Dictionnaire international des militants anarchistes
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Né à Vevey (Suisse)
ILLI, Gaston
Livreur de charbon ; laveur de vitres ; ouvrier métallurgiste – CGTSR - Lyon (Rhône) - Genève
Article mis en ligne le 5 novembre 2010
dernière modification le 27 octobre 2023

par Claire Auzias, R.D.

Après que sa mère ait abandonné le domicile conjugal quand il avait huit ans, Gaston Illi avait été confié à une tante qui se livrait à la boisson et, après s’être battu avec un instituteur, fut finalement confié à l’Assistance publique. Il fut placé, à lâge de 13 ans, pour travailler chez des paysans du canton de Zürich où la prédominance de la langue allemande contribua un peu plus à perturber le jeune garçon élevé dans la langue française.

Après le décès de son père, monteur électricien qui avait travaillé tour à tour en Suisse, en France et à Barcelone, Gaston Illi était venu dans la région lyonnaise en quête de travail. Il allait y rester et militer pendant une vingtaine d’années.

Vers 1925 il adhérait au groupe libertaire qui se réunissait au local de la rue Marignan dans le quartier de la Guillotière : « C’était une petite ruelle vers la place du pont. c’était un pied-à-terre ; on se chauffait là, et puis, alors, on se réunissait le vendredi et le dimanche ». Il y fut responsable pendant de nombreuses années des services de presse du groupe dont Paul Massoubre était le trésorier. Il participa activement à cette époque à la campagne et aux manifestations en.faveur de Sacco et Vanzetti ainsi qu’aux campagnes abstentionnistes menées par les libertaires lors des diverses élections. Fervent naturiste, Il fréquentait également les foyers et les restaurants végétaliens locaux, participait aux sorties champêtres organisées par les compagnons. Il faisait également partie des Amis de la Nature –une organisation para communiste où il portait parfois la contradiction – et.à la Société mycologique de la rue de Sèze (6e arr.) ce qui l’amenait fréquemment à aller à la cueillette des champignons dans la campagne lyonnaise.

Gaston Illi qui travaillait comme livreur de charbon-encaisseur pour la Compagnie des mines de Blanzy utilisa à plusieurs reprises des formes de résistances illégales (perruque et macadam). C’est ainsi qu’il organisa ce qu’il nommait l’opération « le compte et demi » qui consistait à livrer des quantités incomplètes de charbon, puis à revendre à moitié prix les sacs qui avaient été détournés. Il simula également un accident du travail dans lequel une chute dans un escalier devint « commotion cérébrale » grâce à un médecin compréhensif.

Les 15 et 16 novembre 1926 il assista au congrès de fondation à Lyon de la CGTSR où, se souvenait-il « il y avait le secrétaire de l’AIT, un juif… Sébastien Faure en observateur… Boudoux qui avait eu la gueule cassée à la Grange-aux-Belles. Il y avait Huart, puis Fourcade, Argence, Massoubre, Berthet, Journet, Valpin ; le vieux noyau du SUB –La Blédine, Peau d’âne, la Vipère, les deux frères Chabany, le Bulgare… ».

Illi travailla également à l’usine d’automobiles Berliet. Après un licenciement, il avait été accueilli par un vieux syndicaliste révolutionnaire, Prignol, qui, avec sa pension de guerre, avait acheté l’auberge La Cascade à Saint-Genis-les-Ollières. Après la mort de Prignol vers 1927, Gaston Illi fit venir à l’auberge de nombreux compagnons pour y passer des vacances ou pour des fêtes. La Cascade permettra également pendant la guerre à plusieurs compagnons de s’y réfugier.

Gaston Illi fut également membre du groupement de libre pensée intégrale « La Pensée libre » fondé en décembre 1927 et dont le responsable était Richard, un militant du SUB.

En 1934 il participait à plusieurs manifestations contre l’Action Française, dont l’une, Salle Rameau, donna lieu a des heurts violents.Au moment du Front populaire il travaillait comme laveur de vitres avec un autre compagnon : « Je gagnais plus qu’un ouvrier qualifié et je ne travaillais qu’une demi journée par jour ». L’expérience prit fin avec l’incarcération de son associé pour infraction à un arrêté d’expulsion datant de 1928.

En 1938 il adhéra à la section lyonnaise de la Solidarité internationale antifasciste (SIA).

Se définissant comme Proudhonnien, Gaston Illi défendait fortement le coopératisme : « J’estime qu’il faut travailler en coopérative, du producteur au consommateur », ajoutant « tout anar ne peut pas ne pas être coopérateur ».

Néo Malthusien convaincu il pratiqua de longues années et dans toute la France des avortements, tout en diffusant tous moyens contraceptifs et les ouvrages d’enseignement tels les livres de Gabriel Giraud Questions de population et L’avortement, ses procédés, ses dangers. Il devint également l’assistant du compagnon autrichien Norbert Bartosek (voir ce nom) qui, après avoir été poursuivi pour « stérilisation non autorisée », et avant d’aller à Bordeaux, s’était réfugié à Lyon où il fut accueilli par la famille Marsella (voir ce nom). Gaston Illi participa avec lui à plusieurs dizaines d’opérations de vasectomie effectuées le plus souvent dans l’arrière salle d’un café tenu par Antoine Lagrange, le secrétaire de l’union locale CGTSR. Vers la fin 1938 il fut arrêté et interné pendant huit mois à la prison Saint-Paul. Dès sa libération, et se sachant recherché, il regagna la Suisse où sa compagne vint le rejoindre à Genève et où le couple s’installa définitivement.

Gaston Illi avait vécu en union libre et avait eu un fils, qui lui fut confié lors de la séparation du couple, et qu’il éleva seul avec passion jusqu’à l’âge de six ans, puis, au début des années 1930, avec l’aide de sa nouvelle compagne.


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