Dictionnaire international des militants anarchistes
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CASTELLANI, Dario “RISVELI”
Né le 6 octobre 1894 à Gallizo (Florence) – mort le 30 avril 1969 - Boulanger – UAI – FAI - Florence – Marseille (Bouches-du-Rhône) – Barcelone (Catalogne)
Article mis en ligne le 18 juin 2016
dernière modification le 14 décembre 2023

par Françoise Fontanelli Morel, ps

Fils de Giuseppe Castellani et d’Eugenia Sorbi, Dario Castellani fut à 18 ans l’un des premiers membres de l’Union Anarchiste florentine. Très actif durant le Biennio Rosso, il participa à l’insurrection de Florence de la fin février 1921. Pour fuir son procès, en septembre 1923, il s’expatria clandestinement à Marseille avec sa compagne Fosca Corsinovi et leur fille de trois ans, Luce. La police fasciste le retenait comme l’anarchiste le plus en vue et le plus actif de la cité phocéenne. Il fit partie du groupe des Toscans qui après le transfert à Marseille du Comité Pro Figli Dei Carcerati ou Pro Filius de Milan s’investirent dans l’assistance aux enfants d’anarchistes emprisonnés ou poursuivis pour leur activité subversive.

Ce comité créé le 10 juin 1924 à Milan et transféré à Marseille en mai 1925 après sa dissolution et son passage à la clandestinité eut pour objectif de soustraire les enfants aux établissements religieux ou fascistes et les maintenir dans un environnement familial et éducatif libertaire.

En 1925, Dario Castellani et sa compagne Fosca vivaient au 5, rue de la Taulière à Marseille, puis le couple s’installa au 72, boulevard d’Endoume où il accueillit un grand nombre de libertaires italiens de passage ou dans la clandestinité. En effet, en 1928, il hébergea Barsanti Amilcare et Pietro Cociancich. Leur domicile servit également de boîte aux lettres à de nombreux compagnons. Dario Castellani et sa compagne semblent avoir été les principaux animateurs du comité Pro Figli Dei Carcerati de Marseille.

En avril 1925, il travaillait à la Boulangerie Maritime du Boulevard Maritime. En mars 1931, Fosca et Dario travaillaient tous les deux dans la même boulangerie.

Acteur dans la troupe composée de Fosca Corsinovi, Giulio Bacconi et d’Antonio Cherici, il jouait des pièces engagées au profit des victimes politiques d’Italie. Le 23 janvier 1927, il joua le rôle d’un fasciste dans la pièce de Felice Vezzani*« Demenza Giustiziera » dont l’action se déroulait dans un asile psychiatrique italien. Avec le groupe Artistique International, il se produisit devant 200 personnes au centre Català proche du quartier de la Plaine. Le 20 novembre 1927, il jouait dans « Le Petit Chaperon Rouge » de Gaudin et Gevel.

Malgré tout, sa présence dans les sources policières marseillaises fut assez discrète et c’est grâce aux listes de souscriptions que l’on devine sa présence et son activité militante jusqu’en 1930.

Son rôle de premier plan dans le mouvement libertaire marseillais et ses contacts avec Camillo Berneri lui valurent l’expulsion le 30 mai 1930 (notifié le 11 juin). Il se sépara alors de sa compagne et de sa fille pour se rendre en Belgique. Au printemps 1931, il rejoint Barcelone où avec Virgilio Gozzoli il organisa un « Bureau libertaire de correspondance ». En septembre 1935,
après avoir bénéficié d’un sursis renouvelable de 6 mois, il était de retour à Marseille où il aurait repris son activité avec une extrême prudence jusqu’au début de la Guerre civile espagnole. Selon Luigi Di Lembo, contraint d’abandonner l’Espagne, il se serait réfugié en Tunisie durant l’année 1934.

Un rapport de l’OVRA du 7 septembre 1943 souligna qu’entre 1927 et 1932, douze attentats eurent lieu en France et en Italie ; attentats derrière lesquels apparaissaient toujours les noms de Castellani et de sa compagne Fosca Corsinovi.

En novembre 1936, il combattait en Espagne dans la Brigade Garibaldi avec Randolfo Pacciardi.

Réfugié dans la région toulousaine parmi les brassiers, il fut arrêté début 1939, et interné à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) ; camp dans lequel il semblerait qu’il soit à l’origine d’un « comitato interno del campo di concentramento ». Un comité constitué afin d’administrer, de partager et de distribuer équitablement tout ce qu’ils recevaient. Les bilans financiers et les communiqués étaient rédigés par Giovanni Dupuy et Dario Castellani puis transmis par Louis Montgon à Pio Turroni.
Nous retrouvons son nom sur une liste dactylographiée transmise à Pio Turroni en mars 1939 comportant 110 noms de compagnons internés à Argelès qui bénéficiaient du secours du comité. Une liste quasiment identique fournie par un espion de l’OVRA au ministère de l’Intérieur recensait les membres du groupe libertaire Libertà o Morte en août 1939. Par ailleurs, les archives du camp d’Argelès y indique sa présence du 27 mars au 19 juillet 1941.

Livré aux autorités italiennes puis envoyé au confino pour cinq ans sur l’île de Ventotene, il fut transféré dans le camp de Renicci d’Anghiari près d’Arezzo le 25 juillet 1943. Il s’en évada le 8 septembre 1943. De retour dans les environs de Florence, il retrouva sa compagne et sa fille.
Après la guerre, il participa à la réorganisation du mouvement anarchiste et fut le délégué de Florence au premier Congrès de la Fédération anarchiste italienne (FAI) à Carrare en septembre 1945.

Dario Castellani mourut le 30 avril 1969 d’un infarctus au siège de l’Union Anarchiste florentine.


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