Dictionnaire international des militants anarchistes
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PROST, Francis “PROTAL” ; “PROUST”
Né à Moulins (Allier) le 10 mai 1873 - mort le 10 février 1948 - Employé ; forrain - FCAR - FA - CGT – Paris – Amiens (Somme) – Vichy (Allier)
Article mis en ligne le 20 février 2009
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Après un court passage au parti allemaniste, Francis Prost était devenu anarchiste sous l’influence de Sébastien Faure. En 1896 il travaillait comme garçon de bureau au journal La Petite République, ce qui, selon la police, le rendait suspect aux yeux de certains compagnons qui pensaient qu’il “renseignait les socialistes sur ce qui se passe dans le camp anarchiste”.

Le 3 janvier 1897, avec plusieurs autres compagnons dont Pouget, Sandrin, Musch, Leboucher et quelques espagnols et italiens, il avait participé à une manifestation sur la tombe d’A. Blanqui au cimetière du Père Lachaise où avec Sandrin il avait prononcé un violent discours et appelé à la Révolution.

Le 18 mars 1897, il avait été le principal intervenant à la soirée familiale de commémoration de la Commune, tenue à la salle Turpin, 19 Faubourg du Temple, à laquelle avaient participé plus de 150 personnes - dont les compagnons Roubineau, Georges Renard, Auguste Lucas et Brunet qui avaient également pris la parole - et à l’issue de laquelle Prost avait fait une collecte au profit de la compagne de Vaillant. Le lendemain 19 mars, devant environ 200 assistants, il tenait une conférence salle du Commerce, 94 Faubourg du Temple (voir portfolio), pour protester contre l’arrestation de 7 compagnons - dont Mary Huchet, Girault, Sadrin et Letrillard - lors d’une manifestation à l’église Saint-Ambroise où ils avaient tous été frappés par les policiers présents et par le bedeau armé d’une canne plombée. A cette époque, il était semble-t-il, secrétaire de rédaction au Libertaire et membre de l’Internationale scientifique.

Le 4 juillet 1897, lors d’un meeting contre l’arbitraire policier présidé par Ebner, Prost reprocha à quelques personnalités anarchistes de vouloir trop moraliser l’individu en conseillant aux camarades de faire ou ne pas faire telle ou telle chose ; il ne faillait pas que l’anarchie devienne un parti, qu’elle reste une idée et que chacun soit juge en conscience de ses actes. Il ajouta regretter que certains conseillent le vol, “l’idée étant trop haute pour être abaissée jusque là”. A cette même époque, il était également opposé aux syndicats qui, selon lui, ne produisaient que “des candidats socialistes qui empêchent la révolution, deviennent bourgeois et font crever le peuple de faim”. Il appelait les compagnons à constituer, lors des prochaines élections, des candidatures abstentionnistes pour "faire échouer les socialistes".

Début décembre 1897, il animait un groupe qui se réunissait au début de vins du 164 Avenue de Parmentier et auquel participaient entre autres Boala, Albert Libertad et son frère, Laffon et sa femme et Lucas. Prost s’y était chargé de la rédaction d’un manifeste antipatriotique et d’un aitre abstentionniste.

En 1898 il fut l’éditeur gérant de la feuille recto-verso intitulée Défense de G. Etiévant aux Assises de Versailles 1892, publiée par le journal hebdomadaire Le droit de Vivre (Paris, 9 numéros du 23 avril au 15 juin 1898) animé par Constant Martin, et dont il fut le gérant du dernier numéro.

En mars 1898, il fut poursuivi avec Baptiste Maynard, pour avoir fait imprimer et distribuer le placard "Manifeste aux conscrits", avant de bénéficier d’un non-lieu, le texte ayant été emprunté du livre "les coulisses de l’anarchie" qui n’avait pas été poursuivi.

Le 15 septembre 1898, lors d’une réunion publique organisée par les anarchistes au 168 rue de Charenton et à propos de l’affaire Luccheni (voir ce nom) qui quelques jours avant avaut assassiné l’Impératrice d’Autriche, Prost, tout comme le compagnon Sadrin, pour ne pas tomber sous le coup de la loi, n’avaient pu approuver cet acte mais avaient refusé de le condamner.

