Dictionnaire international des militants anarchistes
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DUPRAT, Louis, François “PAUL” ; “PILOUX”
Né à Saint-Martin (Gers) le 25 octobre 1857 - Ouvrier tailleur ; marchand de vins - Paris - Londres
Article mis en ligne le 22 mars 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Francis Louis Duprat

Ouvrier tailleur, Louis Duprat fonda, avec Vilhem et Couchot, en juin 1882, le groupe anarchiste L’Aiguille. Tous les trois appartenaient au syndicat des tailleurs — exclusivement anarchiste — et qui ne groupa qu’une dizaine d’adhérents dont Bordes, Cahuzac et les frères Bourdin. Puis L’Aiguille, dont la première secrétaire fut semble-t-il, Louise Michel, cessa d’être un groupe strictement corporatif et regroupa des anarchistes de diverses professions. Dès sa fondation le groupe participa à toutes les manifestations et réunions - contre les expulsions de compagnons étrangers, procès de Montceau-les-Mines, Commission des ouvriers sans travail… - et la grève générale des ouvriers tailleurs (avril-juillet 1885). Outre ses fondateurs, ses principaux militants furent entre autres Pennelier, Mege, Diamisis, Raoux, Pouget, Jallot et Le Bollok.

En mars 1883, lors d’une réunion des groupes anarchistes de Paris et de banlieue, il avait été nommé trésorier et chargé notamment de la récolte de fonds pour le nouvel hebdomadaire La Vengeance anarchiste (Paris).

Dans ces années 1880 il participait également aux réunions du groupe La Panthère des Batignolles fondé à l’automne 1882 et à celles de La Sentinelle révolutionnaire du XVIIIe arrondissement.

Duprat fut un des principaux rédacteurs de Terre et Liberté, (Paris, 18 numéros du 25 octobre 1884 au 21 février 1885), sous-titré Organe communiste anarchiste et dont l’imprimeur gérant était Antoine Rieffel. Le siège du journal, 3 ruelle Pellé (rue Saint-Sabin), ayant été saccagé par la police et le gérant poursuivi pour “excitation au pillage”, les rédacteurs suspendirent la publication qui fut remplacée par L’Audace (Paris, 3 numéros du 7 au 21 mars 1885) qui signalait dans le n°1 qu’Antoine Rieffel avait été condamné à 2 ans de prison, 200f d’amende et cinq ans de surveillance par le tribunal correctionnel de la Seine.

En 1885 il était le dépositaire du journal Ni Dieu ni maître (Bruxelles) qu’il diffusait lors des réunions publiques.

Vers le printemps 1886 il avait été suspecté d’être l’un des auteurs avec Albert Maugé, Adrien Martin et Rozier de la brochure L’Action, un manuel pour la fabrication d’explosifs pour laquelle Rozier tentait de trouver un imprimeur. Il était alors, selon la police, membre du groupe Les Dynamitards qui se réunissait parfois chez Rousseau (rue Saint-Martin) et dont faisaient entre autres partie Lapierre, Albert, Gardrat et Joutant dit Rozier.

Il avait participé avec notamment Niquet, O. Jahn et Bidault, à la fondation à la fin de l’été 1886 de la Ligue des antipatriotes.

Début 1887 il était, semble-t-il, membre du groupe La Sentinelle et, en février, lors d’une réunion, avait été accusé par Murjas de ne pas avoir envoyé à Cyvoct, Clément Duval et Gallo les sommes récoltées à leur profit lors des meetings. Sa femme était également signalée dans les réunions.

En aout 1888, lors de la grande grève des ouvriers terrassiers, de la campagne contre les bureaux de placements et de l’agitation et grèves des limonadiers et des garçons coiffeurs notamment, il avait fait imprimer avec Vilhem « des passes partout » appelant la corporation des ouvriers et ouvrières de la Seine à une réunion générale le 11 août à la salle Pétrelle avec pour ordre du jour « la grève générale ».

