Dictionnaire international des militants anarchistes
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LEAUTE, Lucien “LESAGE” ; “Luc LELATIN”
Né à Paris le 3 janvier 1896 – mort le 24 février 1966 - Employé de commerce ; correcteur d’imprimerie - UA – CGT – Paris
Article mis en ligne le 11 mars 2008
dernière modification le 14 septembre 2023

par R.D.

Lucien Léauté avait commencé à militer très jeune à la CGT et au mouvement libertaire. Il collaborait avant la première guerre mondiale à La Bataille Syndicaliste, quotidien de la CGT et au Libertaire où il signait ses articles Monsieur Lesage. En juin 1913, suite à un article dans Le Libertaire, il fut arrêté préventivement et, étant mineur, avait été incarcéré à la Petite Roquette. Suite à un autre de ses articles dans Le Libertaire, il fut condamné en janvier 1914 à 3 mois de prison et interné à la Santé. Inscrit au Carnet B, il fut mobilisé en avril 1915 au 125e régiment d’infanterie stationné à Laval (Mayenne). En octobre 1917 il fut traduit devant un conseil de guerre pour « propagande pacifiste, faux et usage de faux » : il avait établi de fausses permissions distribuées aux soldats de sa compagnie. Le 15 juillet 1918 il fut fait prisonnier. En juillet 1919, il écopa de 20 jours de prison pour avoir participé à Chartres à une manifestation alors qu’il n’était pas démobilisé.

Dans les années 1920 il collabora à une petite feuille intitulée La bagarre qui était faite rue Daguerre (Paris 14e) et dont l’administrateur était Pompidou, oncle du futur président de la République et bouquiniste rue Guénégaud. Puis en février 1921, après avoir assisté à un meeting de l’Union anarchiste, il reprenait contact avec le mouvement libertaire ans une longue lettre adressée à Lecoin : “…Au cours de sept années qui viennent de s’écouler, tu as pu constater, non sans tristesse, et peut être aussi avec quelque colère, que j’avais plutôt mal tourné et que l’enthousiaste que j’étais avant la guerre avait certainement fait place, en 1914, au vulgaire cocardier, au piteux renégat, en un mot, au misérable qui se sert de tous le moyens en son pouvoir pour trahir ses anciens amis et ses ex camarades de combat. Depuis sept ans que j’ai quitté, non ans amertume, les milieux libertaires, je ne suis que trop persuadé que eux qui m’ont connu, me détestent… Je souffre en silence de l’isolement et de l’abandon de tous ceux que j’ai connus et pour qui malgré tout, j’ai conservé la plus sincère sympathie, la plus solide affection… Me condamner au mutisme perpétuel ne m’est plus possible. Il faut qu’en toute loyauté et sans arrière pensée, je confesse mes fautes et avoue mes faiblesses, non dans le but de me refaire une virginité révolutionnaire, mais simplement dans l’esprit de me réhabiliter, dans la mesure du passible, aux yeux de quelques amis… Oui la guerre fut une bien mauvaise inspiratrice pour quelques uns. Elle le fut pour moi. A cette époque j’étais un gamin, un gosse… Issu d’une famille de petits bourgeois, j’étais venu parmi vous parce que le spectacle des injustices m’écœurait… J’étais enthousiaste, mais je n’étais révolutionnaire que par pur sentimentalisme… Je n’étais pas l’anarchiste au sens véritable du mot. J’avais des intuitions, je n’avais pas de certitudes. Cette inexpérience des choses alliée à ma jeunesse… furent la cause que peu de temps après la déclaration de guerre j’étais devenu - savais je seulement pourquoi ? - révolutionnaire nuance Bataille syndicaliste…" Puis il rappelait qu’après avoir subi la bien mauvaise influence de la Bataille Syndicaliste, il avait été mobilisé, était parti au front, avait été condamné pour propagande pacifiste et ne s’était pas sali moralement : “Je n’ai pas tué. Mes mains, contrairement à celles de certains ne sont pas rouges du sang d’aucun être humain, cela je t’en donne ma parole”. C’est après avoir entendu Sébastien Faure lors de ce meeting, que Leauté avait écrit cette lettre qui se terminait ainsi : “…Je me revis à la Santé avec toi, avec Ruff, Jacquemin et tant d’autres… Et j’eus un remords ; un profond remords : celui d’avoir abandonné mon poste, celui d’avoir trahi inconsciemment mes amis…Un mot de toi, quel que oit mon désir de rester à jamais oublié, un mot de toi dis-je, me fera plaisir… Je suis toujours ausi simple qu’au temps où tu m’as connu… Je suis toujours un modeste employé comme avant : je le resterai. Une bien cordiale poignée de main” (cf. Le Libertaire, 11 février 1921)

Il reprit alors sa collaboration au Libertaire où, sous le pseudonyme Luc Lelatin, il dénonçait notamment le capitaine Vidard responsable de l’assassinat à Oujda du soldat Judas Nahon. Dans Le Libertaire (21 juillet 1922) il avait aussi écrit l’article « Les officiers assassins seront-ils enfin zigouillés » et qui se terminait par « Un jour prochain peut être, ces dignes représentants de notre belle armée recevront leur monnaie de leur pièce. C’est-à-dire : une balle dans la peau ou même plusieurs, ce qui ne coûte pas plus. Et ce jour la sera un beau jour ». Suite aux poursuites engagées contre Villiers, le gérant du Libertaire, il se constitua prisonnier et revendiqua la responsabilité des articles visés. Il fut emprisonné à la Santé et traduit le 10 août 1922 devant la 11- chambre correctionnelle pour « provocations au meurtre dans un but de propagande anarchiste ». Le 1er août, à la prison de la Santé il aurait participé, avec Loréal, Nadaud, Fister, Courme, André et Villiers à la grève de la faim pour que H. Coudon Méric et Jeanne Morand, emprisonnés, soient placés en régime politique. A la mi septembre il fut condamné à 6 mois de prison tandis que Villiers écopait e 3 mois de la même peine. Il fut condamné en décembre à une nouvelle peine de 8 mois ; à ce même procès Villiers avait été condamné à 3 mois ainsi que G. Vidal auteur d’un poème sur E. Cottin.

Libéré en février 1923, il fut nommé à la rédaction du Libertaire quotidien (1923-1925) lors du congrès de l’Union Anarchiste tenu à Paris les 12-13 août 1923.
Le 30 mars 1924 il était admis au syndicat CGT des correcteurs.

Il sembla ensuite s’éloigner du militantisme libertaire et lors des élections de mai 1924 remportées par le Cartel des Gauches, il écrivait dans « Le Semeur de Normandie » (Caen) du 3 juin 1924 : « J’ai voté le 11 mai, j’ai voté parce que je ne crois plus à la Révolution ». Toutefois il collabora à l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure où il rédigea l’article « armée ».

Pendant la seconde guerre mondiale, il fut à partir de mars 1940 et pendant toute la durée du conflit interné administratif par le gouvernement de Vichy.

A la fin de sa vie L. Léauté préparait un livre sur Gustave Hervé et le journal La Guerre sociale. L. Léauté est mort le 24 février 1966.

Œuvres : - Sermon à l’intention du soldat Pinard (Ed. la Brochure mensuelle).


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