Collaborateur notamment du Libertaire (1895-1899), du Cri de Révolte (Paris, 20 août 1898 au 1er mars 1899) où à la suite d’un article il fut, en tant que gérant, condamné le 15 novembre 1898 à 6 mois de prison pour "apologie de crime" (assassinat de l’Impératrice d’Autriche), de l’hebdomadaire L’Homme Libre (Paris, 11 numéros du 24 juin au 1er décembre 1899) animé par E. Girault et de la revue La Nouvelle Humanité (Paris, 1895-1898), il était membre du syndicat des employés et participa à la fondation de la CGT.

Suite à sa condamnation de novembre 1898, son enfant avait été recueilli par Butaud et sa compagne Sophia.

Dès septembre 1899 il fut l’organisateur du syndicat libre des irréguliers du travail et des hommes de peine qui en février 1900 comptait une cinquantaine d’adhérents.

En 1900 il fonda à Paris une librairie sociologique, la bibliothèque de Belleville, 81 rue Julien Lacroix, (voir portfolio) dont il était le secrétaire et fut l’un des animateurs du mouvement des Universités populaires et le secrétaire du Cercle d’enseignement libertaire de Belleville dont le siège se trouvait également 81 rue Julien Lacroix ; il fut à partir de 1901 le gérant de la revue L’Éducation Libertaire (Paris, 1900-1902), sous titrée « revue des bibliothèques d’éducation libertaire ». La publication de cette revue prolongeait la tentative de poursuivre des cours libertaires d’enseignement supérieur pour adultes, cours qui avaient commencé le 12 février 1899 à la salle des Sociétés savantes avec le concours de Jean Grave et de Pierre Quillard.

Puis il alla à Reims où il allait résider 45 rue du Mont d’Arène et fréquenter assidument les militants locaux dont Grimbert et Degreef. En février 1901 il était parti à Chalons-sur-Marne pour y rejoindre, selon la police, le compagnon Wilkin. En 1902 il fut candidat abstentionniste, semble-t-il, à Paris.

Puis Prost se fixa à Amiens où en 1902 il participa à la colonie anarchiste de Vaux ; membre de la société pour la création et le développement de la colonie de Vaux, il collabora régulièrement à L’Aube Nouvelle (Saint-Claude-Grenoble, au moins 8 numéros du 1er novembre 1903 au 1er juin 1904), "organe des communistes libertaires de l’Est" animé par Pierre Dumas. Il collabora également à la même époque à l’organe antimilitariste Le Réveil de l’esclave (Paris, juillet 1902-mai 1903) animé par A. Kienert et publié par le groupe antimilitariste du Faubourg Saint-Antoine. L’organe syndicaliste et libertaire d’Afrique du Nord Le réveil de l’Esclave (Alger, 2 numéros en juin 1904) annonçait dans son numéro 2 (et dernier) sa future collaboration. Dans les années 1910 il résidait 7 rue Saint-Leu et collabora également à la première série de Germinal (Amiens, 19 novembre 1904- 27 juillet 1914, 391 numéros).

Dans les années 1910 il était membre du groupe local de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) dont le secrétaire était en 1914 Cappy et du groupe Les Amis du Libertaire dont les responsables en 1914 étaient la demoiselle Boudet et Vigneau.

Exempté de service en 1915, il fut fut convoqué devant une commission de réforme, mais ne s’y rendit pas et fut déclaré insoumis.

Après la guerre il se fixa en 1919 à Vichy où il travailla comme forain et adhéra à la Libre Pensée.

En 1936 « âgé et malade, il reprit néanmoins la tribune pour défendre la cause anarchiste espagnole » (cf. Libertaire) et notamment le 7 décembre, où il présida, assisté de Glachet et Chazal, un meeting organisé par le Groupe d’études sociales et philosophiques à la salle des fêtes de Vichy et auquel assistèrent environ 200 personnes. Selon la police il exerçait alors le métier de parfumeur, demeurait 86 rue Jean Jaurès et était soupçonné d’être l’auteur d’affiches signées "Les anarchistes de l’arrondissement de Lapalisse" (voir portfolio).

Après la Seconde Guerre mondiale, « resté un passionné de l’idéal qu’il a toujours défendu », il était membre en 1947 de la commission administrative de la 8e région de la FA et participa à une tournée de propagande organisée par la Fédération anarchiste dans la région.

Francis Prost est décédé à Vichy le 10 février 1948. Le Libertaire écrivit qu’il avait personnifié « pour ses amis de Vichy plus de cinquante années de militantisme libertaire et révolutionnaire. Il appartenait à cette génération de lutteurs infatigables qui nous donna des Louise Michel et des Torteliers dont il fut le compagnon… »


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