Dictionnaire international des militants anarchistes
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ANTIGNAC, Antoine, Pierre
Né le 15 avril 1864 à Argentat (Corrèze) - mort le 8 juin 1930 - Clerc de notaire ; livreur ; employé de commerce - UA - AFA - AIA - CGT - Paris & Bordeaux (Gironde)
Article mis en ligne le 3 mars 2007
dernière modification le 22 mars 2024

par R.D.
A. Antignac (croquis d’Aristide Lapeyre)

Antoine Antignac naquit dans une famille pauvre qui comptait onze enfants. Il avait le goût de l’étude et sut acquérir de solides connaissances. À son emploi de petit clerc chez un notaire, il préféra la vie libre et exerça les métiers les plus divers, tâches mal payées mais qui lui permettaient de vivre sans contrainte. À soixante ans, raconte Aristide Lapeyre, il était livreur à Bordeaux avec une charrette à bras ; son patron acheta une camionnette mais Antignac refusa d’apprendre à la conduire ; le chauffeur qu’on lui donna alors était, à ses dires, “un imbécile sans malice, incapable de comprendre et d’exprimer une idée raisonnable” et Antignac demanda à reprendre sa charrette à bras.

Dès qu’il eût quitté le pays natal, il se lança dans la vie militante et fit ses premières armes dans les Bourses du Travail. Bon orateur, il tint de nombreuses réunions de propagande anarchiste. À Bordeaux, au début de sa carrière, il porta avec vigueur la contradiction à Sébastien Faure, alors jeune militant du Parti ouvrier français de Jules Guesde. Peu de temps après, Sébastien Faure quitta le parti guesdiste pour devenir conférencier anarchiste et demeura toujours en amicaux rapports avec son ancien contradicteur.
Clerc de notaire, il avait été renvoyé de son étude pour "indélicatesse".
Début 1890 il fut avec Paul Boutin, le rédacteur-administrateur de Bordeaux Misère (un seul numéro le 25 janvier 1890) sous-titré “Organe des révoltés”.

Le 20 octobre 1882 il avait été condamné à Bordeaux à 3 jours de prisonpour "outrages à agents dans l’exercice de leurs fonctions" (réhabilité en appel le 4 novembre 1886).
Le 2 mai 1891, pour la même raison, il avait été condamné à 1 mois de prison (réhabilité par Décret du Président de la République le 11 ai 1892)

Fin 1891 il était membre des groupes birdelais Les Anti-travailleurs et Les Incompris. Il demeurait alors 33 rue Traversane, quartier Pote Neuve. Vdrs cette époque il collabora également à La Revanche de Bordeaux et La Revanche de Gironde publiés par Boutin chez lequel il avait habité.
Au moins un de ses frère, Mathieu, était aussi militant anarchiste.

Son militantisme lui valut d’être condamné à plusieurs reprises - notamment en 1882 à 3 jours de prison pour “voies de fait” contre un agent, le 1er mai 1891 à 1 mois et 16 francs d’amende pour “incitation au meurtre et au pillage, outrages et rébellion”lors de la distribution d’un manifeste - et l’objet de perquisitions, notamment fin avril 1892, après avoir été arrêté le 24 avril préventivement à la manifestation du 1er mai. Il fut alors poursuivi pour "association de malfaiteurs" aux cotés de Bach, Jean Benoit, Edouard Lapeyre, Edouard Mallet, Mallevialle (ou Malaviolle), Léon Mathieu, Dupla et Sicard Palange. Tous bénéficièrent d’un non-lieu le 27 août suivant, la police n’ayant pu saisir, lors des perquisitions, que des imprimés la plupart anciens.

Cette même année 1892 il aurait été l’un des rédacteurs de pamphlets hebdomadaires intitulés Hommes et droits. Il entretenait également une importante correspondance avec Stéphane Mougin, le secrétaire de rédaction de L’Attaque (Paris) ; d’ailleurs 36 de ses lettres (de mars 1889 à février 1892) seront saisies chez ce dernier lors d’une perquisition le 16 mai 1892.

En contact avec les compagnons éditant à Marseille le journal L’Agitateur, il fut le responsable d’une édition régionale qui n’eut à Bordeaux qu’un seul numéro (janvier 1893) semble-t-il. Il fut également l’un des correspondants à Bordeaux de La Révolte (Paris).

Suite à l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il fut l’objet, comme J. Benoit, Lapeyre, Barreau, Bouton et Dutou, d’une perquisition qui ne donna aucun résultat. Le 1er janvier 1894, comme plusieurs militants de Bordeaux, son domicile 9 rue Basse, fut l’objet d’une nouvelle perquisition qui se révéla infructueuse.

