Dictionnaire international des militants anarchistes
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BOISSON Louis, Célestin
Né le 4 septembre 1885 à Alès (Gard) - Ouvrier plâtrier - UACR - CGT-CTM- CGTU-CGTSR - Marseille (Bouches-du-Rhône), Drôme, Nord
Article mis en ligne le 30 novembre 2006
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.

Au cours d’une vie errante qui devait le ramener dans le Gard, L. Boisson milita dans les Bouches-du-Rhône, dans la Drôme et dans le Nord. La fédération de ce dernier département le délégua au congrès du Parti socialiste SFIO à Nîmes (février 1910), avec un Boisson, fils. En 1911, avec L. Malachanne, il était secrétaire du comité intersyndical à la Bourse du Travail d’Alais créée en juin 1901 et adhérente de la CGT. Il figurait alors sur une liste d’anarchistes du Gard et demeurait 27 rue des Casernes à Alès.

Louis Boisson défendait, à la veille de la Grande Guerre, par de nombreux articles, les intérêts de sa corporation et les principes du syndicalisme révolutionnaire. Appuyé par la majorité du bureau confédéral de la CGT, il devint secrétaire du syndicat du Bâtiment des Bouches-du-Rhône au lendemain d’un long conflit qui avait opposé la direction locale à la direction nationale. Très actif, il anima de nombreuses grèves à Aix et à Marseille, notamment celle, victorieuse, des menuisiers de cette ville pour la journée de 9 heures et un meilleur salaire, grève qui dura 120 jours (mai à août 1913).
Boisson participa, à la même époque, au meeting contre la guerre, le 16 décembre 1912, et aux manifestations des 1er Mai 1913 et 1914. Il était membre de la commission de L’Ouvrier Syndiqué et archiviste de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône, après le congrès constitutif de cette dernière, en mai 1913.

En liaison amicale avec les anarchistes, il fut l’un des défenseurs du Théâtre social et assista, en mai 1913, à une réunion avec les groupes libertaires espagnols et italiens de Marseille.

Au printemps 1914, Boisson dirigea la grève des charpentiers de haute futaie à la suite de laquelle il fut arrêté, avec deux autres syndicalistes, au mois de juillet. Il était incarcéré à la prison Chave lorsque la guerre éclata, alors qu’un meeting en sa faveur avait rassemblé le 25 juillet, 1 000 personnes à la Bourse du Travail.

On retrouve Boisson en 1919 secrétaire général du syndicat du Bâtiment des Bouches-du-Rhône. Il participa alors, du 20 mars au 14 avril, aux grèves du Bâtiment, de la métallurgie et des constructions navales à Marseille dont l’objectif principal était l’obtention de la journée de huit heures. Boisson fit partie de la délégation ouvrière qui négocia les accords avec les patrons. Ces derniers acceptèrent la sentence arbitrale du 22 avril qui établissait l’application par échelons de la journée de huit heures à partir du 12 mai. Le 1er Mai, Boisson avait participé à un meeting en faveur de la IIIe Internationale. Il fut élu secrétaire de l’UD au congrès d’Arles les 6 et 7 septembre. Un rapport de police du 10 septembre le concernant, le qualifie de “bolcheviste convaincu”. Il participa au congrès de l’UD-CGT à Aix-en-Provence en décembre 1919. En février 1920 il se prononça, avec Mayoux, pour la grève générale. Après l’échec de celle-ci il critiqua vivement, en mai, les réformistes de la CGT puis, le 17 août, décida la scission du syndicat du Bâtiment. Quelques jours plus tard, il participa à Marseille, avec Péricat et Benoit Frachon, à la création d’un nouveau syndicat interindustriel, la Confédération des Travailleurs du Monde (CTM) et adhéra à la IIIe Internationale. Boisson avait été nommé secrétaire à la propagande du bureau provisoire qui en décembre 1920 était formé de Raymond Péricat (secrétaire général), Mortimer Louy (secrétaire administratif), Groubier (trésorier) et Alfred Galland (trésorier adjoint). La CTM, dont le siège se trouvait à la salle 6 de la Bourse du travail de la rue de l’Académie, fut à la fois le titre d’un journal et le sigle du nouveau mouvement qui ne dura guère puisqu’un autre rapport de police daté du 3 avril 1922 indique qu’il s’était fondu dans la CGTU.

Le 17 décembre 1921, aux cotés e Regno du syndicat inter-industriel de Marselle, il avait été l’orateur du meeting contre la répression en Espagne tenu à Alés (Gard) par le groupe libertaire et le syndicat inter-industriel local.

