Né dans une famille de paysans pauvres d’Ukraine, Trofim Vdovichenko, après des études primaires, avait adhéré en 1910 au groupe anarchiste communiste de Novospasovka dont faisaient entre autres partie Victor Belach, Vassily Kurilenko, Luca Bondarets, Filipp Goncharenko, Vladimir Protsenko et Fomenko. Mobilisé en 1914, il fut envoyé sur le front où en 1917 il devenait le secrétaire du Comité révolutionnaire du régiment.
Fin 1917 il retournait à Novospasovka où il reprenait ses activités dans le groupe anarchiste. Au moment de l’invasion allemande de la région en mai 1918 il organisait un groupe de partisans qui, à l’automne, rejoignait la Makhnovtschina. Délégué au congrès tenu par les Makhnovistes les 3-4 janvier 1919, il était nommé commandant du premier régiment insurgé (Régiment Novospasovsky) qui pendant l’hiver et l’été 1919 allait combattre contre les troupes de Denikine. Selon Archinov « il était extrêmement populaire et apprécié des paysans de la région de la mer d’Azov et des insurgés ».
Lors de la rupture de l’alliance entre Makhnovistes et bolchéviques il restait au front et en juillet 1919 son régiment était intégré à l’armée rouge. En août 1919, après avoir refusé d’obéir aux ordres bolchéviques d’abandonner l’Ukraine, son régiment rejoignait les Makhnovistes. Lors de la bataille à Uman, le 27 septembre, son détachement avait complètement détruit un régiment lithuanien et fait prisonnier deux divisions cosaques. Puis poursuivant l’armée de Denikine il s’était emparé de nombreuses villes dont Aleksandrov, Tolmak, Berdiansk, Novospaskova, Mariopol, etc. Lorsqu’à la fin du mois d’octobre l’armée de Denikine commença une offensive sur Moscou, les Makhnovistes se retirèrent sur la rive droite du Dniepr près de Nikopol.
Lors du congrès tenu en novembre 1919 par la Makhnovtschina il fut élu au Conseil militaire révolutionnaire makhnoviste et commandant du 2e corps d’Azov. Fin décembre 1919 il participait à la reprise d’Aleksandrov aux troupes blanches. En janvier 1920, suite à la tentative des bolchéviques de désarmer les Makhnovistes qui contrôlaient le district, Vdovichenko se rendait à Novospasovka pour y convaincre les camarades du groupe anarchiste, majoritairement pro soviétiques, d’organiser immédiatement les paysans en unités combattantes pour se défendre contre les actions punitives menées par les bolchéviques. En mai 1920 pour échapper à cette répression, le groupe anarchiste de Novospaskova rejoignait l’armée Makhnoviste.
Pendant tout l’été et l’automne 1920 Vdovichenko allait mener une guérilla anti bolchévique dans la région de Mariopol et de Berdiansk. Après la nouvelle alliance conclue en octobre 1920 entre bolchéviques et Makhnovistes, il se rendit à Goulai Polié pour s’entretenir avec l’état major de la Makhnovtschina puis revint dans la zone Berdiansk-Mariopol pour y organiser la résistance. Après la rupture de cette nouvelle alliance, il participa aux combats contre les unités de l’armée rouge et aux négociations entre Makhno et Mironov, commandant de 2e régiment de cavalerie rouge qui se rallia aux Makhnovistes.
En janvier 1921 il fut grièvement blessé lors d’un affrontement avec l’armée rouge et le 17 février, fut évacué par un petit détachement à Novospasovka pour y être soigné. En avril 1921 il fut surpris avec son camarade le paysan Matrosenko par un détachement bolchévique. Les deux hommes, après d’être défendus, décidèrent de se suicider. Tandis que Matrosenko décédait immédiatement, Vdovichenko n’était que grièvement blessé. Capturé et soigné par les bolchéviques il était emprisonné à Aleksandrov où il fut torturé et où on tenta vainement de le faire signer une déclaration où il renoncerait et dénoncerait les Makhnovistes. Après avoir refusé ces propositions à plusieurs reprises, Trofim Vdovichenko fut fusillé par la Tchéka en mai 1921.
Nick Heath