Dictionnaire international des militants anarchistes
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BOUTEFEU Roger, André “COUDRY » ; « DURET” ; “Le PEDICULEUX”
Né le 5 octobre 1911 au Pré Saint-Gervais (Seine) – mort le 24 juillet 1992 - Sangleur de journaux ; ouvrier du bâtiment ; berger ; écrivain prolétarien - UA – CGT - Paris 20
Article mis en ligne le 17 août 2010
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.
Roger Boutefeu

Fils d’un caoutchoutier, Roger Boutefeu, avait eu une enfance miséreuse et fut très jeune sur le « trimard ». C’est sur la route qu’il avait eu ses premiers contacts avec des bucherons libertaires. Il demeurait à Paris avant la Seconde Guerre mondiale et travaillait comme sangleur dans une entreprise de presse. Il fut, en 1933, gérant de Rectitude, organe de la Ligue des objecteurs de conscience, fondée par G. Leretour, où il écrivait sous le pseudonyme de A. Duret.

Militant de la CGT de 1929 à 1936 puis de l’Union anarchiste (UA), il écrivit : “Je serais mprt à moi-même, à la vie, si je n’avais poussé la porte de la CGT et des milieux libertaires… Je dois à la CGT la connaissance. Aux milieux libertaires, la propreté”.

En 1935, son domicile, 22 rue des Chauffourniers, Paris 19e, figurait sur la liste de vérification de domiciles d’anarchistes.

Volontaire en Espagne à l’été 1936, il était notamment chargé avec Carpentier et Mercier Vega Ridel de la distribution sur le front du journal L’Espagne Antifasciste publié à Barcelone par André Prudhommeaux. il envoya plusieurs articles et comptes rendus au Libertaire et plusieurs feuillets de ses carnets du front avaient été publiés dans L’Espagne antifasciste à partir du 10 août 1936. Revenu en France après les affrontements de mai 1937 avec les staliniens, il participa “encore en tenue de milicien” le 20 mai à une réunion du groupe anarchiste du XIe arrondissement où, à propos de ces évènements, il déclara : “Les évènements de Barcelone montrent d’une façon éclatante comment les partis bourgeois savent se servir des prolétaires pour se maintenir au pouvoir. Après que les communistes eurent fait tirer dans le dos des ouvriers, il s’est constitué in gouvernement dont l’élément révolutionnaire - CNT et UGT - a été exclu. Cette opération a pour but de rassurer les possédants et de permettre la conservation de la propriété privée. Cela est voula par la France et l’Angleterre qui tremblent de voir la route du Maroc et des Indes perdue pour elles. Sous prétexte de désordres, les staliniens s’installent en maîtres en Catalogne, mais les héros de la CNT, de l’UGT, de la FAI et du POUM, sauront poursuivre la lutte”.

Il fut, de septembre 1937 à août 1938, gérant du Libertaire et, en 1939, membre de la commission administrative de l’UA. Il fut également un des secrétaires de la Jeunesse anarchiste et comptait parmi les orateurs du mouvement qui intervenait régulièrement dans les meetings de l’UA et des Jeunesses. Il demeurait à cette époque 83 rue de Belleville (Paris 20). En 1938, avec Georges Gourdin il fut le responsable du bulletin L’Exploité (Paris, n°1, 17 mars 1938) organe des groupes d’usines de l’Union anarchiste, dont un deuxième numéro devant paraître le 8 avril n’a pas été retrouvé.

Condamné en janvier 1939 à douze et dix-huit mois de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance dans le but de propagande anarchiste », il se convertit au catholicisme pendant sa détention à la prison de la Santé. Il écrivit par la suitet plusieurs ouvrages où il raconta sa joie d’avoir " rencontré Dieu " (cf. Je reste un barbare, 1962 et Journal du barbare, 1972). Lors d’un entretien au CIRA de Marseille en 1980, il justifiait sa conversion par une vision qu’il aurait eu à sa sortie de prison : il aurait soudainement apperçu le visage du Christ dans le fessier d’une demoiselle qui marchait devant lui !

À sa sortie de prison le 2 septembre 1939, et contrairement à ce que dit Maitron, il ne semble pas s’être rallié par la suite au pétainisme.

A la Libération il collabora à la revue Maintenant (Paris, 1945-juin 1948, 10 numéros) fondée par Henry Poulaille, puis aux Cahiers du peuple (Paris, 1946-1947, 3 numéros) fondés par Michel Ragon.

En 1949, R. Boutefeu résidait à La Tanche (Isère). Marié au Pré-Saint-Gervais (Seine) le 17 juillet 1937 avec Lucie Couture puis à Paris (XVIIe arr.) le 26 novembre 1949 avec Jacqueline Baudouin, et père de six enfants, il mourut à Agey (Côte-d’Or) le 24 juillet 1992.

Renouant avec le christianisme social, Roger Boutefeu écrivait : “Charnellement, je suis lié aux faibles, aux exploités, sprituellement lié à leur âme collective, à leur idée de vie. La volonté de faire avancer l’heure de la justice, de la paix et de la fraternité me tient debout… Le fait d’être de l’Egilse, d’en faire partie intégrée et intégrante n’y change rien : le peuple est proche du Seigneur. Je ne puis aimer les pauvres et avaliser un système économique et social qui en fabrique par millions”.

Boutefeu que Michel Ragon qualifie d’appartenir à une espèce rare “un écrivain prolétarien chrétien” présentait “l’originalité d’être en plus d’un remarquable écrivain, l’un des meilleurs écrivains ouvriers de cet après-guerre, avec Navel” (cf. M. Ragon, op. cit.)

Œuvres : - Veille de fête (1950, autobiographie sur sa jeunesse et sa période anarchiste) ; - Mur blanc (Seuil, 1965, roman sur son expérience espagnole) - Je reste un barbare (1962) & Journal du Barbare (1972) sur sa conversion.


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