Exilé en France lors de la retirada, Jaime Sosias avait été interné en camp puis enrôlé dans une Compagnie de travailleurs étrangers pour aller travailler aux fortifications de la ligne Maginot. Lors de la percée allemande de juin 1940, il était fait prisonnier à Dunkerque et déporté aux camps de concentration de Gusen 2 et de Mauthausen.

Sur les exterminations menées dans ces camps, il témoignait à son retour en France en 1945 : « …Derrière la prison du camp, il y avait un grand souterrain… tout au bout de ce souterrain il y avait une chambre de douches où les bourreaux nazis trompaient leurs victimes. On leur disait que pour éviter les maladies, il fallait se doucher… Ils entraient dans les « douches »… on leur ordonnait de se dévêtir et en quelques secondes, à leur grand étonnement, tous les habits disparaissaient. Puis les bourreaux SS, sans dire un mot, commençaient à frapper avec leurs matraques obligeant leurs victimes à entrer par une porte étroite dans une autre chambre qui était au fond. A l’extrémité de cette pièce il y avait deux gros ventilateurs. Dès qu’ils avaient fait rentrer tout le monde, ils fermaient la porte hermétiquement et commençaient à faire fonctionner ces ventilateurs qui répartissaient un gaz mortel… Traînés comme du fumier, les cadavres étaient amenés dans un dépôt où des bêtes féroces nazies, armées de couteaux leur ouvraient le ventre… puis les restes étaient amenés aux fours crématoires… »