Dictionnaire international des militants anarchistes
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FABERT-GUILLOT, Berthe, Suzanne
Née le 29 septembre 1898 à Meaux (Seine-et-Marne) - morte en 1983 - Ouvrière repasseuse ; Concierge - UAC - SIA - Paris - Lyon (Rhône) - Bruxelles - Barcelone
Article mis en ligne le 6 avril 2007
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.

Berthe Fabert (souvent orthographiée Faber) était dans les années 1920 la compagne du militant Severin Férandel avec lequel elle géra la Librairie Internationale Anarchiste de la rue des Prairies jusqu’en 1928 où elle fut remplacée par Nicolas Faucier. En 1923 elle avait participé à l’emprunt pour Le Libertaire quotidien. Depuis août 1923 elle logeait avec son compagnon au 10 rue des Vertus. Elle travaillait alors comme repasseuse.

A compter de ’été 1925, elle fut une des responsabes du bulletin mesuel du Comité de défense des anarchistes persécutés en Bulgarie.

En 1926 elle était la trésorière de la revue espagnole Tiempos Nuevos (Paris) qui ne tarda pas à être interdite. En 1927 elle était la responsable aux abonnements et trésorerie d’une nouvelle époque du journal espagnol Accion (Paris, 2 numéros, décembre 1927 et janvier 1928) qui fut interdit dès son premier numéro suite à la publication d’un article appelant à l’assassinat des souverains espagnols.
Elle avait également adhéré dès sa fondation début 1928 au groupe des Amis du Libertaire dont Faucier était le secrétaire.

Après le départ de Férandel pour le Mexique elle se lia au compagnon espagnol Francisco Ascaso et s’installa avec lui à Lyon. Après l’expulsion d’Ascaso elle partit avec lui pour l’Allemagne puis à Bruxelles où ils allaient rester jusqu’en 1931 où tous deux rentraient en Espagne après la proclamation de la République.

Berthe Fabert & Antonio (Eugène Guillot), 1943 (Coll. de Charles Tella)

Après la mort d’Ascaso dans les combats de juillet 1936, elle rencontra à Barcelone l’objecteur de conscience français Eugène Guillot Jacques Salies dont elle devint la compagne.

Dans une lettre adressée à Émilienne Durruti (Morin) et publiée par le journal SIA (29 décembre 1938), elle avait décrit la Barcelone de ces derniers jours de guerre en ces termes : "…Mon travail absorbe la plus grande partie de mon temps, sans compter les heures interminables de queue devant les boutiques presque toujours vides. Et puis je suis obligée de marcher beaucoup, les tramways et autobus étant très rares, faute de courant électrique et de combustible. En arrivant très tard à la maison, je dois vaquer à mes occupations, sans lumière, sans gaz pour préparer nos maigres repas. Je dois aussi m’occuper des pauvres gosses de ma voisine ; leur père est mort au début de la guerre et, leur mère, épuisée par le chagrin, le travail et les privations, est minée par la tuberculose ; ses jours sont comptés. Ce sont trois beaux enfants, deux petites filles et un garçonnet, très intelligents, et gais malgré la maigre pitance quotidienne, malgré l’atmosphère de terreur qui règne à Barcelone… S’ils ne meurent pas tout à fait de faim, c’est grâce aux colis que je reçois de Paris. Il faudrait des milliers de colis semblables pour secourir tous les gosses affamés de Barcelone. Tâchez donc, vous tous camarades de Paris, de recueillir le plus de vivres possibles pour nos enfants”.

Berthe et Eugène quittèrent l’Espagne lors de la Retirada en février 1939. Le 15 mars 1939, lors d’une perquisition au siège de SIA, elle fut contrôlée par la police : elle résidait alors chez sa sœur, Madame Barrié, 170 rue de Paris à Vincennes. La police la qualifiait d’ancienne "secrétaire de liaison internationale à Barcelone". Berthe à cette époque procura à plusieurs réfugiés espagnols - notamment à José Garcia Tella et à sa famille - des faux papiers.

Berthe Fabert & Antonio, 1960 (Coll. Ch. Tella)

Pendant la guerre, le couple vécut sous une fausse identité à cause de l’insoumission d’Eugène et parce qu’ils étaient l’objet de recherches par la police. A la Libération ils militèrent à Paris et animèrent le groupe des Amis de Sebastien Faure. Tous deux demeuraient 9 place Émile Landrin (20e arr.) où Berthe travaillait alors comme concierge.

Arrivés à l’âge de la retraite, les autorités cessèrient enfin de les persécuter. Ils s’installèrent à Esbly près de Meaux. Jacques reprit son identité de Guillot et Berthe prit le patronyme de Fabert-Guillot et tous deux régularisèrent leur situation matrimoniale. A la mort de son compagnon en 1978 elle se retira dans une maison de retraite jusqu’à sa mort en 1983.


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