire la connaissance de Luigi Galleani.

A l’expiration de sa peine en mai 1899, il quittait définitivement l’Italie et émigrait en Grande Bretagne où il allait s’établir à Londres. En 1901, après l’attentat de G. Breci contre le Roi Umberto I, il collaborait au numéro unique de Cause en effetti (Londres, septembre 1900) dont le directeur était E. Malatesta. Après avoir exercé divers métiers (commis, marchand de charbon, représentant en vins), il ouvrait en 1909 dans le quartier de Soho la petite épicerie King Bomba qui allait rapidement devenir un lieu de référence pour les compagnons exilés. Parallèlement il devenait le copropriétaire d’une compagnie d’importation de marbre et de granite dont les profits allaient lui permettre de financer diverses activités politiques et d’aider de nombreux compagnons.

En novembre 1911 il épousait Constanza Benericetti dont il allait avoir deux enfants : Vera (née à Londres le 11 juillet 1912) et Vero Vernon Richards (né le 19 juillet 1915).

En 1913 il participait au financement de l’hebdomadaire Volontà (Ancône, 8 juin 1913 – 9 juillet 1915) dont les responsables étaient Arturo Belletti et Cesare Agostinelli.

Lors de la Première Guerre mondiale, il fut, le 15 février 1915, l’un des signataires du Manifeste des 35 contre la guerre. Aux cotés notamment de Gualducci, Calzitta et Enrico Defendi il mena alors une très efficace propagande antimilitariste qui lui valut une menace d’expulsion. Il collabora à cette époque à l’organe anarchiste anglais Freedom.

En 1920, sous le pseudonyme de Nemo il collaborait à l’hebdomadaire puis quotidien Umanità nova (Milan-Rome, 26 février 1920-2 décembre 1922) qu’il avait contribué à financer.

A partir de 1920 Emidio Recchioni allait surtout se consacrer à la lutte contre l’arrivée au pouvoir des fascistes, critiquant les réticences tant des communistes, des socialistes que des anarchistes à répondre à la violence fasciste par une violence analogue. Avec les compagnons Decio Anzano, Antonio Galasso, Silvio Corio, Pietro Gualducci et Vittorio Taborelli il fondait le journal Il Comento (Londres, au moins 6 numéros du 10 septembre au 26 novembre 1924) dont le rédacteur responsable était Vittorio Taborelli et fut sans doute avec Anzani et Allessandro Magri à l’origine de la fondation de la section de Londres de la Ligue italienne des droits de l’homme (LIDU). En 1927, selon la police, il aurait appartenu à la loge maçonnique I Druidi qui regroupait de nombreux antifascistes de la colonie italienne.

Outre des contacts avec Emma Goldman, Georges Orwell et Sylvia Pankhurst, Emidio Recchioni entretenait des relations étroites avec les compagnons réfugiés en France et particulièrement avec Dino Rondani et Camillo Berneri dont la fille Maria Luisa épousera son fils Vero. En 1931, pour éviter les possibles persécutions et une éventuelle expulsion, il acquérait la nationalité britannique.

A la fin des années 1920 et au début des années 1930 il allait participer au financement d’un grand nombre d’attentats contre Mussolini : en 1929 il fut impliqué dans un projet d’attentat à la Société des nations de Genève organisé par C. Berneri : en 1931 il fut considéré comme le responsable d’un complot organisé par Francisco Barbieri et Vindice Rabiti, au financement du passage en Italie de Michele Schirru et en décembre, avec Berneri, d’avoir préparé une incursion en avion poir aller bombarder la résidence de Mussolini à Rome. Après l’attentat manqué de Sbardellotto contre le Duce en 1932, il fut accusé dans le quotidien The Daily Telegraph d’avoir été sous le pseudonyme Nemo le mandataire de l’attentat ce qui entraîna de la part du consulat italien une demande de dénaturalisation et expulsion et surtout un boycott actif de son commerce lancé par les fascistes et son exclusion de la Chambre de commerce italienne qui l’amena pratiquement à la faillite. Pendant toute cette période il fut obligé de sortir armé pour pouvoir se défendre d’éventuelles agressions. Lors d’un procès en diffamation intenté au journal anglais, il obtint près de 1800 Livres de dommages et intérêts.

Atteint d’une maladie des cordes vocales qui l’empêchait parfois de parler pendant des mois, Emidio Recchioni décédait le 31 mars 1934 à Neuilly-sur-Seine au cours d’une opération de la gorge.

Outre les titres cités, E. Recchioni avait également collaboré à La Protesta et à L’Adunata dei refrattari (New York).


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