Dictionnaire international des militants anarchistes
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JOLLY, Frédéric, Victorien
Né à Joyeuse (Ardèche) le 18 mars 1859 - ouvrier moulinier, puis revendeur de légumes - Lyon (Rhône) - Genève
Article mis en ligne le 14 janvier 2008
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.

Frédéric Jolly (parfois aussi prénommé Ferdinand), marié, père de deux enfants, appartint à la fédération révolutionnaire de la région de l’Est qui, en mars 1881 regroupait la plupart des anarchistes de la région de l’Est.
Jolly se fit remarquer par la police le 22 octobre 1882 lors d’une réunion publique organisée salle de l’Alcazar au lendemain de l’arrestation de Gautier et de Bordat. Il y appelait les compagnons à résister les armes à la main aux perquisitions et proposait de se sacrifier « pour tuer le président de la République et n’importe quel être, voire même le commissaire de police présent à la réunion ». En outre il aurait lancé un tabouret à la tête du commissaire chargé de la surveillance de la réunion. Le 24 octobre, recherché, il réussit à échapper de justesse aux agents et gagna à pieds la Suisse et arriva à Genève le 5 novembre. Sans ressources ni connaissance, il adressa à sa femme une lettre qui fut transmise à Bordat pour demander aux compagnons de lui envoyer de l’argent et des adresses de camarades à Genève. Le compagnon Berlioz Arthaud, employé de chemin de fer, avait alors été chargé de se rendre à Genève pour y apporter des secours aux compagnons qui s’y étaient réfugiés. Jolly fut notamment hébergé chez A. Schwitzguebel.

Le 6 décembre 1882, par défaut, la cour d’assises du Rhône le condamna à deux ans de prison et 3 000 f d’amende pour provocation au meurtre et au pillage et offenses au président de la République tout comme le compagnon Jean Célestin Renaud lui aussi en fuite et poursuivi pour les mêmes faits.
En outre, lorsque le parquet poursuivit les anarchistes accusés de reconstitution d’une association internationale des travailleurs - procès des 66, voir Toussaint Bordat -, Jolly fit partie des accusés et, le 19 janvier 1883, le tribunal correctionnel de Lyon lui infligea, une nouvelle fois par défaut, cinq ans de prison, 2 000 f d’amende, dix ans de surveillance et cinq ans d’interdiction des droits civils.

De retour à Lyon, Jolly fut arrêté le 29 octobre 1887. Le tribunal correctionnel, réuni pour statuer sur l’opposition au jugement du 19 janvier 1883 par Jolly, acquitta purement et simplement l’accusé ; par contre, le 15 février 1888, la cour d’assises refusa de réviser son jugement. Cependant, par décret du 3 avril 1888, le président de la République accorda la remise de la peine infligée le 6 décembre 1882 par la cour d’assises.

Tant de mansuétude éveilla des soupçons dans les milieux anarchistes lyonnais, d’autant que l’attitude de Jolly était suspecte : le 15 février 1888, en sortant du Palais de justice n’avait-il pas marché dans la ville un long moment avec le commissaire de police Arnaud et l’agent Colomb et ne leur avait-il pas serré la main en les quittant ? Lors d’une réunion privée tenue, 4, place Raspail, les compagnons lyonnais de Jolly dressèrent contre lui un véritable réquisitoire. Dès lors il s’éloigna des milieux anarchistes et, en 1894, il était rayé de la liste des anarchistes soumis à la surveillance de la police. Peu après, sur demande de sa femme, Jolly était interné à l’asile psychiatrique de Bron (janvier 1895).


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