Dictionnaire international des militants anarchistes
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BONOMINI, Ernesto “BACCHINI” ; “Antonio FALCELLI”
Né le 18 mars 1903 à Pozzolengo (Lombardie) – mort le 6 juillet 1986 - Meunier ; libraire ; tapissier décorateur - Italie – Paris – Lille (Nord) - Bruxelles – Suisse – Espagne – New York
Article mis en ligne le 10 juin 2011
dernière modification le 26 octobre 2023

par R.D.
Ernesto Bonomini

Ernesto Bonomini, qui avait commencé très jeune à fréquenter les milieux socialistes et avait été poursuivi en Italie pour antimilitarisme et propagation de chants subversifs, avait émigré en France d’abord en Savoie (septembre 1922) où il travailla comme garçon de café puis à Choisy-le-Roi où il entra en contact avec des réfugiés anarchistes italiens et travailla comme manœuvre dans le bâtiment.
Peu avant son départ d’Italie, un jour qu’il traversait Pozzolengo avec une petite voiture chargée de farine, il avait été arrêté par une bande de chemises noires qui l’avaient obligé à crier "Vive le fascisme" puis l’avaient roué de coups de batons. Parallèlement sa demeure était l’objet de perquisitions incessantes.

Le 20 février 1924, à l’hôtel Savoie il tira sur le journaliste fasciste N. Bonservizi, responsable des groupes fascistes en France, qui décéda un mois plus tard des suites de ses blessures. Immédiatement arrêté et conduit au commissariat de la rue d’Amboise, où on avait trouvé dans sa poche un numéro du Libertaire quotidien, il avait déclaré : “Je suis anarchiste individualiste.Ayant travaillé comme manœuvre minotier en Italie et occupé divers emplois en France, je parvins à me faire embaucher au restaurant Poccardi, due les Boulevards, où un de mes collègues me désigna un jour monsieur Bonservizi… Dès ce moment ma résolution fut prise. Après avoir travaillé quelques jours chez Poccardi, je pus me faire embaucher le mercredi 13 février chez Noël Peters où je savais que le journaliste italien venait prendre ses repas… Anarchiste, je prends la responsabilité entière de mon acte” (cf. Le Libertaire, 22 février 1924).

Dans une déclaration en octobre 1924, Bonomini affirma avoir voulu venger « toutes les victimes du fascisme » et affirma également n’avoir aucune sympathie pour le communisme qui à Moscou persécutait également les anarchistes. Défendu par Maître H. Torrés, il échappa à la peine de mort et fut condamné le 23 octobre 1924 à huit ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour. Il fut interné à la maison de force de Melun puis à la Centrale de Riom en Auvergne. Le 21 juin 1928 il fut l’objet d’un arrêté ministériel d’expulsion.

Libéré le 22 février 1932, il écrivit dès le mois suivant un article dans le journal Lotta anarchica (Paris) où il déplorait les polémiques et divisions du mouvement anarchiste et appelait à un « front unique libertaire » contre l’ennemi commun. Arrêté quelques jours après, il fut expulsé et se réfugia d’abord en Belgique avant de pouvoir rentrer en France sous le nom de Bacchini et de travailler notamment à la Librairie moderne de Lille avec Umberto Marzocchi. Arrêté fin avril 1933 il était condamné le 4 mai à un mois de prison pour infraction à l’arrêté d’expulsion.

Dès sa libération il partait pour Paris où il résidait avec sa compagne Louisette Bled (ou Biel). Il fut chargé de la correspondance en français du nouveau bureau du Comité anarchiste en faveur des victimes politiques d’Italie qui avait été formé le 29 octobre 1933 lors d’une réunion dans une salle municipale à Puteaux. Les 11-12 novembre suivant il participa au congrès des réfugiés anarchistes italiens tenu à Puteaux et où fut fondée la Federazione anarchica dei profughi italiani. En avril 1934, après avoir participé aux funérailles d’Emilio Recchioni, il fut une nouvelle fois arrêté et mis dans un train à destination de la Belgique, mais dont il parvint à descendre pour aller se réfugier à Lille. Il participa également au Congrès anarchiste italien tenu à Paris à l’automne 1935. Il aurait également séjourné à Genève avant de gagner Marseille au printemps 1936.

En juillet 1936 il fit partie du premier groupe de compagnons italiens – dont C. Berneri, Bifolchi, Girotto, Perrone, Fantozzi, etc. – qui avec l’aide de Pasotti passa en Espagne pour y participer à la lutte. Dès août il fut chargé, avec notamment Renato Castagnoli, Celso Persici, Bruno Bonturi, Ludovico Rossi et Francesco Barbieri, par la Fédération anarchiste ibérique (FAI) de contrôler à la frontière de Port Bou l’entrée des volontaires étrangers. Il collabora à cette époque à Guerra di classe (Barcelone), au Libertaire (Paris) où en octobre 1936 il publia un hommage à Émile Cottin qui venait d’être tué à Farlete, et à Rébellion (Bruxelles, 1937). Dès avril 1937, il fit partie des compagnons qui dénoncèrent l’offensive anti anarchiste des staliniens et les arrestations de plusieurs compagnons italiens. Lors des évènements de mai 1937, il échappa à une liquidation physique et continua de dénoncer dans Guerra di classe les assassinats et la contre révolution stalinienne.

A son retour d’Espagne fin 1937 ou début 1938, il gagna Paris sous la fausse identité de Antonio Falcelli (ou Fancelli). Après avoir participé à diverses réunions, il fut arrêté en juin 1938 et fut condamné le 26 juillet à un an de prison pour « usage de faux papiers » » qu’il purgea à Fresnes puis à Rouen.

A sa libération le 2 mars 1939, Bonomini qui avait été intégré au syndicat des correcteurs, était immédiatement arrêté et transféré à Paris puis interné au camp de rassemblement des étrangers à Rieucros près de Mende (Lozère) dont il parvint à s’évader fin avril avec le compagnon Giuseppe Picone Chiodo. Il gagna alors la Belgique où Mario Mantovani, Giuseppe Bilfolchi et Vittorio Cantarelli l’aidèrent à obtenir de faux papiers et notamment un passeport cubain avec lequel il put s’embarquer pour le Canada. Il passa ensuite aux États-Unis et fut accueilli à New York par les compagnons de L’Adunata dei refrattari. Bonomini collabora à la presse libertaire sous le pseudonyme de Dick Perry et travailla ultérieurement comme décorateur à Hollywood.
En 1946 il était semble-t-il à São Paulo. Ernesto Bonomini est décédé à Miami (Floride) le 6 juillet 1986.


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