Dictionnaire international des militants anarchistes
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MARIE, Constant “Le Père Lapurge”
Né le 27 août 1838 à Sainte-Honorine-du-Fay (Calvados) – mort le 5 août 1910 - Maçon ; cordonnier ; chansonnier - Paris 5
Article mis en ligne le 26 juin 2008
dernière modification le 19 avril 2024

par R.D.
Constant Marie

En novembre 1856, Constant Marie avait été condamné à 6 mois de prison pour "vol et vagabondage". Selon lui c’est cette condamnation qui l’avait "ulcéré" qui l’avait fait devenir anarchiste.

C’est à la fin de l’Empire qu’il aurait fait connaissance à Paris d’Auguste Blanqui et qu’il allait désormais participé à toutes les manifestations des années 1869-1870.

Combattant de la Commune de Paris, Constant Marie - dont le véritable nom pourrait être Marie-Paul Constant - avait été blessé à la tranchée du Fort de Vanves. Caché pendant une vingtaine de jours, il allait ensuite connaître dix ans d’exil à Londres - où en juin 1874, il fut l’un des signataires du Manifeste Aux Communeux proclamant l’adhésion au communisme, au matérialisme athée et à l’action révolutionnaire -, puis à Bruxelles, Amsterdam et Milan avant de pouvoir revenir en France où, semble-t-il, depuis Marseille il collabora au journal blanquiste Ni Dieu Ni Maitre. Adversaire déterminé du bulletin de vote, il ne tarda pas à se séparer de ses compagnons blanquistes, puis il alla s’installer à Paris où il participa avec Pouget à la fondation du Çà ira (1886) puis du Père Peinard (1889).

Cordonnier au 22 rue de la Parcheminerie (Paris 5e) il fut par la suite l’auteur de nombreuses chansons anarchistes dont La Chanson du gâs (connu sous le nom de Y a d’la malice), Dame Dynamite, L’Affranchie, La Muse Rouge, Le Tocsin, Vive la canaille et surtout Le père Lapurge qui lui valut son surnom et dont le refrain disait :
« Je suis le vieux père Lapurge / Pharmacien de l’humanité/ Contre la bile je m’insurge / Avec ma fille égalité/ J’ai ce qu’il faut dans ma boutique/ Sans le tonnerre et les éclairs/ Pour bien purger toute la clique/ Des affameurs de l’univers »

De 1885 à 1890 il fut signalé très souvent dans les réunions anarchistes notamment des groupes de la rive gauche. En mars 1886 il avait été avec quelques anciens membres du groupe La Vengeance, le fondateur du groupe Germinal (voir Denechère). Il fréquentait également les réunions du Cercle Vallès, de la Ligue des anti propriétaires et du groupe Terre et Liberté.

Selon la police, il n’allait pas seulement dans les réunions pour y chanter ou déclamer des poésies, mais y tenait également des discours violents. En avril 1886 lors d’une réunion, il aurait exposé “le plan d’un nouveau système de bombes destinées à être accrochées derrière les voitures”. A cette époque il aurait donné asile aux compagnons Denechère et Rozier, ce dernier étant l’un des rédacteurs de L’Indicateur anarchiste.

Comme de très nombreux compagnons, tant à Paris qu’en banlieue et en province, il fut arrêté le 22 avril 1892 préventivement à la manifestation du 1er mai. Il demeurait alors rue Maître-Albert (Ve arr.) et fut emprisonné quelques jours à Mazas. Lors de la perquisition la police avait saisi un carnet d’adresses, 4 brochures anarchistes et plusieurs exemplaires de La Révolte.

Le 9 mars 1893, il avait été à l’initiative avec Eugénie Collot (voir ce nom) de la "cavalcade anarchiste" tenue place de la République à laquelle une cinquantaine de compagnons et compagnes, affublés d’oreilles d’ânes en carton et de pancartes en faveur de l’abstention avaient pris part. Avec notamment Vignaud, il portait la pancarte marquée “Candidat abstentionniste”.

Constant Marie

A l’automne 1893 il était, semble-t-il, responsable d’un fonds de solidarité destiné à la publication de manifestes, à l’aide aux détenus, à leurs familles et aux compagnons recherchés.

Il était toujours signalé dans diverses réunions notamment du groupe de La Jeunesse anti patriote Il fréquentait également les réunions tenues rue Joquelet dans l’établissemnt de Constant Martin.

