C’est en 1891 qu’Ernest Lavisse était venu se fixer à Marseille où il occupait un emploi à la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée. « Il se fait remarquer par ses opinions anarchistes, qu’ils ne craint pas de développer publiquement, se montrant très violent dans les discussions ». Renvoyé suite à ses activités, il entra alors à la Compagnie Transatlantique et travailla comme journalier sur le port tout en militant activement au sein du syndicat des travailleurs du port. « Très remuant, actif et dangereux, il fait l’objet d’une surveillance active » (M6/4693).

Membre fondateur du groupe Les Rénovateurs, il fut l’un des artisans de la réapparition de L’Agitateur (Marseille, 6 numéros du 14 janvier au 18 février 1893) dont il assura la gérance et auquel collaborèrent entre autres Joseph Barnouin, Baudy, J. Dumas, Maurice Manuel Perrier et A. Senes. A ce titre, il fut condamné pour « délit de presse » par le Tribunal correctionnel de Marseille, le 6 février 1893 à 50f. d’amende par défaut, mais, sur opposition du jugement, fut acquitté le 26 avril. Il avait été remplacé à la gérance du journal par Louis Aiguier. Arrêté le 16 novembre 1893, après l’attentat contre Le Quartier général (rue d’Armény), il fut écroué puis relâché au bout d’une semaine faute de preuves. Le 1er janvier 1894, comme plusieurs militants à Marseille - dont Sébastien Faure, Lesbros, Jouy et Montant - il fut l’objet d’une perquisition où la police avait saisi deux numéros de La Révolte et une brochure. Il demeuraità cette époque 67 rue de Forboin. Il s’écarta alors du mouvement anarchiste et exploita un petit restaurant 7 quai de la Tourette. En 1897 il figurait pourtant toujours sur les listes d’anarchistes et demeurait alors Traverse Saint-Pons à Saint-Julien, et en 1911-1912 il joua un certain rôle dans la Ligue contre la vie chère.