Dictionnaire international des militants anarchistes
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LANDRIOT [Achille MONTFERRAND]
Paris
Article mis en ligne le 14 octobre 2017
dernière modification le 19 mars 2024

par R.D.

Landriot (parfois orthographié Laudriot), dont le véritable nom aurait été Achille Montferrand, avait été signalé notamment dans les réunions du groupe La Vengeance dans le Ve arrondissement en 1885, de la Ligue des antipatriotes (1886) puis celles du groupe Les Libertaires du XXe arrondissement en 1887 et 1888. Il était membre du groupe L’égalité sociale qui en 1887 participait à la campagne contre les bureaux de placement. Puis vers le printemps 1887, avec Gouzien et Chalain membres du même groupe, il avait fondé un nouveau groupe Les Réfractaires. Fin juin 1887 il aurait remplacé Villaret à la rédaction de L’Avant garde cosmopolite (au moins 8 numéros du 28 mai au 23 juillet 1887).

Selon le rapport d’un indicateur daté du 12 août 1887, Landriot, ancien employé d’un entrepreneur de travaux, « sous ses dehors anarchistes, était pétri de vanité et d’ambition… plein de besoins, enclin à la dépense, aimant à fréquenter les brasseries de filles ». Selon ce même indicateur, il aurait alors reçu d’un compagnon italien de Paris une somme de 40.000 francs - provenant d’un héritage - pour éditer quotidiennement L’Avant garde cosmopolite à condition d’y insérer une colonne ou deux en langue italienne pour y répondre aux articles du journal Humanitas (Naples) dont Severino Merlino était l’un des animateurs. Landriot, lors d’une réunion du groupe L’Egalité sociale tenue le 11 août, avait confirmé avoir reçu cette somme le 9 août précédent. Avec Sureau et peut être Coudry chargés de l’administration, il avait ajouté que des caractères d’imprimerie et tout le matériel nécessaire à la composition allaient être achetés et un bureau de rédaction installé 34 rue du théâtre pour éditer, avec une page en italien, cette nouvelle série de L’Avant garde cosmopolite (sans doute non parue).
Selon un autre rapport daté du 25 août, cette affaire d’italien et d’héritage, était un faux bruit répandu par Landriot - avec la complicité de l’italien Petri (?) qui demeurait 34 rue du Théâtre - pour dépister les recherches policières et pour couvrir en fait un projet de vol dans une maison de Bercy dans lequel auraient été impliqués Grenetté (sans doute Grenotté), Méreaux, Courtois, Picard et Letellier qui en aurait parlé à Grave. Les compagnons auraient renoncé à ce projet après s’être aperçus qu’ils avaient été surveillés et filés. Letellier aurait attribué la non réussite de cette affaire aux agissements de Méreaux, Grave et Picard. C’est sans doute la raison pour laquelle Landriot, à cette même époque, qualifiait de "mouchards" les rédacteurs de La Révolte.

En mars 1888, avec A. Sureau, il avait proposé d’organiser un meeting boulangiste. Puis, il aurait, selon la police, décidé d’émigrer aux Amériques grâce à la recette de ce meeting tenu le 25 mars salle Rivoli, qui lui aurait été donnée par Sureau (voir ce nom). Fin mars ou début avril il fut arrêté à la gare de Lyon avec une partie de cette somme. Le 26 avril 1888, selon un rapport de police, il apparaissait à la réunion anti-boulangiste organisée à la salle Gaucher (rue de la Montagne Sainte Geneviève), et comme plusieurs compagnons s’étaient étonné de sa présence, il avait alors déclaré ne plus avoir le désir d’aller au Brésil et vouloir rester à Paris où il pensait que « la révolution était prochaine ». Toutefois, le 4 mai, lors d’une réunion, le compagnon Agresti annonçait le départ de Landriot pour l’Amérique et affirmait même l’avoir accompagné à la Gare du Nord. Plusieurs compagnons, et notamment Lucas, le soupçonnèrent alors d’être un indicateur.

Le 14 mai suivant il fut poursuivi avec Sureau, Moucheraud (détenu) et Lucas (prévenu libre) pour cette affaire de meeting : absent comme Sureau, il fut condamné comme lui par défaut à 6 mois de prison tandis que Moucheraut était condamné à 1 mois et Lucas semble-t-il mis hors de cause. A la sortie du Palais de justice Lucas affirma que Landriot était un mouchard à qui il « fallait casser les reins ».


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