Dictionnaire international des militants anarchistes
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TARATOUTA, Olga “BABUSHKA" ; "VALIA" ; "TANIA” [RUVINSKAIA, Elka dite]
Née à Novodmitrovka (Ukraine) le 21 janvier 1876 (?) - fusillée le 8 février 1938 - Institutrice -Odessa – Ekaterinoslav - Kiev (Ukraine) - Moscou
Article mis en ligne le 17 février 2010
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.
Olga Taratouta

Née dans une famille juive au village de Novodmitrovka, près de Kherson, où son père tenait un petit commerce, Olga Taratouta, de son vrai nom Elka Ruvinskaia, fut l’une des pionnières de l’anarchisme en Russie.

Nommée institutrice après ses études, et suspectée d’avoir des activités politiques, elle fut arrêtée une première fois en 1895. En 1897 elle rejoignait le groupe social démocrate d’Elsabethgrad animé par les frères A. et I. Grossman qui devinrent par la suite anarchistes. L’année suivante elle était membre du comité local du parti social-démocrate et de l’union des ouvriers du sud de la Russie. En 1901 elle émigrait en Allemagne puis en Suisse où elle allait rencontrer Lénine et Plekhanov, travailler pour le journal Iskra et où, en 1903 elle devenait anarchiste communiste.

Revenu à Odessa en 1904, elle adhérait au groupe influencé par le théoricien socialiste polonais Jan W. Makhaïski. Arrêtée en avril 1904, elle fut relâchée faute de preuves. C’est à cette époque qu’elle adhéra au groupe anarchiste communiste d’Odessa où sous le pseudonyme de Babushka. elle organisa avec quelques camarades les premiers groupes dans le sud du pays. De nouveau arrêtée début octobre 1905, elle bénéficia de la mesure d’amnistie prise ce même mois. Devenue membre du détachement armé anarchiste communiste d’Ekaterinoslav, en décembre 1905 elle participait à Odessa à l’attentat contre le café Liebman ce qui lui valut d’être condamnée à 15 ans de travaux forcés. Elle s’évadait le 15 décembre de la prison d’Odessa et gagnait Moscou où elle reprenait ses activités illégales au sein du groupe anarchiste communiste Buntar (Rebelle).

Á l’automne 1907, elle regagnait Ekaterinoslav, Kiev puis Odessa où elle préparait divers attentats contre le général A. V. Kaulbars gouverneur de la région militaire, contre le général Tolmachov gouverneur d’Odessa et contre le tribunal de la ville. Fin février 1908 elle allait à Kiev pour participer à l’attaque de la prison Lukaniovka et organiser l’évasion des anarchistes qui y étaient détenus. Alors que tous les membres du groupe étaient encerclés, elle parvenait à s’échapper et gagnait Ekaterinoslav où elle était arrêtée et était condamnée en 1909 à vingt ans de travaux forcés.

Libérée en mars 1917 par la Révolution, elle se consacra à son fils qu’elle avait laissé enfant et qu’elle retrouvait adulte. Parallèlement elle s’investissait dans la Croix rouge de Kiev où, lors de la réaction de l’hetman en 1918, elle allait aider de très nombreux révolutionnaires de tous les partis y compris bolchéviques. En 1919 elle s’installait à Moscou et participait en juin 1920 à l’organisation du mouvement anarcho-syndicaliste Golos Trouda.

Fin septembre 1920, à la suite de l’accord passé entre les Makhnovistes et les bolchéviques, elle retournait en Ukraine où, à Goulaï Polié, les Makhnovistes lui remirent cinq millions de roubles qui allait lui permettre d’organiser la Croix noire anarchiste.

Le 26 novembre 1920, alors qu’elle était à Kharkov pour participer à la Conférence anarchiste prévue pour le 1er décembre, elle fut arrêtée avec près de 300 compagnons et transférée en janvier 1921 à la prison Boutyrki de Moscou. Elle fut au nombre des prisonniers anarchistes qui furent autoriser à assister aux funéraille de Kropotkine. Les bolchéviques lui proposèrent à plusieurs reprises de la libérer si elle s’engageait à ne plus avoir d’activité politique, ce qu’elle refusa.

Le 26 avril 1921, lors du transfert des anarchistes de la prison Boutyrki, elle fut rouée de coups par les tchékistes. Internée à Orel, elle y fit, avec d’autres camarades, une grève de la faim de onze jours à l’été 1921. Atteinte de scorbut, elle perdit toutes ses dents et eut la santé complètement ruinée. Dans une de ses dernières lettres envoyée aux compagnons à l’étranger, elle écrivait que « un an et demi de prison soviétiste » lui coutère « plus de vie que les dix ans de travaux forcés du temps tsariste ». Elle fut ensuite déportée pour deux ans dans le gouvernement de Vologda.

Libérée en 1924, elle retournait à Kiev où elle fut brièvement arrêtée pour "propagande anarchiste" et, avant la fin de l’année, s’installait à Moscou. Elle participait en 1927 à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti et les années suivantes, écrivit de nombreuses lettres poir tenter d’organiser une campagne en faveur des anarchistes emprisonnés en Union soviétique. En 1929 elle allait à Odessa où elle participait avec les anarchistes de la ville au réseau clandestin d’introduction en URSS de propagande anarchiste. Arrêtée sous l’accusation d’avoir organisé des "cellules anarchistes chez les cheminots", elle fut condamnée à deux ans dans un isolateur politique.

Libérée en 1931 elle retournait à Moscou et devenait membre de l’Association d’anciens prisonniers politiques et exilés. Elle fut de nouveau arrêtée en 1933 et condamnée.

En 1937 elle travaillait à Moscou comme ouvrière dans une usine métallurgique. A l’automne 1927, suite à l’arrestation de deux compagnons dont Varchavsky (voir ce nom) elle envoyait une lettre de protestation à la Guépéou : “Les pratiques honteuses des persécutions continuelles des persécutions con, tre les anarchistes pendant ces dix années, ont fait de vous des criminels, et ceci au point de vue des lois que vous avez créées vous mêmes… " Constatant qu’elle même n’avait pas été arrêtée pou la difusion du même manifeste (dénonçant l’exploitation de l’affaire Sacco-Vanzetti par les autorités), elle ajoutait : “Vous avez peur que l’appel ne se propage parmi les masses, vous avez décidé de vous venger sur deux victimes innocentes. Mais je déclare catégoriquement que le fait scandaleux, incomparable sera porté à la connaissance des ouvriers. Vous pouvez croire que j’utiliserai tous les moyens possibles et impossibles pour que ma voix soit entendue des masses. Je connais bien les conséquences que peut avoir ma déclaration… Vous non plus ne tuerez pas des idées avec des prisons et des baionnettes. Quant à moi, cela m’est bien égal si vous me mettez dans votre petiite prison au lieu de cette grande prison qui est maintenant la Russie soviétique” (cf. Le Libertaire, 13 janvier 1928).

Olga Taratouta fut arrêtée le 27 novembre 1937 lors des grandes purges staliniennes. Accusée d’ “activité anti soviétique et d’anarchisme”, elle fut condamnée à mort le 8 février 1938 et fusillée le jour même.


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