Il fut arrêté lors de la rafle du 1er juillet 1894 et d’une perquisition à son domicile de la rue Maitre Albert où la police avait saisi divers manuscrits de chansons, des livres, brochures et des journaux anarchistes. Au commissaire qui l’interrogeait, il avait répondu : “Mettez tout ce que vous voudrez. Vous me demandez mon âge, je ne suis pas disposé à répondre. Vous êtes le plus fort, voilà tout. Je trouve tout cela tellement ridicule que je n’ai rien à vous dire” et disant cela, lui avait tourné le dos. Transféré au Dépôt, il reconnut être anarchiste et lutter pour un “état social dans lequel les uns ne meurent pas de faim et les autres d’indignation”. Il avait ajouté qu’il lisait “plutôt des livres de poésie que de chimie” et qu’il faisait de la propagande “uniquement par les arguments et la persuasion”, personne ne pouvant dire qu’il ait “conseillé la violence”. Poursuivi pour "association de malfaiteurs", il fut incarcéré à Mazas avant d’être remis en liberté provisoire le 17 juillet suivant.

Cité en août dans le procès des trente, il fut condamné par contumace à 20 ans de travaux forcés. Il avait pu se réfugier à Londres avant de bénéficier l’année suivante, en février 1895, de l’amnistie et de revenir en France où il participait à la fondation du Libertaire auquel il allait collaborer trois ans sans discontinuer. Il collabora par la suite au Droit de vivre (1898), L’Anticlérical (1898) aux cotés de Zevaco et Jacques Prolo et au Journal du Peuple de Sébastien Faure.

Amédée Dunois qui l’avait rencontré au Droit de Vivre, le dépeignait ainsi : “Je n’oublierai pas ce qu’il était alors : ce grand corps aux larges épaules, ce visage rond encadré de poils blancs, ce regard clair et souriant, ce langage et ce geste souverainement tranquilles. On eut dit, à le voir, un philosophe de l’école indulgente et il aimait la société des jeunes hommes… Il était resté le blanquiste qu’il avait été jadis… Il croyait aux coups de force, à la toute puissance des fusils et des bombes et le vol même lui paraissait de bonne guerre… il était violemment anticlérical” (cf. Le Libertaire, 19 novembre 1905).

Au début de l’été 1901 Le Libertaire signalait qu’il venait d’être frappé d’une attaque de paralysie du coté droit. Il demeurait alors 14 rue Berger. Dans un appel en sa faveur, Degalvés écrivait : “A toutes les périodes de son existence, il a en été ainsi : sa maison a été sans cesse un phalanstère très ouvert et très accueillant où était largement appliquée la devise : De chacun selon ses forces à chacun selon ses besoins” (cf. Le Libertaire, 5 mars 1902).

En novembre 1905, Amédée Dunois, dans les colonnes du Libertaire, lançait une souscription pour Constant Martin qui était “fort gravement malade” et demeurait alors “rue Berger, dans une petite chambre qui, de ses eux fenêtre, fait face au square des Innocents”. (cf. Le Libertaire, 19 novembre 1905)

Constant Marie, dont les chansons furent publiées en particulier dans Le Père Peinard d’E. Pouget et furent éditées par La Muse rouge en petits fascicules illustrés entre autres par Maximilien Luce et H. Ibels, est mort à Paris le 5 août 1910.

Le Père Lapurge

Oeuvre :
 L’Affranchie, Paris : éd. du groupe de La Muse rouge, 1906, 4 p.
 C’est d’la blague, Paris : éd. du groupe La Muse rouge, 1906, 4 p.
 Dame dynamite : chant tragique, Paris : éd. du groupe La Muse rouge, 1906, 4 p.
 La Dynamite, Paris La Jeunesse anarchiste du XVe, 1886.
 Internationale féministe : chanson inédite à la mémoire de Louise Michel, Paris : chez Constant Marie, 1905, 4 p.
 La Muse rouge, Paris : éd. Du groupe La Muse rouge, 1905, 4 p.
 Vive la Canaille ! : avis aux honnêtes gens, Paris : imp. F. Harry, 1887
 Y a d’la malice : chant rustique, Paris : éd. du groupe La Muse rouge, 1906, 4 p.
 La ménagerie russe en voyage (Le Libertaire, 1901)


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