Dictionnaire international des militants anarchistes
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HABERT, Émile “DUREUIL” (ou “DUBREUIL”)
Né le 9 septembre 1855 à Lauthenay – Romorantin (Loir-et-Cher) – mort le 8 septembre 1897 - Tailleur de limes – Paris
Article mis en ligne le 5 novembre 2007
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.
Émile Habert

Depuis avril 1878, Émile Habert, après avoir demeuré 39 rue de la Gaité, logeait au 74 rue Mouffetard. Il travaillait comme tailleur de limes et était présenté en 1880 comme un « un ouvrier tranquille et laborieux dont la conduite et la moralité sont bonnes » et n’ayant pas semble-t-il d’opinions politiques. Il avait deux frères l’un tailleur de limes, l’autre compositeur. Toutefois, le 28 mai 1880, dans le journal Le Citoyen, il était l’un des premiers signataires d’une protestation contre les arrestations effectuées lors d’une manifestation le 23 mai Place de la Bastille. Il ne cessa dès lors de fréquenter les groupes anarchistes.

Le 12 juillet 1881 sa présence était signalée à la réunion du groupe anarchiste du XXe où avait été lu le mandat du délégué devant se rendre au congrès de Londres. Il aurait alors été membre du groupe du XIIIe arrondisement. En 1881 i était à nouveau signalé lors d’une réunion de reconstitution du groupe du XIe, puis l’année suivante dans diverses réunions de groupes et cercles socialistes et révolutionnaires, notamment le Cercle d’études du Faubourg Marceau.
En 1885 il demeurait 60 rue du Cardinal Lemoine où en janvier, selon la police, il fabriquait des poignards triangulaires pour les meetings anarchistes en plein air. Il fréquentait alors notamment les locaux du journal communiste anarchiste Terre et Liberté, 3 ruelle Pellé (rue Saint-Sabin). A cette époque la police tenta en vain de faire pression sur son patron pour que ce dernier l’accuse de prétendus vols permettant de faire ensuite une perquisition chez Habert.

Le 8 février en vertu d’un mandat d’amener pour « provocation d’un attroupement », il fut arrêté lors d’une manifestation place de l’Opéra et l’objet d’une perquisition où la police avait saisis plusieurs tiers-points, de la correspondance et divers journaux et brochures anarchistes dont une liste de signalements d’agents de la Préfecture qui avait été publiée par Le Cri du peuple.
En mars il fut signalé dans les réunions tenues au journal L’Audace pour organiser des meetings en plein-air.
A partir de l’été 1885 il fréquenta les réunions du groupe La Vengeance où il était toujours signalé en mars 1886. Lors d’une réunion du groupe fin mars, il avait fait adopter une proposition de souscription afin de pouvoir acheter des armes. A l’automne 1886 puis en 1887 il était toujours signalé dans les réunions du Groupe d’études sociales du Ve arrondissement, puis de la Ligue des antipatriotes du Ve qui avaient succédé à La Vengeance.
A l’automne 1886, lors d’une r"union de la Ligue des antipatriotes, il avait exorté les jeunes gens à “ne pas satisfaire à la loi militaire” et s’était cité en exemple pour avoir refusé de se présenter pour effectuer ses 13 jours.

Le 1er février 1887 il participait à la manifestation sur la tombe de Vallés et au mur des Fédérés. A cette époque il était signalé dans les réunions du groupe Le Léopard du Panthéon, animé par Paul Moucheraud.

Suite à l’arrestation de Méreaux, Émile Habert fut le gérant du dernier numéro du journal anarchiste anarchiste communiste Le Révolté (Paris, 12 avril 1885 au 10 septembre 1887) édité par Jean Grave au 140 rue Mouffetard et qui fut suivi par La Révolte (Paris, 23 septembre 1887 au 10 mars 1894) dont Habert fut également le gérant d’avril à juin 1892.

Il participait régulièrement aux réunions du groupe du faubourg Saint-Antoine, quartier où il travaillait semble-t-il dans un atelier de tailleurs de limes… A l’automne 1887 et en 1888, il était signalé dans les réunions du groupe La Révolution sociale et celles des chambres syndicales et des hommes de peine où il assurait la diffusion de La Révolte. Dans diverses réunions, il fit à cette époque des quêtes au profit de Méreaux. Il était alors domicilié 3 rue Vauquelin et participait également aux réunions du groupe des V et XIIIe arrondissements.

En mars 1892 il aurait adhéré au Groupe international en formation dans les XIII et XIVe arrondissements.
Le 21 avril 1892, lors des rafles préventives à la manifestation du 1er mai et suite à un mandat d’amener et de perquisition lancé contre lui pour « association de malfaiteurs », la police se présentait au 140 rue Mouffetard, siège de La révolte et domicile de Jean Grave où Habert aurait pu se trouver selon la police. En l’absence de Grave – parti en province – la police procédait à l’ouverture de la porte de l’unique pièce occupée par Grave et saisissait tous les documents. Selon les renseignements recueillis Habert ne serait pas paru à cette adresse depuis une quinzaine de jours.

Au début de l’été 1892 il demeurait 34 rue Pernetty sous le nom de Dureuil (aussi orthographié Dubreuil).
Le 4 juin 1892, en tant que gérant et employé de La Révolte, il fut condamné par défaut par la cour d’assises de la Seine à 6 mois de prison pour « provocation à des militaires pour les détourner du devoir », condamnation dont il fit appel. Il fut arrêté à son domicile le 22 juillet suivant. Lors de la perquisition la police avait saisis diverses brochures et des papiers dont un alphabet chiffré (voir Portfolio). Remis en liberté le 25 juillet, il ne se présenta pas au jugement d’appel du 12 août où sa condamnation fut confirmée. Arrêté ultérieurement il fut interné à Sainte Pélagie où il demanda à pouvoir recevoir les visites de plusieurs compagnons dont le couple Denéchère.

En juin 1893, Habert, selon la police, aurait promis son concours au journal La Lutte pour la vie.
Le 24 juin, il avait assisté au grand meeting tenu à Saint-Ouen pour protester contre la condamnation à mort de Jean Baptiste Forêt (voir ce nom). A l’automne il était signalé das les réunions publiques de la Ligue des antipatriotes et de la Jeunesse anti-patriote.

Poursuivi une nouvelle fois pour « association de malfaiteurs », et alors qu’il était absent – il serait aller visiter son père malade dans le Loir-et-Cher - il fut l’objet le 12 mars 1894 d’une perquisition à son domicile rue Pernetty où il demeurait avec sa compagne Marie Dumont (née le 30 avril 1857 à Lucenay). La police y avait saisi un numéro du journal Le Chambard, un cahier d’écolier avec des notes manuscrites et un en-tête imprimé au nom de E. Dureuil, Fabrique de limes et de râpes. Le procès verbal fut classé sans suite.

Il continua toute l’année 1895 à être l’objet d’une surveillance quotidienne de son domicile de la rue Pernetty d’où début janvier 1896, il déménagea après avoir reçu congé. En 1897 il demeurait 61 rue Mathurin Regnier (XVe arr.).

Admis pour traitement à l’hôpital Necker, il y décédait le 8 septermbre 1897.