Dictionnaire international des militants anarchistes
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SIRVENT ROMERO, Manuel
Né le 9 novembre 1889 à Elda (Alicante) – mort le 1er décembre 1968 - Cordonnier – FAI – CNT – Alicante – Barcelone (Catalogne) – Rennes (Ille-et-Vilaine) – Paris
Article mis en ligne le 10 octobre 2015
dernière modification le 27 octobre 2023

par ps
Manuel Sirvent Romero

Né dans une famille paysanne, Manuel Sirvent Romero, qui ne put guère fréquenter l’école, avait commencé dès l’âge de 7 ans, en 1897, à apprendre le métier de cordonnier. C’est en 1909, qu’à Almansa, il entra en contact avec les idées socialistes et que cette même année il fonda à Elda (Alicante) un groupe socialiste. Devenu anarchiste en 1911, il adhéra alors au groupe Los Invencibles animé notamment par le compagnon José Gil. Deux ans plus tard il rencontrait la compagne de toute sa vie, Dolores. Puis, en tant qu’anarchiste vivant en union libre et avoir enterré civilement sa mère, il fut porté sur une liste noire patronale l’empêchant de trouver du travail, et dut alors partir pour Barcelone où il adhéra immédiatement à la CNT par l’intermédiaire de Tomas Herrero. Il s’intégra aux luttes menées par le syndicat du cuir et fut nommé trésorier de la Société ouvrière La Armonia.

Membre de l’Athénée syndicaliste de Barcelone, il fut également en 1914 l’un des rédacteurs du journal Regeneracion (Sabadell, 1914) opposé à la guerre et dirigé par Eusebio Carbo. L’année suivante, ce fut par son intermédiaire que Carbo devint responsable de l’école rationaliste de Elda et que Loredo prit la direction de l’organe local de la CNT, tandis que lui-même revenait à Elda où il continua d’être la victime du boycott patronal. Il dut alors aller à Villena (Alicante) où il fonda un groupe anarchiste avant de regagner Barcelone.

Membre du comité de la société des cordonniers, il était également membre du groupe anarchiste Los Hijos del pueblo avec notamment Gaston Leval, Fortunato Barthe et Basilio Artal. En 1917 il s’intégra à la commission, présidée par Herreros, chargée d’organiser une conférence nationales des groupes anarchistes pour traiter de la situation révolutionnaire et de l’attitude à adopter à propos du syndicalisme. Cette même année 1917, il participa aux barricades lors de la grève d’août. L’année suivante il participa au congrès régional de Sants, à des meetings avec Angel Pestaña et J. Viadiu lors de la grève des cordonniers (juin) et à la fondation du syndicat unique de la peau.

Au printemps 1919, lors de la grève de la Canadiense, il fut interné à Montjuich. A sa libération il fut déporté en Estrémadure puis regagna Villena où, la CNT n’y existant pas, il s’intégra au Comité exécutif de l’UGT dont les syndicats ne tardèrent pas à adhérer à la CNT. En juillet 1922 il fut délégué de San Pedro Pescador à la Conférence de Blanes. Il était alors le représentant du syndicat de la peau au Comité national de la CNT et en décembre il participa à la conférence régionale des groupes anarchistes tenue à Barcelone.

Pendant la période terroriste des "syndicats libres" (financés par le patronat et engageant des pistoleros pour assassiner les militants de la CNT), il fit une tournée de conférences au Levant pour y récolter des fonds, puis à une tournée nationale pour expliquer les objectifs révolutionnaires de la CNT. Vers l’été 1923 il intégra le Comite national de la CNT en remplacement de Viñas. En septembre 1923 il résidait à Villena puis à Elda où il travaillait comme représentant en livres. Arrêté, il fut alors déporté à pieds à Montilla del Palancar puis assigné à résidence 4 mois à Cuenca avant de revenir à Elda d’où, en 1925, il souscrivait au fond de soutien aux prisonniers lancé par La Revista Blanca, avant de retourner à Barcelone.

