Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
RAME, Hippolyte
Né le 22 mai 1841 à Lyon 2e - Tisseur – Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 22 juin 2017
dernière modification le 14 septembre 2023

par Laurent Gallet, R.D.

Enfant naturel d’une tisseuse qui décéda en 1882, Hippolyte Ramé fit ses études chez les frères de la doctrine chrétienne, à la Croix-Rousse, puis apprit la profession de tisseur qu’il a longtemps exercée plus ou moins régulièrement. Il contracta mariage, à la mairie du 4e arrondissement, le 17 mai 1866, avec Victorine Hyverd (décédée en 1869), de laquelle il se sépara un an après. Le 4 juillet 1872, il se maria en secondes noces, avec Jeanne Louise Vindry, fille du patron chez lequel il travaillait, rue Janin, et dont il s’était également séparé au bout d’un an. Vers 1870 il aurait fait un séjour à Nantua où il aurait été répétiteur dans un établissement d’éducation.

En 1872, Ramé appartint au cercle progressif des travailleurs de la rue du Mail. Le fichier des communards de Lyon mentionne un tisseur nommé Ramée mais nous ignorons s’il y a identité avec Hippolyte.

En mai 1883, il fut nommé parmi les 12 membres de la commission pour protester contre la loi sur les récidivistes. A ce titre, il lut un rapport lors d’une réunion tenue salle de la Perle, à la Croix-Rousse le 2 juin 1883. Il y était affirmé que « la société est en danger car dans l’arsenal des lois il se prépare contre nous une arme nouvelle d’autant plus terrible que pour mieux tromper l’opinion elle est à double face, car elle ne vise, vraiment que ceux qui recherche la justice pour le bonheur de l’humanité ».
Il demeurait alors dans une mansarde, 114 Montée de la Grande Côte et travaillait comme tisseur.

Il s’agit vraisemblablement du Ramet (sic) qui cette même année 1883 aurait été membre de la rédaction du journal La Lutte (Lyon).

Le 3 janvier 1888, il fut entendu par le juge Cuaz, inculpé d’excitation au pillage, au meurtre et à l’incendie par des discours proférés dans une réunion publique. Les faits remontaient à la réunion publique tenue le 17 décembre 1887 à la salle Rivoire à Lyon où il avait notamment déclaré : “On n’a pas à racheter ce qu’on a payé de son sang ! Quand les voleurs sont là, on les prend. La propriété est à nous et on la rachèterait ! En 93, quand les châtelains ne voulaient pas déguerpir, on a fait avec eux comme avec les loups : flammes au bois, à la forêt… Le paysan soulève le gazon, le ramasse et y met le feu ; la moisson vient ensuite sur cette terre calcinée : c’est ce que nous devons faire”. De plus, le 21 janvier 1888, lors d’une réunion privée organisée par le compagnon Boissy, il avait raconté sa convocation chez le juge d’instruction et avait recommandé “un nomme Badin ou Bardin, agent qui a suivi toutes nos réunions et qui, nous connaissant, nous dénonce à la police. Quand le jour de la Révolution, qui est prochain, aura sonné, point de quartier pour lui ni pour ceux qu’on soupçonne. Il faudra se faire justice soi même des traîtres”. Puis il aurait ajouté : “Je recommande spécialement aux mères de famille d’enseigner à leurs enfants quand ils passent soit devant un grand hôtel, soit devant un grand magasin ou devant n’importe quelle banque, de leur faire comprendre que tout ce qu’ils voient est du bien volé, que tous ceux qui ne travaillent pas volent celui qui travaille”. Lors des interrogatoires il nia avoir prononcé exactement les paroles pour lesquelles il était poursuivi. Il fut condamné le 13 février 1888 par la cour d’assises de Lyon à 1 mois de prison et 50 Francs d’amende pour "provocation non suivie d’effets, au meurtre, au pillage et à l’incendie". La fiche de renseignements établie à cette occasion par la justice estima Ramé comme étant « très instruit ».

En décembre 1888 il était membre de la Chambre syndicale des hommes de peine qui venait de se constituer et dont L. Puillet était le secrétaire.

Orateur infatigable des réunions politiques, il n’hésitait pas à porter la contradiction chez ses adversaires, comme le 24 mai 1889 où il se fait huer devant 800 spectateurs venus assister à une réunion organisée par les blanquistes boulangistes du Rhône. En juillet 1889, il fit partie du groupe le Réveil croix-roussien, nouvellement fondé dans le but d’avoir un collectif local à la Croix-Rousse. A la suite du 1er mai 1890, Ramé fut arrêté pour excitation à la guerre civile, et son domicile perquisitionné. Il fut remis en liberté le lendemain.

En 1891, il fit partie du syndicat des travailleurs réunis.

En 1892, il assista aux réunions du groupe anarchiste des Brotteaux.

Lors des perquisitions des 19 et 20 février 1894, la police saisit chez Ramé des exemplaires de la Revue anarchiste, de l’En-dehors et du Père Peinard. Il fut écroué à Saint-Paul et remis en liberté le 28 février.

Le 7 mai 1894, il fut de nouveau entendu par la justice. Lors d’une réunion tenue le 30 avril, et après qu’un député socialiste ait critiqué les anarchistes, il avait affirmé : « En 1793 on a brûlé les châteaux et le député vient nous dire aujourd’hui : ne brûlez pas les châteaux où loge le loup… conservez-moi mes 25 francs. Nos camarades montent à l’échafaud et lui il monte au pouvoir. La France est en fête, l’échafaud se dresse pour un homme qui n’a jamais renié ses idées, il va monter à l’échafaud, l’autel de la patrie ; Paris le sait, Barcelone l’a su… Nous avons les marmites, je dis que c’est la défense sociale. La victime a toujours mieux valu que le bourreau. Les députés ont peur… Quand les maîtres tremblent, c’est bon… ». Le 23 mai, il présenta lui-même sa défense au cours du procès. Reconnu coupable avec circonstances atténuantes, il fut condamné à 5 mois de prison pour apologie de faits qualifiés crimes, de provocation directe au meurtre et à l’incendie. Boriasse poursuivi pour les mêmes raisons avait été condamné à 6 mois d’emprisonnement.

Entre juillet 1898 et le début de 1901, son nom n’apparaît plus dans les comptes-rendus de réunion fait par la police. S’était-il retiré de la lutte politique pendant quelques années ou bien avait-il quitté Lyon pendant ces années ?

En 1901, il fit partie du groupe de la Coopération des idées du 2e arrondissement. A l’été 1901, il fut l’un des signataires pour le groupe Germinal de Lyon d’un manifeste intitulé Guerre à la guerre.

Le 17 août 1902, lorsque la “ligue de solidarité” décida d’envoyer 24 enfants de Lyon et Villefranche-sur-Saône en villégiature pendant un mois au château de Ronzière, Ramé fut choisi comme accompagnateur. L’hôte du château, le Dr Auguiot, fit néanmoins savoir à la ligue qu’il jugeait Ramé inapte à surveiller les enfants et qu’il n’acceptait de le garder qu’en tant que pensionnaire au château.

En 1910, Ramé, âgé de 69 ans est hospitalisé aux invalides du travail.


Dans la même rubrique

RAKHMANKILOVA, Soulia
le 25 janvier 2022
par R.D.
RAMOS, Jesus
le 22 juin 2021
par R.D.
RAMONDOU
le 22 juin 2021
par R.D.
RAMIREZ, Manuel
le 22 juin 2021
par R.D.
RAMBINEAU, Paul
le 22 juin 2021
par R.D.