Dictionnaire international des militants anarchistes
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“GHISLAIN, René” JISLA, Jean Mathieu dit
Né le 26 mars 1891 à Montpellier (Hérault) - mort en octobre 1934 - Ouvrier ; employé municipal - UA - UACR - PCF – CGTSR - Montpellier (Hérault)
Article mis en ligne le 20 juillet 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
René Ghislain

De son vrai nom Jean Mathieu Jisca, René Ghislain travailla en usine durant son adolescence puis, à partir de 1912, fut employé de mairie à Montpellier. Le 6 septembre 1915, il épousa à Montpellier Marie, Julie Rabier. Il fit la guerre de 1914 à 1918 où il fut blessé à deux reprises, et, à son retour, en 1919, adhéra au mouvement anarchiste.

Il devint secrétaire du comité de défense sociale de l’Hérault qui adhérait à l’Union anarchiste (UA). De 1919 à 1932, il fut un des principaux militants anarchistes de l’Hérault et du groupe d’études sociales de Montpellier. Il était membre de la Fédération Révolutionnaire du Languedoc fondée à Béziers le 29 octobre 1924 dont le secrétaire était Daunis. Lors du congrès de la Fédération tenu les 15-16 août 1925 et auquel participèrent des délégués des groupes d’Albi, Carmaux, Toulouse, Perpignan, Narbonne, Coursan, Béziers Montpellier, Nîmes, Bousquet d’Orb et de nombreux individuels, il avait été chargé du secrétariat et en fit un compte rendu paru notamment dans L’Insurgé (Paris, n°16, 22 août 1925). Il y fit notamment la lecture d’un rapport sur l’organisation de la propagande dans les facultés et demanda une intensification de la campagne contre la guerre au Maroc.

Le 8 novembre 1925, accompagné de Artigolle, J. Cynique et Francis Bouquet, il avait gagné Béziers où avec l’aide du compagnon Ravaille, tous étaient allés perturber une manifestation cléricale et patriotique en y diffusant L’Insurgé et la brochure “Les prêtres ont-ils le droit de tuer ?” de H. Mariavé. Le lendemain il allait également perturber une conférence cléricale à Montpellier où avec dux autres camarades il échappait de peu à un lynchage. Sous le titre " "5 anarchistes contre 20.000 cathliques au meeting de Béziers" il fit un compte rendu de ces manifestations dans L’Insurgé, n°29, 21 novembre 1925.

Orateur de talent, il était un très actif propagandiste, secrétaire du comité antiparlementaire local, multipliant les prises de parole publiques, développant des thèmes anticolonialistes et portant la contradiction dans des dizaines de réunions communistes, socialistes, confédérées et unitaires. Il fut le 16 décembre 1926 l’un des organisateurs avec Louis Vaillaux du meeting tenu à Nîmes en faveur de Sacco et Vanzetti et des militants espagnols B. Durruti et F. Ascaso.

Il collabora très régulièrement au journal L’insurgé (Paris, 61 numéros du 7 mai 1925 au 10 juillet 1926) publié par André Colomer après son départ de la rédaction du Libertaire. Il s’opposa ainsi notamment à Doriot, Monmousseau et Colomer, au retour d’URSS. Il y dénonça également l’illégalisme estimant qu’il “ne peut que nuire à l’anarchie et aux idées que nous voulons propager ; Il me semble également dangereux de lancer dans l’illégalisme des jeunes gens qui n’ont rien pour réussir dans cette voie et qui vont peupler à la première tentative les cachots des centrales quand ce ne sont pas les cabanes de Saint-Laurent du Maroni. Cela ne m’empêchera nullement de secourir le camarade illégaliste ou pas qui aura besoin de moi, mais je ne peux collaborer avec le camarade qui estampe un copain…." (cf. L’Insurgé, 10 avril 1926).

Il écrivait également dans Le Libertaire et dans Montpellier-Ouvrier (1927). Cette année-là, il fit paraître une brochure "Tu ne tueras point" et tenta, sans succès, de développer dans l’Hérault, la CGT-SR.