Vers l’été 1889, selon la police, il aurait reconstitué le groupe La Sentinelle auquel participaient entre autres Morel, Grenotte, Sourisseau, Rossignol et la femme Duval. En octobre le groupe proposait d’organiser une soirée dont le produit servirait à imprimer la défense du compagnon V. Pini. Fin 1889 le groupe s’était renommé Les anarchistes de Montmartre, suite à la fondation d’un groupe boulangiste appelé La Sentinelle.

Il y a vraisemblablement identité avec Duprat, restaurateur 13 rue Monsigny, chez qui, au printemps 1890, résidait Octave Jahn (cf. lettre d’O. Jahn saisie lors d’une perquisition en novembre 1893 chez Pannetier de Troyes, AD Aube 5U267).

En janvier 1892 il participait aux réunions du groupe parisien de propagande anarchiste qui publia un numéro unique du journal antimilitariste Le Conscrit (voir Charveron).

Comme de très nombreux compagnons, tant à Paris qu’en banlieue et en province, il fut arrêté le 22 avril 1892, préventivement à la manifestation du 1er mai. Lors de la perquisition la police avait saisi à son domicile de nombreuses brochures et manuscrits, un révolver non chargé et un couteau-poignard.

Le 19 février 1894, comme 150 autres compagnons à Paris et en banlieue, son domicile, rue Ramey, fut l’objet d’une perquisition où la police avait saisi diverses brochures et journaux anarchistes. Selon un témoignage de Madame Duprat, dont le mari était alors parti très tôt aux halles, elle avait été réveillée par "un filet de lumière sous la porte de sa chambre et avait même crié Au voleur !" lors de l’intrusion des policiers qui attendirent plusieurs heures le retour de son mari. Mais ce dernier, au retour des Halles, voyant fenêtres et portes closes du cabaret et averti ainsi de la présence des agents, avait passé son chemin afin d’échapper à une arrestation (cf. le Temps).

Duprat, devenu marchand de vins et cabaretier (rue Joquelet puis 11 rue Ramey), fut impliqué dans le Procès des Trente : le 6 août 1894 trente accusés comparurent sous l’inculpation d’avoir constitué une association de malfaiteurs. Parmi les plus connus figuraient Jean Grave, Sébastien Faure, Charles Chatel, Matha, Félix Fénéon, etc, soit 19 théoriciens et onze illégalistes dont Ortiz, Chericotti et Bertani. Duprat, qui avait pris la fuite fut condamné par défaut le 21 octobre à vingt ans de travaux forcés avec P. Reclus, C. Martin, E. Pouget et A. Cohen qui étaient également en fuite. La peine fut amnistiée le 2 février 1895. Tous les autres accusés, à l’exection de trois illégalistes, avaient été acquittés.

Duprat, dont le nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue d’une "surveillance spéciale aux frontières", s’était réfugié en Grande Bretagne où il résidait avec sa compagne Louise Pioger dite Quitrime au 24 Grafton Street dans le quartier de Soho. A londres il fréquentait les compagnons Armand Lapie, Mattaini, Monceux et Clovis Sicard. Selon la police, il aurait été en 1894 l’auteur avec Dutheil du manifeste On n’en tuera jamais assez. Il travaillait alors chez le compagnon tailleur Richard Bourdin dont le frère Martial s’était tué en manipulant une bombe.

Début mars 1894 sa compagne Louise Pioger était rentrée à Paris pour reprendre le cabaret de la rue Ramey oùle 6 mars elle fut arrêtée avec une quinzaine d’autres lors d’une rafle.

Début mars 1895 il rentrait à Paris pour se mettre au service de Sébastien Faure avec lequel il fut arrêté le 4 mars près du Palais de Justice où il voulait obtenir la révision de son procès. Le 12 mars suivant il fut finalement acquitté par la Cour d’assises de la Seine.


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