Dictionnaire international des militants anarchistes
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DIDELIN, Nicolas, Alphonse
Né vers 1861 - mort en avril 1889 - Marchand ambulant - Lyon (Rhône) - Paris
Article mis en ligne le 5 mars 2007
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Nicolas Didelin, qui était un petit cousin de Louise Michel, appartint à la fédération révolutionnaire de la région de l’Est, qui, en mars 1881 — c’est-à-dire quelques semaines avant la tenue à Paris du congrès régional du Centre qui marqua la scission entre socialistes et anarchistes — groupait la plupart des anarchistes de la région de l’Est.

Il travaillait comme courtier à La Librairie française, puis, à parti de juin 1882 devint marchand ambulant sur les foires et marchés.

L’anarchiste A. Cyvoct avait lancé en 1882 une campagne antimilitariste qu’il menait dans les réunions publiques organisées par la fédération révolutionnaire ; il incitait les jeunes gens à la grève des conscrits et à la désertion, et les invitait à s’inscrire au bureau de l’Étendard révolutionnaire (Lyon, 13 numéros du 30 juillet au 15 octobre 1882), journal anarchiste lyonnais qui avait succédé au Droit social. Les noms devaient être tenus secrets jusqu’au moment où les intéressés seraient assez nombreux pour mettre leur projet à exécution. Deux conscrits seulement vinrent s’inscrire : Cyvoct et Didelin.

Didelin, qui demeurait 192 rue de Vendôme, fut l’objet le 7 novembre 1882 d’une perquisition sans résultat dont il refusa de signer le procès verbal ; le même jour une perquisition chez sa mère, permettait à la police de saisir un carton portant le nom de Bordat et un brouillon de lettre adressée à Louise Michel. Il fut arrêté le 19 novembre 1882, ainsi que vingt-cinq de ses compagnons, à la suite des violentes manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines d’août 1882 et des attentats à la bombe perpétrés à Lyon en octobre 1882 (voir Cyvoct), et impliqué dans le procès, dit Procès des 66, qui s’ouvrit à Lyon, devant le tribunal correctionnel, le 8 janvier 1883. Selon l’importance des charges retenues contre eux, l’accusation avait classé les prévenus en deux catégories (voir Bordat). Didelin, prévenu de la 1re catégorie, fut condamné le 19 janvier 1883 à six mois de prison, 50 f d’amende et cinq ans de privation des droits civils. À l’audience, il contesta avoir fait partie de la fédération révolutionnaire.

Les compagnons incarcérés furent en désaccord sur la question de savoir s’ils devaient ou non faire appel. Louise Michel consultée écrivit à Didelin le 30 janvier 1883 :
“Mon cher enfant,
Tu peux dire à notre ami Bernard et à nos autres amis que nous comprenons les motifs qui font agir ceux qui rappellent et ceux qui ne rappellent pas. Nous sommes en des circonstances où ceux qui ont affirmé hautement leurs pensées ont droit à notre confiance, qu’ils fassent donc ce qu’ils veulent. (…)
Ce que nous regrettons c’est que vous n’ayez pas collectivement fait l’un ou l’autre.
Moi, je préférerais qu’on ne rappelât pas, d’autres aussi préféreraient qu’on rappelât. Mais vous avez notre confiance et vous le montrez d’une façon ou l’autre.
Je vous embrasse tous.
Ta cousine, Louise Michel.
À bientôt une longue lettre.”

Les rapports de Didelin avec le mouvement se seraient aigris et il écrivait à sa mère le 8 juin 1883 :
“… Ils voudraient pouvoir encore se servir de ceux qui peuvent ou accepteraient d’écrire, mais quant à moi, nein, comme dit l’allemand, je veux encore conserver ma dignité et je refuse de m’associer à ces pleureurs […] Et voilà l’Anarchie, voilà les propres paroles de ceux qui la préconisent, vrai de vrai, j’en ai soupé.”

Didelin ne fit pas appel du jugement. Il fut libéré le 19 juillet 1883. Dès le 21 juilet il participait à la réunion publique "contre les exploits policiers" organisée sous la présidence de Chomat à la salle de l’Elysée par le groupe La Lutte. Après avoir dénoncé les conditions de détention à la prison Saint-Paul, il avait notamment ajouté : “Si en réclamant justice, on ne nous l’accorde pas, nous raserons tout. Ils nous ont tenu en cellule dans la crainte que nous fassions de la propagande auprès des condamnés de droit commun. Il y a un drapeau rouge et un drapeau noir, je les porterai ces drapeaux et je les vengerai car ils ont été souillés. On nous reproche de demander pour chacun selon ses besoins et nous avons été condamnés pour délit de conscience”.

Il était ensuite allé à Paris. Dans une lettre de janvier 1886 de Louise Michel à Léonie Pallait de Lyon, il avait ajouté un mot expliquant que, comme d’autres compagnons de Lyon comme Pinoy, Sourisseau, Morel et Diamer, il était maintenant dans la capitale où il avait travaillé “un an à la librairie Hachette, service des bibliothèques de chemin de fer”, puis comme distributeur de journaux (Gil Blas, Le Figaro, Le Rappel, Le Cri du Peuple, etc.) et était actuellement employé à La Taverne du bagne chez Lisbonne. Il terminait sa lettre en saluant tous les amis de Lyon et ajoutait : “Quand à nous à Paris, nous ne dormons pas. Puisse Lyon marcher d’accord avec nous. Ici nous faisons une propagande effrénée. A vous et à la Révolution".

Didelin est décédé en avril 189 et a été enterré le 10 au cimetière de Levallois.


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