Début 1897 il avait été, avec Antares, l’un des animateurs et fondateurs du Groupe d’économie sociale formé pour étudier “la situation des travailleurs au triple point de vue des salaires, de l’hygiène et du nombre d’heures auquel les patrons les astreignent”.

A l’été 1900, dans un article du Libertaire intitulé Le sionisme, il dénonçait les bandes cléricales antisémites : “Depuis des siècles, le sémite est roué de coups, expulsé, volé et même mis à mort par les gouvernements ou certaines parties du peuple, toujours, hélas, en proie à une ignorance précieusement entretenue par les tyrans… Mort aux juifs ! Que signifie ce hurlement de sauvages ?… Est il possible d’admettre que cette obscénité signifie quoi que ce soit d’humain ?”. Puis après avoir réfuté les divers préjugés antisémites, il concluait : " Arrière, assassins ténébreux d’un autre âge, bêtes transformées : Vous êtes le jouet de votre ignorance, les dociles instruments de ces hommes de boue et de sang que Pecci, Léon XIII "le bonze caduc et venimeux", presse sur son cœur en murmurant le nom de Jesus… Vous êtes les inquisiteurs nouveaux… Votre oeuvre de mort ne s’accomplira point car la pensée veille” (cf. Le Libertaire, 19 août 1900).

En 1901, outre Antignac, le groupe de Bordeaux comprenait les compagnons Marceau, F. Giraudet, Dabernat, Juillard, J. Artigny, Boué, Jean Benoit, Marnaudet, M. Rauyin, Mathieu, Odin, Latau, Hervy, J. Guisonnier, Sins, G. Lagorce, T. Laffitte, Mlle J. Villeneuve, Mlle Lapeyre, Lardant, Gonteredoner, Sobre, Guardia, Bourreille, Georges Damios, Dutau, Biais, E. Boutet, Lucien Roux, P. Sirux, Lavergne, J. Peyrusse, A. Daniel et M. Catelly.
Il avait été maintenu sur la liste de contrôle des anarchistes de Gronde lors de la révision de 1900-1901.

Le 1er février 1902, à la suite d’un article paru dans Le Flambeau et où il avait écrit que "bien des malheurs auraient été évités si Napoléon III avait été assassiné", il fut poursuivi pour "apologie de régicide" avec le gérant du journal Georges Butaud devant le tribunal correctionnel de Vienne (Isère) où il ne put se rendre “faute d’argent pour prendre le train”. Comme Butaud il fut condamné à 15 jours de prison et 50 francs d’amende (cf. Le Libertaire, 8 février 1902), peine confirmée en appel le 15 mars suivant.

A l’automne 1902, il était le secrétaire du syndicat des arrimeurs et manœuvres du port de Bordeaux.

En 1904, lors des violentes attaques contre le féminisme et Nelly Roussel publiées dans Le Libertaire par Henri Duchmann, il prenait position en faveur de l’émancipation de la femme et proposait “Liberté du choix de part et d’autre hors de la propriété maritale. Organisation d’une société sans obligation ni sanction. Seule l’anarchie réalisera l’harmonie intime et collective”, puis il concluait "la vie de la femme et un calvaire. L’Homme est un ingrat ou un pervertisseur” (cf. Le Libertaire, 24 juillet 1904).
Le 16 avril 1904 il avaut été l’orateur de la conférence L’Anarchie, son but, ses moyens tenue à Limoges devant 200 personnes environ - dont Régis Meunier - et présidée par Monteil.

Cette même année 1904 il était l’un des animateurs de la section bordelaise de l’Association internationale antimilitariste (AIA) ont étaient également membres Victor Labome, Albert Gresy, J. Guisonnier, François Dalmour, G. David, Pierre Jaure, A. Lachaud, G. Rambeau, Jean Pierrot, Jean Benosa et Jacques Balana.

Antignac fut aussi journaliste et collabora notamment à La Révolte et au Libertaire ainsi qu’à L’Ordre (1905-1907), à La Voix libertaire (depuis 1927) journaux anarchistes de Limoges et à des publications libertaires éditées à Bordeaux dont l’organe anarchiste du sud-ouest La Révolte (Bordeaux, au moins 11 numéros en 1922) dont il était le principal rédacteur avec Aristide Lapeyre et Lare. Il avait été également le rédacteur, imprimeur et gérant du numéro unique du bulletin Bordeaux Misere (15 janvier 1890) auquel collaboraient Paul Boutin et Charles Bernard.

