Dictionnaire international des militants anarchistes
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BOUTTE, Raymond, Louis, Étienne
Né le 26 décembre 1868 à Bresne-sur-Vesle (Aisne) - Employé de commerce – Paris
Article mis en ligne le 6 août 2018
dernière modification le 17 mars 2024

par Dominique Petit, R.D.

Engagé volontaire en 1886 au 5e régiment de Chasseurs d’Afrique, Raymond Boutté (parfois orthographié Bouttet) avait été envoyé dans une compagnie disciplinaire.Boutté était célibataire.

Arrivé à Paris au commencement de 1891, Boutté a été successivement garçon épicier, sommelier, homme de peine, fabricant de cartes de visite, charretier. Mais le plus souvent, il ne travaillait pas. Il pratiquait surtout le vol à l’aide de fausses clés ou par effraction, et aurait fait partie, selon la police, avec Blanc et Vinchon, d’une bande de cambrioleurs anarchistes.

Boutté devint anarchiste au contact de Gustave Babet, et tous deux firent le projet de détruire les maisons de crédit et les bureaux du Mont de Piété. Boutté participa d’un projet d’enlever en pleine rue la sacoche d’un fabricant de chaussures mais la tentative échoua. Quelque temps après, en juillet 1892 il avait été arrêté avec d’autres compagnons en aidant Mettendorf à déménager « à la cloche de bois » puis avait été relaxé.

Boutté prenait la parole dans les réunions anarchistes, notamment au Groupe de propagande, se vantant de ses vols ou annonçant quelque projet retentissant. Il exhibait un revolver ou un poignard ou annonçait qu’il étudiait la chimie des explosifs.

A cette même époque il était signalé dans des réunions du Cercle anarchiste nternational où lors d’une réunion le 24 juillet, il avait, selon un indicateur, « tiré de sa ceinture un long poignard » en s’écriant qu’il défiait la police et ne craignait pas d’être arrêté, provocation qui n’avait été guère goûtée par les compagnons présents.

Le 23 octobre 1892, avec une quarantaine de compagnons – dont Pichon, Guillot, Charbot, Rigollet, Bruneau, Guilmard, Quince, Porret et Baudelot – il était allé perturber un meeting boulangiste tenu salle Favié.

Le 11 janvier 1893 il avait été arrêté Place de la Concorde et trouvé porteur d’un revolver chargé et d’un poignard. Au même moment avaient été arrêtés aux abords du Palais Bourbon, pour « refus de circuler » 15 autres personnes dont les compagnons Leboucher, Dejoux, Chabard et Renard. Le 13 janvier 1893, il fut condamné à un mois de prison à Paris pour port d’arme prohibée.

En 1893 il participait notamment aux réunions des groupes des XI et XXe arrondissements. Lors de l’une de ces réunions tenue fin février 1893 rue Oberkampf, il avait accusé Eugène Renard « d’être incapable d’une action individuelle, mais bon à exciter les autres pour les faire ensuite envoyer au bagne et d’être payé par la police ».

En mai 1893, il fut compromis dans l’affaire Vinchon de détention d’explosifs. Il comparu devant le juge d’instruction Atthalin : on avait trouvé chez Bondon, l’un des co-inculpés, un panier contenant des produits destinés à fabriquer de l’explosif et divers ustensiles de cambrioleurs. Quelqu’un y avait introduit les papiers de Boutté, pour le compromettre. Finalement, il bénéficia d’une ordonnance de non-lieu.

Le 5 juin 1893, Boutté fut condamné à 13 mois de prison pour vol, rébellion et tentative de meurtre sur les agents. Il fut libéré de prison le 27 mai 1894.

Il fréquenta alors un autre anarchiste, le menuisier Isidore Guillemard, demeurant 8 rue des Lombards qu’il avait connu dans les réunions.

Le 4 juillet 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre pour "association de malfaiteurs". Le 5 juillet, le commissaire de police du quartier Sainte-Marguerite, se présenta à son domicile 92 avenue Philippe Auguste, dans une chambre située au 7e étage. La perquisition fit découvrir un revolver chargé et un couteau poignard.
Le 6 juillet, il fut incarcéré à Mazas.
Dans un courrier au juge d’instruction, en date du 9 juillet 1894, Boutté se plaignit de ses compagnons anarchistes qui avaient voulu le compromettre dans l’affaire Vinchon : « mes bons amis mettaient mes papiers dans un panier contenant des bombes et des ustensiles de cambrioleurs. Aucun de ceux qui ont trempé dans cette affaire, n’a voulu me dire : c’est moi ». Il proposa, dans cette lettre, de travailler pour la Sûreté : « Il faut donc, si je tiens à rester en liberté, vous donner des preuves de non participation à ce qui se passe. Veuillez donc me mettre, si vous le jugez à propos, en rapport avec la Sûreté. Je crois lui être plus utile maintenant, que lorsqu’elle est venue me trouver dans mes débuts anarchistes ». Pour gage de sa bonne volonté, il demanda à voir le juge et lui expliqua qu’il avait rendez-vous le 9 août, avec Bertrand, gérant du Pot à colle, à sa sortie de prison, qui devait lui communiquer quelque chose de très sérieux. Il poursuivit en disant qu’il devait également aller chercher à Poissy, Dardare qui devait sortir de prison le 28 août.
Boutté fut mis en liberté provisoire le 16 juillet. Un ordonnance de non-lieu fut délivrée le 22 juin 1895, pour l’accusation d’association de malfaiteurs.


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