Emprisonné à plusieurs reprises (1925 et 1927), il participa en 1927 à Valence à la conférence de fondation de la Fédération anarchiste ibérique (FAI). En juin 1930 il intégra de nouveau le Comité national de la CNT, dont le secrétaire était P. Alfarache et fut nommé secrétaire du comité anarchiste chargé du dialogue avec les militaires républicains partisans de renverser Primo de Rivera. A cette occasion rencontra le capitaine Fermin Galan. Cette même année 1930, il intervint lors de la grève du port de Sagunto, organisa à Villena un plenum régional des groupes anarchistes du Levant et effectua une tournée dans la région du Levant. Membre du Comité péninsulaire de la FAI, il était délégué du Comité national. Toutes ces activités lui valurent divers emprisonnements, et à sa libération début 1931 il fut nommé président du syndicat de la peau avant de s’intégrer au Comité de la Fédération nationale de l’industrie de la peau. Lors de la conférence de la FAI de juin 1931, il lui fut reproché son action conspiratrice et il fut interdit d’exercer un poste de responsabilité pendant 6 mois.

Au début des années républicaines, il fit divers meetings et tournées de conférences (notamment en Aragon et aux Baléares) et en 1932 participa comme délégué du syndicat du cuir au plenum régional catalan de la CNT.

Dans les années qui suivirent, après ses problèmes avec des militants de la FAI, il se retira de la militance active et monta un atelier de cordonnerie où ne travaillaient que des compagnons anarchistes.

Dès le coup d’État franquiste du 19 juillet 1936, il participa à Barcelone aux combats sur les barricades puis fut l’un des organisateurs de la collectivisation de l’industrie du cuir. Nommé secrétaire de l’industrie socialisée de la chaussure, il participa en octobre 1936 à Valence à une conférence UGT-CNT de l’industrie du cuir où il s’opposa notamment à la participation gouvernementale de la CNT, ce qui lui valut sans doute d’être ensuite marginalisé dans l’organisation. Il travailla par la suite dans l’aéronautique à Sabadell et Figueras.

En février 1939, il passa en France lors de la Retirada et fut interné dans divers camps de concentration (Saint-Cyprien, Gurs et Septfonds) jusqu’en février 1940 où il était enrôle dans les Compagnies de travailleurs étrangers et envoyé à Saint-Médard, Mimizan, Bouletenère et Campoussy. Arrêté à Rennes par les Allemands, il fut envoyé en 1942 au travail forcé à la base-sous marine de Brest, puis à Cherbourg et enfin au camp d’internement de l’île anglo-normande d’Aurigny (Alderney).

Libéré après le débarquement de juin 1944 il s’installa à Rennes où il allait activement participé à la réorganisation de la CNT-MLE, dont il allait être le délégué au premier congrès tenu à Paris par la CNT en exil en mai1945. Membre du comité régional de Bretagne de la CNT en exil, il représenta également l’organisation à la Junte espagnole de libération (JEL).

Lors du plenum régional tenu à Rennes les 24 et 25 juin 1945, il fut nommé directeur de l’hebdomadaire Libertad (Rennes, 1945-1947, au moins 79 numéros) l’organe régional de la CNT-MLE. Il fut également avec Jesus Canuto, Enrique Ordono et Salvador Cornil l’un des orateurs au meeting de clôture du plenum. Puis en août 1945 il vint s’installer à Paris où il continua son militantisme et intégra le groupe anarchiste Los Cosmopolitas.

En 1947 il fut le délégué de Nanterre, Nancy et Amiens au 2e congrès tenu par la CNT à Toulouse. L’année suivant le décès en Espagne de sa compagne Dolorés le toucha profondément. Resté veuf, il fut rejoint par son fils, Amor, qui était resté en Espagne avec sa mère (il avait également deux filles, Luz et redencion). Victime d’une hémiplégie en 1961, il décéda à Orsay le 1er décembre 1968.

Œuvre : - Un militante del anarquismo español, 1890-1947 (Madrid, Ed. FAL, 2012) http://fal.cnt.es/?q=node/35105. - Le cordonnier d’Alicante : mémoires d’un militant de l’anarchisme espagnol, 1889-1948 (Ed. CNT-RP, 2017) http://www.cnt-f.org/editionscnt-rp...


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