Dictionnaire international des militants anarchistes
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CASERIO Santo, Geronimo.
Né le 9 septembre 1873 à Motta-Visconti (Lombardie) - guillotiné le 16 août 1894 - Ouvrier boulanger - Milan - Lyon (Rhône) - Vienne (Isère) - Sète (Hérault)
Article mis en ligne le 28 décembre 2010
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Santo Caserio

Santo Geronimo Caserio était l’avant-dernier d’une famille de cinq enfants. Son père était batelier. D’abord apprenti cordonnier dans son village, le jeune Santo, ne voulant pas être à la charge de sa mère, travailla ensuite chez un boulanger de Milan. Il devint anarchiste vers l’âge de dix-huit ans, à l’époque du procès de Rome contre près de 200 compagnons arrêtés après les manifestations du 1er mai 1981. Il organisa alors à Milan le groupe A pe (Sans rien) qui distribuait à la Bourse du travail du pain et de la propagande aux chômeurs. Accusé d’avoir distribué des tracts antimilitaristes à la porte des casernes, il fut arrêté le 26 avril 1892 et lors du procès fut condamné à 12 mois de prison, peine réduite en appel à 8 mois. Laissé en liberté provisoire, il quitta Milan vers le printemps 1893 pour échapper à l’incarcération et au service militaire. Il gagna la Suisse et séjourna trois mois à Lugano. Puis il passa en France et, le 21 juillet 1893, il arriva à Lyon où il fréquenta l’anarchiste Sanlaville et travailla un temps comme portefaix.

De Lyon, il se rendit à Vienne (Isère) où il avait trouvé un emploi d’ouvrier boulanger, puis à Cette (Hérault), cù il s’embaucha à la boulangerie Viala et fut fiché par la police comme « anarchiste assez militant » mais considéré comme « pas dangereux » par le Préfet de l’Hérault. A Cette il fréquentait le Café du Gard, lieu de réunion des anarchistes locaux, était en contact avec Saurel l’un des militants les plus connus de la localité et recevait de nombreux périodiques dont Le Père Peinard de Pouget, La Révolte de Jean Grave et L’Insurgé publié à Lyon. C’est dans cette ville que germa dans son esprit l’idée d’accomplir « un grand exploit » et de venger Ravachol et Auguste Vaillant qui avaient été guillotinés respectivement le 11 juillet 1892 et le 3 février 1894. Ayant appris la prochaine visite du président de la République à Lyon, il décida brusquement que ce dernier serait la victime et prit toutes dispositions pour mener à bien son projet. Le 23 juin 1894, dans la matinée, il acheta un poignard chez un armurier de Cette, et l’après-midi gagna Montpellier. De là, par chemin de fer, il se rendit à Vienne et c’est à pied qu’il arriva à Lyon, le 24 juin dans la soirée. Le 28 juin 1894, à Lyon, au cours d’une visite officielle faite à l’occasion de l’Exposition universelle, Sadi Carnot, président de la République, était frappé à mort par le jeune anarchiste italien, Caserio. En portant son coup de poignard, le meurtrier s’était écrié : « Vive la Révolution ! » puis « Vive l’Anarchie ! » avant d’être arrêté. Le lendemain, la veuve de Sadi Carnot recevait une photographie de Ravachol, expédiée par Caserio avec ces simples mots « Il est bien vengé ».

Après son arrestation, Caserio avait été conduit au commissariat de la rue Molière où il avait été entièrement déshabillé et où, au Préfet qui l’avait interrogé, il n’avait donné que son nom, refusant “énergiquement toute espèce d’explication” et qu’il exposerait “devant le jury le motif de son acte” (cf. La Sociale, 16 août 1896). Il avait ensuite été transféré à la prison Saint-Paul où il fut constamment emprisonné dans une camisole de force.

Santo Caserio

Le 3 août, il comparaissait devant la cour d’assises du Rhône et, après un procès qui avait duré une douzaine d’heures et un délibéré de quelques minutes il était condamné à mort. À ses juges, Caserio affirma avoir agi de sa propre initiative et, reprenant son avocat commis d’office, avait déclaré : « Eh bien si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non… Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la ! » ; il accueillit sa condamnation au cri de « Vive la révolution sociale ». Á sa mère il écrivit : « Oh ma chère mère, ne pensez pas mal de moi ! Mais pensez que si j’ai commis cet acte, ce n’est pas que je sois devenu un malfaiteur… Si j’ai commis cet acte, c’est parce que j’étais las de voir le monde aussi infâme ».

Le recours en grâce fut refusé par le nouveau Président Jean Casimir-Perier et Santo Caserio fut guillotiné à Lyon le 16 août à quatre heures et demie du matin. Aux pieds de la guillotine, installée près de la prison Saint-Paul et à la foule qui était venue assister à l’exécution, il s’était écrié en italien « Courage camarades, vive l’anarchie ! »

Le 15 août 1896, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Caserio, Le Libertaire (n°40) avait publié un article biographique qui entraina sa saisie, l’arrestation de son administrateur Guyard condamné à 1 an de prison pour "apologie du crime de Caserio".


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