Dans Le Libertaire (1er juillet 1927), sous le titre "Le prix de la calomnie" il dénonçait la nouvelle de Joseph Kessel "Makhno et sa juive" où Makhno et son organisation étaient accusés d’actes antisémites.

En 1927 lors de la campagne pour Sacco et Vanzetti, il avait organisé une soixantaine de conférences dans l’Hérault et l’Aude. Début octobre 1927 il fut le délégué de Montpellier au congrès de la Fédération anarchiste communiste du Midi (UAC) tenu à Coursan. Il y fut désigné, avec Verter, comme délégué de la Fédération au congrès national de l’UAC à Paris les 30 octobre- 1er novembre 1927…

En 1928 il était le secrétaire du Comité antiparlementaire local. Pour un article paru dans Le Libertaire du 13 avril 1929, il fut perquisitionné et arrêté le 31 juillet et comparut devant la onzième chambre correctionnelle et fut condamné, ainsi que Delobel, gérant du journal, à treize mois de prison et à 2.000f d’amende ; à ses juges, après avoir rappelé l’exécution de Romanov le 17 juillet 1918, ainsi que celle des révolutionnaires, de Jeanne Labourde à Sacco et Vanzetti, il déclara : “Nous saurons abattre les valets de la bourgeoisie, s’ils se mettent en travers de notre route” (cf. Libertaire, 17 août 1929). La peine fut confirmée le 13 janvier 1930 et Ghislain fut arrêté fin mars alors qu’il se rendait à un meeting organisé par le groupe du XIIe, amené au dépôt puis à la Santé d’où il fut transféré à la Maison centrale de Clairvaux… Il fut emprisonné à Clairvaux où il côtoya notamment le responsable communiste André Marty. Il en fut libéré au printemps 1931 et écrivit ausstôt : “Ce n’est pas la prison qui peut décourager un militant, au contraire, c’est une halte et un repos forcé et c’est pour cela que je reprends ma place au milieu de vous pour lutter encore, pour lutter toujours aux cris Vive le communisme libertaire ! Vive la révolution sociale !” (cf. Le Libertaire, 1er mai 1931).

Il participa comme délégué de Montpellier au congrès de l’Union Anarchiste Communiste Révolutionnaire (UACR) qui eut lieu à Toulouse les 17-18 octobre 1931. Sébastien Faure disait de lui qu’il était “en état d’exposer fort bien nos idées” (cf. Libertaire, 19 juin 1931). A ce congrès il fut exclu de fait avec les grpupes de Narbonne, Coursan et L’ivry Gargan pour avoir défendu une résolution parlant « d’une nécessaire période d’adaptation au lendemain de la révolution » adoptée 15 août précédent, lors du congrès régional de la Fédération anarchiste du Languedoc tenu à Lézignan.,

Influencé par l’attitude de Colomer, il évolua peu à peu vers le communisme et, après un voyage en URSS, il adhéra au Parti communiste en 1932 ainsi qu’aux Amis de l’Union soviétique. Il apporta à son nouveau parti sa fougue et ses talents de propagandiste. Il devint également le responsable départemental du Secours Rouge International (SRI) et participa à la campagne en faveur de la libération du bagnard anarchiste Paul Roussenq.

Il avait été l’un des premiers souscripteurs au journal anarchiste Terre libre (n°1, mai 1934) organe de l’Alliance libre des anarchistes de la région du Midi et avait conservé le drapeau noir du groupe montpeliérain Spartacus que les compagnons lui demanderont de rendre lors des funérailles du militant anarchiste Paul Martin en 1934. En octobre 1934, il fut candidat du PC au conseil d’arrondissement dans le 3e canton du Montpellier. Quelques jours plus tard, il trouva la mort dans un accident de motocyclette qui, selon la famille, ne fut pas fortuit.

Enterrement de R. Ghislain

René Ghislain avait également collaboré à L’Anarchie (Paris, 1926-1929) et à Le Réfractaire (Paris, 1927-1932) organe de la Ligue des réfractaires à toutes les guerres.

Jean Jisla est appelé Jiscla dans de nombreuses sources.

ŒUVRE : Tu ne tueras point (La Brochure mensuelle) ; - Contre le fascisme (lars 1926).


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