Dictionnaire international des militants anarchistes
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ARRIGONI, Enrico “CIRIACO” ; “Frank BRAND” ; “Harri Goni”
Né à Pozzuolo Martesana (Milan) le 20 février 1894 – mort le 7 décembre 1986 - Ouvrier boulanger ; ouvrier métallurgiste ; ouvrier du bâtiment - Milan – Genève, La Chaux-de-Fonds, Lucerne & Zürich (Suisse) – Berlin – Russie – Buenos Aires - Paris – La Havane (Cuba) - New York
Article mis en ligne le 25 novembre 2010
dernière modification le 14 septembre 2023

par Gianpiero Bottinelli, R.D.

Fils de Luigi et Giuseppina Bianchi, Enrico Arrigoni avait commencé à travailler dès l’âge de 14 ans à Milan où, à l’automne 1909, il participa aux manifestations contre l’exécution de F. Ferrer en Espagne et entra en contact avec les milieux anarchistes. Il milita alors dans un groupe de jeunesses anarchistes où il se lia particulièrement à Francesco Ghezzi, Ugo Fedeli et au couple Giuseppe Monani- Leda Rafanelli.

Á la déclaration de guerre il participa à toutes les manifestations et à de violents afrontements avec les partisans de l’intervention. Appelé sous les drapeaux en avril 1916, il fut affecté dans une usine militarisée où il continua de faire de la propagande antimilitariste ; après avoir organisé une grève, déserta avec Francesco Ghezzi, s’enfuit en Suisse où, à Genève, il entra en contact avec le groupe publiant Le Réveil. En septembre 1916 il fut arrêté suite à une manifestation contre la guerre et fut condamné à trois mois de prison. Une grève de la faim et une campagne organisée par L. Bertoni lui évita alors d’être expulsé. Libéré en novembre avec entre autres Dario Fieramonte, E. Leonardi et Fedrico Ustori, il quitta Genève (expulsé du Canton le 2 septrembre 1916) et alla travailler à La Chaux-de-Fonds, Lucerne comme tourneur dans une usine, puis Zürich. Selon lui il y avait alors plusieurs centaines de déserteurs italiens en Suisse, dont la moitié étaient des militants anarchistes.

Á la fin 1917 il participait à une nouvelle manifestation contre la guerre. Début 1918, pour éviter d’être interné comme tous les déserteurs étrangers, il partait pour la Hollande mais était arrêté à Karlsruhe en Allemagne et était emprisonné plusieurs semaines. Puis il s’installait à Berlin où, il survivait en jouant du violon dans les rues, et où en 1919 il participait à la révolution spartakiste et notamment à l’occupation des locaux du journal Vorwaerts. En juin 1919, lors du procès en Suisse de l’affaire des bombes de Zürich, il était jugé en contumace mais était acquitté.

Après l’échec du mouvement des conseils en Allemagne, il partait pour l’URSS avec Mario Mantovani. Tous deux y étaient arrêtés sous l’inculpation « d’espionnage », mais parvenaient à être libérés grâce à l’intervention d’Angelica Balabanoff qu’ils avaient connu en Suisse. Ils furent alors rapatriés en Italie, où en juillet 1921 Arrigoni reprenait son militantisme sous le nom de Brand. Plusieurs fois arrêté par la police qui constatait qu’il avait le corps « couvert de tatouages… de cicatrices d’armes à feu » et qu’il prétendait « avoir perdu la mémoire », il fut condamné à plusieurs mois de prison avec sursis. Aussitôt Arrigoni reprenait le chemin de l’exil et gagnait l’Argentine - où il auraot partagé une chambre avec Diego Abad de Santillan et Kurt Wilckens - puis en 1922 les États-Unis dont il fut rapidement expulsé vers l’Italie. Lors d’une escale en France, il parvenait à s’évader et à gagner Paris où il allait rester une année avant de partir pour Cuba où il collabora notamment à l’hebdomadaire Tierra !

Au bout de quelques mois, il regagnait les États-Unis en 1924 et s’établissait à New York où il allait vivre illégalemùent jusqu’en 1928 et travaillrt comme tourneur. Il y milita dans les groupes de langue italienne (Circolo Volontà), espagnole et anglaise, collabora à L’Adunata dei Refrattari, Cultura Obrera, Road to freedom et fut l’éditeur de la revue individualiste Eresia di oggi e di domani (New York, 11 numéros en deux séries, avril 1928- janvier 1932). Il collabora également au journal de Carlo Tresca Il Martello (New York, 1916-1946), à Intesa Libertaria et à l’édition américaine de L’Unique de Stirner dont la couverture fut dessinée par Fermin Rocker.

En 1937 il partit pour l’Espagne et resta plusieirs mois à Barcelone avant de rentrer définitivement aux États-Unis. Après la Seconde guerre mondiale, il continua à se réclamer de l’anarchisme individualiste : « Je suis probablement le seul individualiste qui reste parmi les anarchistes italiens aujourd’hui » aimait il à dire. Membre du Libertarian Book Club de New York, auquel il léguera ses collections d’opéra et ses livres, il publiera également plusieurs ouvrages et collaborera à la Revue anarchiste Controcorrente (Boston, 1957-1967).

Dans les années 1960, ce fut lui qui traduisit en italien les articles du compagnon cubain Manuel Ferro Trigo sur la “réalité politique et sociale cubaine” dénonçant la main mise des communistes et de Castro sur la Révolution et le mouvement ouvrier, articles à l’origine d’une polémique dans le mouvement anarchiste international plutôt favorable à la Révolution cubaine et qui entraînèrent la marginalisation du Mouvement libertaire cubain accusé de faire le jeu des intérêts américains.

Enrico Arrigoni est décédé à New York le 7 décembre 1986.

Il est l’auteur d’une autobiographie “Freedom, my dream”.


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