Dictionnaire international des militants anarchistes
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RIEMER, Henri, Nicolas “LUTZ” ; “VERITE » ; "CHARBONNIER" ; "LEMEL" ; « ROUSSEL”
Né le 4 mars 1855 à Toulon – mort le 3 janvier 1932 - Instituteur ; manœuvre ; comptable - Toulon (Var)
Article mis en ligne le 2 mai 2009
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.

Henri Riemer était instituteur libre dans les Basses-Alpes et le Var. En 1880 il fut poursuivi et condamné à 5 francs d’amende pour abus de confiance et perdit son poste. Le 20 mars 1880, il entra comme journalier à l’arsenal de Toulon dont, le 5 juillet 1882, il fut renvoyé pour absences illégales. Réintégré le 30 mars 1885, il quitta définitivement l’Arsenal le 5 août 1885. Il travailla ensuite comme comptable entre 1886 et 1888 et épousa une couturière. En mai 1886 il fut condamné une nouvelle fois à Toulon à 1 mois de prison pour abus de confiance. En décembre 1888, arrêté lors des rafles ayant suivi un attentat, il avait été condamné à Paris à 15 jours de prison pour avoir reçu le commissaire venu le perquisitionner aux mots de : “Je me fous du mandat d’amener et du chiffon que vous portez en écharpe, bientôt, soyez en sûr votre tour viendra !” (cf. La Révolte, 30 décembre 1888).

Orateur du Cercle Anarchiste International de la salle Horel à Paris où il était arrivé en 1887, Riemer voyageait beaucoup et aurait participé aux Congrès internationaux de Philadelphie et de Bruxelles. Il fut, avec notamment Leboucher et Louiche, l’un des fondateurs de la Chambre syndicale des hommes de peine de Paris dont il sera nommé secrétaire lors de l’assemblée générale tenue le 19 novembre 1887 aux cotés de Charles Baudelot (secrétaire adjoint) et de Jérôme Laurens (trésorier). Selon la police, la Chambre syndicale, qui disposait d’un local à la Bourse du travail, comptait en décembre 1887 environ 400 adhérents répartis en une vingtaine de sections. Il assumait également le secrétariat de la 11e section.

Début 1888 il prit part à la campagne menée en faveur de l’amnistie des compagnons Gallo et Cyvoct. Fin février 1888, lors d’une réunion tenue rue d’Angoulême par des membres de divers groupes anarchistes, il annonçait son intention de reprendre son poste de secrétaire de la chambre des hommes de peine et des actions prochaines contre les bureaux de placements prévues au printemps. Il appelait alors “à mettre le feu à ces boites à famine”.

En juillet 1888 sa participation à la grande grève des terrassiers lui valut d’être condamné pour « injures à magistrat » à 15 jours de prison. Cette même années 1888, lors d’une campagne contre les bureaux de placements, il avait participé au saccage et pillage de 5 ou 6 de ces établissements. Il habitait alors 51 rue Kléber à Saint-Ouen.
Le 9 août 1888, aux cotés notamment de Louise Michel, Tennevin, Espagnac, Malato, Pausader, Gouzien, Tortelier et G. Roussel, il avait été l’un des orateurs de la réunion organisée par les groupes anarchistes du XXe arrondissement au profit des victimes de la police lors de la journée du 8 août, enterrement d’E. Eudes où il y avait eu de nombreuses bagarres avec les forces de l’ordre.

En décembre 1888, lors d’une réunion du Cercle anarchiste international, une collecte avait été faite pour lui permettre d’aller assister à titre personnel au congrès ouvrier de Troyes.

Il quittait ensuite Paris et ont le retrouvait en 1890 à Angers et Trélazé et au printemps à Roanne où il faisait une conférence sur la grève générale, puis l’année suivante à Bordeaux et la région, où il faisait une tournée de conférences et était condamné par défaut à Angers le 26 mai 1891, sous le nom de Lutz, à 2 ans de prison et 1.000fr d’amende pour « excitation au meurtre et au pillage » lors d’une réunion tenue à Trélazé le 19 février 1891 devant environ 150 ouvriers ardoisiers, jugement qui fut confirmé en février 1893. Il serait alors parti pour l’Italie dont il aurait été expulsé, puis pour l’Espagne avant de revenir en 1892 à Toulon sous le nom de Roussel. Dans la nuit du 1er mai 1892 il était arrêté avec sa compagne et les compagnons Lambert, Auguste Chauvin, André Michel et Alexandre Dodero en train d’afficher de nuit des placards anarchistes : l’un signé Les anarchistes de Toulon se terminant par "Peuple de Toulon, nous sommes prêts, soyez le ! L’heure de la justice approche et bulletin de vote dans le canon de vos fusils, arme au pied” et l’autre signée “groupe de la Guerre sociale”. Lors des deux perquisitions successives qui s’en suivirent la police avait saisi à son domicile de nombreuses brochures, journaux (dont L’International, Le Réveil des masses, Le ça ira, La Révolte, etc) et de la correspondance d’Espagne, d’Amérique, d’Allemagne et de plusieurs villes de France. Inculpés pour association de malfaiteurs, tous, à l’exception de Dodero de nationalité étrangère qui fut expulsé, bénéficièrent d’un non-lieu.

