Dictionnaire international des militants anarchistes
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DUTHEIL, Louis
Né le 28 septembre 1864 à Maisonnais (Haute-Vienne) - Tailleur d’habits - Paris
Article mis en ligne le 14 octobre 2015
dernière modification le 11 avril 2024

par Dominique Petit, ps
Louis Dutheil

Ouvrier tailleur d’habits, Louis Dutheil fut occupé pendant quelque temps chez M. Girard, 16 rue des Poissonniers. Il vivait maritalement avec une nommée Bigot qui était mère d’un enfant.

Dutheil était mêlé au mouvement révolutionnaire depuis 1890 et militait dans les groupes de sa corporation.

En 1891 son nom figurait, semble-t-il, comme gérant du journal interdit en France L’International (Londres).

Le 23 janvier 1891, il participa à une manifestation des ouvriers sans travail, place de l’Opéra. Il brisa d’un coup de canne, une glace du café Américain, ce qui lui valut d’être condamné le 13 février suivant a 15 jours de prison pour port d’arme prohibée et bris de clôture. Après son arrestation place de l’Opéra, sa femme avait tenté en vain d’empêcher la diffusion du journal L’International dans les réunions du Cercle anarchiste international, craignant, disait elle “que la peine de son mari soit encore plus forte”.

En avril 1891 il avait effectué une période militaire de 28 jours à Limoges où les compagnons l’avaient chargé à son retour à Paris de faire imprimer une affiche et un manifeste.

A l’été 1891, il fut chargé de la récolte de fonds pour aider la compagne d’Edouard Grangé, condamné au printemps à 12 ans de travaux forcés, restée seule et qui venait d’accoucher d’un troisième enfant. A cette même époque il proposait d’aller faire "le tapage" dans les meetings boulangistes.

Arrêté le 13 juillet 1893, pour avoir affiché des placards anarchistes, rue de Rome et trouvé porteur d’une de ces affiches, il fut relaxé.
Dans une réunion tenue en septembre 1893, il invita les assistants à manifester à l’occasion de l’arrivée des marins russes.

Lié à Lésard, Decker, Duprat, la police lui prêta le projet de faire sauter la Chambre des députés ou la Préfecture de police et en juillet 1893, il cherchait à recueillir des fonds pour faire partir à Londres 4 ou 5 anarchistes qui venaient de tenter « un coup » dans la banlieue.

Au cours de la perquisition opérée à son domicile en janvier 1894, en vertu d’une commission rogatoire du juge d’instruction de Limoges, il fut saisi un grand nombre de brochures anarchistes, des journaux, comme le Père Peinard, La Révolte, des lettres et des talons de mandats-poste, adressés au compagnon Petronille Altérand à Londres.
Selon la police, il aurait été, en 1894, l’auteur avec Duprat du manifeste On n’en tuera jamais assez.

Le 30 juin 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener, à l’encontre de Dutheil, pour association de malfaiteurs. Le 1er juillet à 11h du matin, le commissaire de police du quartier de Bonne-Nouvelle, se présenta à son domicile, 123 rue de Montmartre, où son logement était composé de deux pièces et d’une cuisine. La perquisition fit découvrir une dizaine d’exemplaires de journaux anarchistes de l’année 1893, La Révolte, Le Père Peinard et l’En Dehors. Dutheil fut arrêté et emmené au commissariat.
Interrogé, il déclara qu’il n’était pas anarchiste mais individualiste : « Tout ce qui n’a pas trait à mon bonheur personnel m’est indifférent ». Concernant la propagande par le fait, il expliqua : « Je ne suis, ni pour, ni contre. Je suis indifférent. J’ai ma philosophie à moi et je n’ai pas à juger les actes des autres ». Il précisa : « Je suis égo-archiste, c’est à dire que j’ai des idées qui sont ma conception personnelle sur la philosophie et c’est dans la lecture astronomique de Flammarion que j’ai puisé la plupart de mes conceptions philosophiques ». Il refusa de signer ses interrogatoires devant le juge d’instruction.
Le 4 juillet, il fut emprisonné à Mazas et fiché, comme anarchiste, au fichier Bertillon. Le 17 juillet, le juge d’instruction le mit en liberté provisoire. Le 4 juillet 1895, le juge d’instruction Henri Meyer, prononça une ordonnance de non-lieu concernant l’inculpation d’association de malfaiteurs.

A la fin des années 1890 il demeura, semble-t-il, 38 rue Milton.

En 1908 il résidait 16 rue des Martyrs et avait été chargé à l’automne des souscriptions en faveur d’Edouard Grangé toujours en relégation en Nouvelle-Calédonie.


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