Dictionnaire international des militants anarchistes
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Né en 1839 - mort dans l’Iowa (USA) le 4 avril 1892
THOMAS, Jules
Apiéceur – Paris – New York
Article mis en ligne le 6 mars 2010
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.

Communiste icarien, Thomas soutint financièrement la colonie de Nauvoo durant les premières années du second Empire. Vers 1863, il exprima l’intention de rejoindre la colonie cabétiste de Cheltenham (Missouri), mais l’échec de cette dernière le convainquit de la difficulté qu’il pouvait y avoir à tenter de réaliser le communisme sur une petite échelle.

Au lendemain de la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il fut membre du Comité de vigilance du XIXe arr. de Paris. Aux élections de la Commune, il fut l’un des promoteurs dans son arrondissement de la candidature de Menotti Garibaldi, élu le 16 avril. Appartenant à un bataillon bourgeois de la Garde nationale, il le quitta pour rejoindre le 88e fédéré et fut élu délégué de la 2e cie. Il combattit à Neuilly. Quand ses camarades insistèrent pour qu’il accepte un grade, il leur répondit : « Je suis ici pour me battre, non pour des galons. »

Réfugié à New York dès 1872, proche de la mouvance blanquiste, il signa la protestation des réfugiés contre la proposition de préparer une contre-enquête officielle favorable à la Commune. Durant les mois qui suivirent, J. Thomas apparut comme l’un des plus fidèles compagnons d’armes de Mégy. En novembre 1872, il signa avec ce dernier et Crosse une lettre protestant contre l’élection de Gustave May au poste de trésorier national de la souscription en faveur des veuves et des orphelins des combattants de la Commune et invitant les réfugiés de la Commune présents à New York à se réunir pour en discuter ; cette initiative devait être à l’origine de la constitution de la Société des réfugiés. En février 1873, il fut nommé membre de la commission de contrôle du Socialiste en remplacement de Faive, responsabilité dans laquelle il fut reconduit en avril suivant.

En 1874, il collabora avec Mégy, Mazeau, Crosse, Édouard David et Ollivier au lancement de la très blanquiste Revue sociale, laquelle cessa de paraître au bout de quelques numéros.

Le 30 mars 1876, il assistait à une réunion de proscrits de la Commune qui se tint à Husch’s Hall, 123 Houston str, New York, présidée par Fondeville et où fut examinée l’accusation contre les frères May. Il déclara à cette occasion « Je suis toujours l’ami de Mégy », et il donna également lecture d’une lettre reçue de Benjamin Flotte, alors à San Francisco.

Quelques semaines plus tard, il fut en tant que membre du comité exécutif du Groupe communiste-révolutionnaire de New York, l’un des signataires du manifeste d’inspiration blanquiste adressé aux Communards proscrits et autres révolutionnaires :

« Dans l’armée de la Révolution, les moyens les plus efficaces à employer pour l’extermination complète de la bourgeoisie, les meilleurs armes pour se défendre contre les agressions et les pièges de ses valets sont : les représailles, l’immolation impitoyable de tous nos ennemis, la destruction de leurs palais et de leurs propriétés par l’incendie

« Avec le dernier prêtre disparaîtra le dernier vestige de l’oppression et de la misère. Le moment approche où les événements vont nous faire surgir sur le terrain de la revanche pour la dernière lutte et la victoire définitive.

« Communistes, athées, révolutionnaires, serrons les rangs. Qu’un parti plus sacré que celui de la Sainte-Alliance nous unisse pour marcher à la conquête du pouvoir politique pour l’extermination complète des jésuites de la bourgeoisie. »

Les autres réfugiés de la Commune signataires de ce texte étaient J. Baron J., Blein-Montreinal, L. Crosse, Henri Hanser, Benjamin Robinet et L. Willermain.

Il figura encore parmi les 54 signataires de la lettre qu’adressèrent le 31 décembre 1877 les communistes new yorkais aux membres de la communauté icarienne à la demande de Sauva. L’année suivante, il fut nommé trésorier du comité chargé par la Société des Réfugiés de la Commune de préparer la cérémonie anniversaire du 18 mars à New York. Le 31 août, il assistait à une réunion de la Société des réfugiés qui se tint à New York, réunion au cours de laquelle Hanser mit Mégy en accusation pour sa grossièreté et ses fanfaronades. Il fut encore l’un des orateurs lors de la célébration de l’anniversaire du 18 mars à New York en 1885.

Au début des années 1880, il fut gagné aux idées anarchistes par un compagnon nommé Denivelle et par la lecture des Paroles d’un Révolté de Kropotkine, qui l’enthousiasmèrent. En 1885-86, il était l’un des diffuseurs du journal d’É. David, la Torpille (Newfoundland, novembre 1885-mars 1887) publication memsuelle destinée aux travailleurs de langue française au Canada et aux États-Unis. Il habitait alors 166, Bleeker str., New York.

Exerçant le dur métier d’apiéceur, il se ruina la santé. Maladif, il se retira dans une petite localité de l’Iowa et, délaissant son métier exténuant, il se borna dans un premier temps à nettoyer et réparer les vêtements. Ayant voulu acheter une maison, il s’endetta lourdement et se tua littéralement à la tâche pour faire face aux échéances. Il mourut à l’âge de 53 ans le 4 avril 1892.

Un de ses amis communards réfugié à New York déclara au lendemain de sa mort : « De tous les hommes que j’ai connu depuis la chute de la Commune, c’est notre cher ami qui m’a laissé la meilleure impression ; nul n’était plus honnête, plus modeste, plus convaincu que lui »


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