Début 1893, après un passage par Neuchâtel (Suisse), il s’était réfugié en Italie avec sa compagne et où tous deux furent arrêtés le 21 février à Sanpierdarena (Gênes). Après 65 jours de prison il fut expulsé, remis aux autorités françaises à Menton puis détenu à Nice d’où il écrivit au ministre de la Justice dénonçant l’extradition dont il avait été victime en tant que condamné politique.

Selon une lettre envoyée de Barcelone en mai 1893 (saisie chez le compagnon Guigonis à Nice en janvier 1894) adressée à sa compagne, Aline Belleville (née à Annecy le 9 novembre 1849), il était ensuite passé en Espagne après que le compagnon Richerme de Pierrefeu (Var) lui ait remis de l’argent et que, sous l’identité de François Camoin, après s’être caché pendant huit jours, il soit parvenu à s’embarquer à Marseille à destination de Barcelone. Il émettait alors l’intention de s’embarquer avec les Michel de Toulon pour les Amériques. Sa compagne refusa-t-elle de le rejoindre ou fut il expulsé d’Espagne, nous en ignorons la raison, mais il retourna ensuite en France. Il était arrivé à Marseille semble-t-il en mai ou juin 1893 sous le nom de Lemel Jean Eugène (né à Sélongey, Côte-d’Or). Le 5 novembre 1893, lors de la grève des tramways, il avait organisé avec plusieurs grévistes et des compagnons un comité dit de "la grève générale" qui à compter du 15 novembre voulait étendre le mouvement à toute la ville, mais qui ne rencontra guère d’échos.

Identifié par la police Riemer fut arrêté à Marseille le 7 décembre 1893 ; sous le nom de Lemel il y avait été hébergé par Marie de Saint-Rémy au 14 rue Colbert. On tenta alors de l’impliquer dans l’attentat de la rue d’Armény (15 novembre 1893), pour lequel avec ses co-inculpés Henri Lesbros et Ludovic Gros, il bénéficia d’un non-lieu.

Vers 1894 ou 1895 il purgeait la peine de 2 ans (ou de 5 ans ?) de prison dans le Maine-et-Loire où il avait été condamné par défaut en mai 1891. Après avoir bénéficié d’une amnistie le 10 février 1895 et avoir été libéré de la prison de Nîmes, il revenait à Toulon où il fut mis sous étroite surveillance et arrêté en février 1896. Début janvier 1896 il avait été avec Bérard l’un des assesseurs de la réunion présidée par Rochat tenue à la salle de la Mairie en faveur de la grâce de Cyvoct et à laquelle avaient assisté une trentaine de personnes. A cette époque il vivait en concubinage avec la sage femme Jeanne Darthuy (née Dourdan à Bordeaux en février 1857) et tous deux avaient été condamnés début octobre 1895 à 6 jours de prison pour "complicité d’adultère". En 1897 la police le signalait à Narbonne où il venait d’arriver de retour d’Afrique du Nord où il était parti avec sa compagne début avril 1896.

A l’automne 1897, se présentant comme professeur breveté de l’Académie d’Aix, il dirigeait des cours gratuits pour adultes (grammaire, arithmétique, économie politique, dessin…) donnés le soir par l’École libertaire de Nîmes (Gard) au café de la Terrasse.

Au printemps 1898, il figurait sur une liste d’anarchistes nomades qualifié de "dangereux" et susceptible de pouvoir se trouver à Nice en avril lors du voyage du Président de la République.

En 1903 il était employé chez un bouquiniste, demeurait 26 rue Courbet à Toulon et se faisait adresser sa correspondance au nom de Luce Désiré. En novembre 1904, avec Marestan et Nahon il fut membre du bureau de la conférence antimilitariste tenue à la Bourse du Travail de Toulon par Miguel Almereyda et Francis Jourdain et à laquelle avaient assisté environ 400 auditeurs. La conférence avait notamment pour but de constituer une section locale de l’Association Internationale Antimilitariste (AIA) et il figurait sur la liste d’adhérents de l’AIA saisie en octobre 1905 chez Victor Busquère. En février 1906 il fut l’un des 31 signataires pour la section de Toulon de l’AIA de l’affiche Conscrits appelant les soldats à mettre crosse en l’air. (Voir Augustin Bayle pour la liste des signataires).

Fin mai 1912, il se présentait au commissariat de Toulon pour y faire une déclaration dénonçant un certain François Secco, qu’il avait connu au début des années 1900 à Solliés, comme étant l’auteur de l’assassinat en novembre 1909 lors d’un cambriolage d’une vieille demoiselle (Mlle Bauchière). Il justifia cette déclaration sur le fait qu’il n’avait pas d’abord cru Secco capable d’un tel crime et ajoutait : “Si je n’ai pas fait cette déclaration plus tôt, c’est que mes convictions anarchistes m’en empêchaient ; mais maintenant que j’ai abandonné le parti, je crois faire œuvre de justice en le faisant, d’autant plus que je suis outré de voir un individu que je considère comme un bandit dédaigner les honnêtes gens”.

En 1924 Henri Riemer participait à un meeting à La Seyne (Var) pour protester contre l’assassinat de Giacomo Matteotti.

En 1930, la poice signalait qu’à la suite de la rupture entre partisans de la Plateforme et ceux de la synthèse, il avait cessé de participer aux réunions.

H. Riemer est décédé à Toulon le 3 janvier 1932.


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