Boisson n’avait pas renoncé à ses sympathies libertaires. Au début de l’année 1920, il appartenait au Groupe d’études sociales de Marseille et, jusqu’en 1923, il garda le contact avec les anarchistes espagnols, notamment Vela, luttant contre la répression en Espagne et en France. En mai 1922, Boisson participa, dans le cadre de la campagne pour l’amnistie intégrale, à un meeting avec Germaine Berton, à Marseille. Au mois d’août, et les mois suivants, en novembre notamment, il représenta l’UDU dans le comité d’action pour l’amnistie ainsi que dans de nombreuses réunions où se mêlèrent les communistes et les syndicalistes révolutionnaires. Ces derniers dominaient alors la CGTU dans les Bouches-du-Rhône et Boisson fut élu secrétaire général de l’UDU le 11 septembre par six voix contre cinq (Arch. Nat. F7/12976). Le 31 août 1921, il avait participé à une réunion des Jeunesses communistes de Salon et parlé de sa mission en URSS, au 1er congrès des Syndicats rouges de Moscou, au sein d’une délégation qui fut reçue par Lénine et Trotsky. Il y avait exposé sa conception du neutralisme syndical et il fit appel à son retour, à la solidarité des ouvriers français et à leur aide financière pour aider les camarades russes victimes de la famine. En janvier-février 1923, il était surveillé à Marseille, comme communiste, à propos d’une distribution de tracts protestant contre l’occupation de la Ruhr.

En juillet 1923, Boisson représenta le syndicat du Bâtiment de Marseille au IXe congrès de la Fédération unitaire du Bâtiment. Il y fut, avec Couture, Lecoin, Boudoux, Lorduron et Salvator, l’un des orateurs principaux de la majorité fédérale, minoritaire au sein de la CGTU. Tenant de l’indépendance du syndicalisme, il se heurta à Teulade et à ses amis politiques.
Au sein de l’UDU la lutte était vive entre les partisans d’un « syndicalisme pur », à tendance libertaire, dont Boisson était le chef et les communistes, ou sympathisants dirigés par Paul Bonnet (voir ce nom). Déjà, au congrès de l’UD, en octobre 1923, les communistes tentèrent de mettre Boisson en minorité. Ils y parvinrent l’année suivante, après une violente campagne contre l’anarcho-syndicalisme, au congrès de l’UDU qui se tint à Arles le 8 octobre 1924. La gestion du bureau sortant fut très critiquée, et notamment le rapport financier qui, malgré un actif de 3 100 francs ne laissa apparaître, après le renversement de majorité, qu’une somme de 40 francs en caisse. Au cours du vote, vingt-deux syndicats se prononcèrent pour la tendance favorable au PC, dix pour la tendance Boisson, quatre pour la tendance autonome. Le rapport de police consacré à ce congrès entérine le remplacement de Boisson par Bonnet à la tête de l’UDU et la victoire de PC.

En janvier 1924, Boisson avait été élu membre suppléant du comité national fédéral. Lors du congrès de Lyon, en juin 1925, il fut un des protagonistes essentiels du congrès qui choisit de s’orienter vers « l’autonomie provisoire ». Parmi les partisans de l’indépendance syndicale qui venaient de rompre avec la CGTU, deux tendances s’affrontaient. Celle de Le Pen souhaitait, par souci d’efficacité, réaliser “la fusion immédiate” avec les confédérés. Boisson s’y opposa : “je suis persuadé, estimait-il, que si nous rentrions à la CGT, nous serions étouffés par les rouages administratifs et bureaucratiques”. La motion qu’il déposa préconisait “l’autonomie provisoire”. Elle fut signée par Vagneron et Simon de Besançon, Boudoux et Juhel de Paris, Pastergue et Malgloire d’Alais. Le scrutin fut serré : la motion Le Pen obtint 29 voix, celle de Boisson 30 ; il y eut trois abstentions.
À l’issue du congrès, un secrétariat fut formé. Boisson en fut secrétaire permanent avec Louis Barthe, proche de Le Pen. Juhel et Boussion furent secrétaires adjoints (la liste des membres de la Commission de contrôle figure à Dangoin Théodore).

Le 1er novembre 1924 il fut le délégué des Bouches-du-Rhône à la conférence de la minorité syndicaliste révolutionnaire qui, à la Maison des syndicats de l’Aveneue Mathurin Moreau à Paris, avait réuni une centaine de délégués CGT, CGTU et autonomes.

L’année suivante, le débat rebondit ; Le Pen se montrait hostile à toute nouvelle division au sein du syndicalisme mais Boisson était partisan de la création d’une troisième CGT. La Fédération autonome du Bâtiment se constitua officiellement à Lyon les 13 et 14 novembre 1926. Le lendemain, la CGTSR fut créée à Villeurbanne et elle adhéra aussitôt à l’Internationale de Berlin. Boisson qui avait été délégué à ce congrès de fondation, fut adhérent de cette nouvelle Centrale de 1926 à 1937 ; il fut membre de la CA de la CGTSR et gérant de son périodique Le Combat syndicaliste de 1928 à 1932.

En 1927 il servait de boite aux lettres à la Fédération des groupes anarchistes espagnols en France et participait au secrétariat du Comité d’immigration de l’Union Syndicale Italienne (USI). Selon la police il aurait participé à la rédaction du numéro unique de l’organe de ce comité, Guerra di Classe (Paris, 1er mai 1927) dont le gérant était Courtinat.

Fin 1929 il deeurait Passage Pasteur à Carrières-sur-Seine.

En 1930, Boisson milita un temps, bref, à l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR). Lors du congrès de l’UACR en 1930, il se déclara favorable à une large union des anarchistes.

OEUVRE : Nombreux articles dans L’Ouvrier Syndiqué, notamment les 15 novembre et 1er décembre 1912, 1er février, 1er mars, 1er mai, 1er décembre 1913, 1er avril et 1er mai 1914.

J. R. ; A. Olivesi et J.-L. Pinol


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