Dictionnaire international des militants anarchistes
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CRESTIN, Claude, Dominique
Né à Lyon, IIIe (Rhône) le 10 avril 1856 - Serrurier – Lyon (Rhône) - Genève
Article mis en ligne le 20 janvier 2016
dernière modification le 7 septembre 2023

par ps

Claude Crestin, qui demeurait 166 rue Cuvier à Lyon, qui en 1880 avait été délégué au congrès régional du parti ouvrie à La Croix Rousse, appartint à la Fédération révolutionnaire de la région de l’Est qui, en mars 1881 — c’est-à-dire quelques semaines avant la tenue à Paris du congrès régional du Centre qui, dans le Parti ouvrier, marqua la scission entre socialistes et anarchistes — groupait la plupart des anarchistes de la région de l’Est.

Selon un rapport de police il était d’un “caractère violent, emporté” et avait longtemps vécu “avec une fille soumise dont il avait eu un enfant décédé” (avant 1882).

Lors d’une réunion chez Bordat le 11 décembre 1881 à laquelle avaient entre autres participé Boriasse, Dejous, Dard, Rocard, etc., c’est Crestin qu avait proposé et fait adopter l’organisation par la Fédération d’une réunion publique à tenir le 17 décembre suivant à la salle de l’Elysée et ayant pour ordre du jour “Du communisme anarchiste”. Un comité d’organisation de cette réunion, avait été formé des compagnons Pautet, Fontana, Thomas, le cadet des frères Trenta et Gaudet de la section de la Guillotière.

Commença alors pour lui une période fort agitée. Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1882, il participa au siège du Réveil lyonnais, ce qui lui valut sa première condamnation, pour tapage nocturne (le 23 février), à 15 f d’amende.

Au début de mai 1882, il fut nommé secrétaire de rédaction du journal Le Droit social où il avait remplacé Bernard parti à Paris et, le 28, il anima la réunion-procès tenue salle de l’Élysée pour juger les magistrats qui venaient de condamner Dejoux (voir ce nom), gérant du journal.

Le 18 juin 1882, lors d’un meeting franco-italien tenu dans cette même salle de l’Élysée, on vit Crestin s’emparer de vive force de la présidence en dépit de l’opposition du commissaire de police, et cette action lui valut, le 20 juillet, une nouvelle condamnation à 6 et 5 francs d’amende pour organisation de réunion “sans déclaration préalable et sans composer régulièrement un bureau“…

A cette même époque, avec plusieurs autres compagnons - dont Bonthoux et Pautet notamment - il participait aux réunions de la Ligue pour les intérêts populaires (grève de l’impôt et des loyers) où blanquistes et anarchistes se disputaient la direction du mouvement.

Au cours de l’été 1882, devenu gérant de l’Étendard révolutionnaire, il participa à l’organisation de conférences données par Louise Michel, Rouanet et Digeon ; il diffusa lors de ces réunions un article violent intitulé « Mort aux voleurs ». Le 16 août 1882, en cour d’assises, une nouvelle fois poursuivi avec Bonthoux, en raison de ses fonctions de gérant du journal libertaire, il rétorqua à l’avocat général qui l’accusait d’avoir vécu du produit de la prostitution : « Vous venez de prononcer votre arrêt de mort ». Arrêté à l’audience, il fut condamné d’une part pour provocation à crimes, meurtres et pillages et d’autre part pour outrage à magistrat, à deux ans de prison et 100 f d’amende et à un an et un jour de prison (peines confondues).

Il purgeait sa peine lorsqu’on le joignit en janvier 1883 à la fournée des anarchistes poursuivis en vertu de la loi Dufaure de 1872 pour reconstitution d’une organisation internationale des travailleurs (procès des 66, voir Toussaint Bordat). Le 19 janvier 1883, le tribunal correctionnel le condamna à trois ans de prison, 500 f d’amende, dix ans de surveillance et cinq ans de privation des droits civils. La cour d’appel de Lyon réduisit cette peine, le 13 mars 1883, à deux ans de prison, 300 f d’amende et cinq ans de surveillance, l’interdiction étant maintenue.

Crestin fut libéré le 17 janvier 1886 à la suite d’une grâce présidentielle. À son retour en France, ses liens avec les libertaires semblent s’être distendus.

Le 9 février 1887, suite à l’explosion la veille de deux bombes au Palais de justice, il avait été l’objet d’une perquisition comme plusieurs autres militants. Il s’était ensuite réfugié à Genève où il travaillait chez un carrossier et où, en avril, sa compagne Marie, l’une des sœurs Hugonnard l’avait rejoint.

Entre 1888 et 1894, il travailla successivement à l’atelier de construction des tramways de Lyon, chez un fabricant de voitures d’enfant, chez un carrossier et aux ateliers de la Buire.

Désormais, il se consacra exclusivement à des tâches syndicales et en 1890 son syndicat des carrossiers le délégua à la Bourse du Travail de Lyon. En novembre 1893, la police le considérait comme « un socialiste révolutionnaire non militant, laborieux et rangé qui a su mériter la considération des personnes avec lesquelles il est en relations ». En avril 1894, il introduisit une demande de réhabilitation afin d’obtenir un emploi aux chemins de fer.


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