Au début des années 1910 il était l’un des nimateurs du Groupe d’études sociales qui se réunissait au Bar Dubord (anciennement Bar du Dragon).
Débit octobre 1912, il demeurait 20 rue Lebrun où il avait reçu de la Jeunesse anarchiste de Paris un lot de placards et tracts antimilitarstes invitant les conscrits à se détourner de leurs obligations militaires. Le 25 octobre suivant il avait donné une conférence sur la guerre des Balkans au Bar Dubord à laquelle avaient assité 11 hommes et 3 femmes qui chacin avait émis son opinion sur les dispositions à prendre en cas de déclaration de guerre et de résistance à la mobilisation y compris par le sabotage et le pillage des armureries.
Au début de l’été 1913 il avait été l’objet comme Crispel d’une deamnde de perquisition suite à une commission rogatoire contre notamment le copagnon Dubois pour "provocaton de militaires à la désobéissance".

En 1914 il était le secrétaire du groupe de Bordeaux adhérent à la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) et dont faisaient notamment partie Romagne, Biais, Papuchon, Jacz et Montbelley. Il demeurait alors au 47 rue Montgolfier et travaillait comme employé de commerce au Comptoir des entrepôts girondins. Chaque dimanche il se rndait à la Bourse du Travail pour y exposer ses dées et avait été maintenu au Carnet B de la Gironde.

Après la guerre, il aurait appartenu en 1920 à un éphémère Soviet Gironde d’inspiration anarchiste puis participa aux congrès anarchistes de Paris, 14-15 novembre 1920 où il continua de proposer l’entrée des anarchistes dans les syndicats, de Lyon, 26-27 novembre 1921 à Villeurbanne (voir Raitzon), de Levallois, 2-4 décembre 1922, de Paris, 1-3 novembre 1924. Au congrès de Pantin, 31 octobre-2 novembre 1925, il fut désigné comme permanent chargé de gérer la librairie de l’Union anarchiste.

Au congrès de Villeurbanne (novembre 1921) sur le point de l’organisation fédéraliste des anarchistes, il avait déclaré qu’elle était “la libre entente, l’accord sincère, profond, des hommes mus par un idéal souple, conçu avec soin, laissant à chacun le droit de se développer, avec le plus de raison possible sans se diminuer et sans diminuer autrui” ajoutant que cette organisation était “la réunion des groupes de même tendance mettant en commun leurs forces morales pour utiliser leurs ressources intellectuelles et matérielles” (cf. Le Libertaire, 2 décembre 1921). Faisant part de son impression sur le congrès, il avait écrit : “Dans le calme le plu profond, avec une sérénité prometteuse, une gravité dépourvue de toute affectation, les dé"légués au congrès de Lyon firent entendre leurs voix. Pas de cris discordants, pas d’affirmations sans preuves. Ce congrès était une réunion d’hommes libres et non de politiciens ou d’esclaves ivres. J’en garderai une impression durable” (cf. Le Libertaire, 9 décembre 1921).

Il fut le délégué de Bordeaux au congrès de l’UA tenu les 2-3 décembre 1922 à la Maison du peuple de Levallois (voir Haussard), puis au congrès des 1-3 novembre 1924 à la salle de l’Avenue Mathurin Moreau.

Les 31 octobre-2 novembre 1925 il fut délégué au congrès de l’UA tenu à Pantin et y y fut nommé permanent en tant qu’administrateur et gérant de la librairie sociale et aux cotés de Pierre Mualdes nommé secrétaire de rédaction du Libertaire.

En 1926 il était le secrétaire du groupe anarchiste communiste de Bordeaux et était toujours inscrit au Carnet B.

Antignac milita à l’Association des fédéralistes anarchistes (AFA), née d’un courant scissionniste qui s’était manifesté au sein de l’Union anarchiste communiste à l’issue du congrès de Paris, 30 octobre-1er novembre 1927. Des militants, dont les principaux, outre Antignac, furent Sébastien Faure, Louvet, Darsouze, Perrisaguet et Lentente, refusèrent en effet d’appartenir plus longtemps à l’Union anarchiste communiste révolutionnaire, organisation dominée par le courant majoritaire de l’Union anarchiste communiste qu’ils assimilaient à un parti avec statuts, cartes d’adhésion et cotisations obligatoires.
L’AFA publia, le 1er janvier 1928, un périodique Le Trait d’union libertaire auquel succéda au mois de mai suivant La Voix libertaire ; à partir du 2 juin 1934, cette publication s’intitula simplement “organe hebdomadaire anarchiste” ; le n° 394, le dernier, sortit en juillet 1939.

En décembre 1927 il avait été admis pour traitement à la maison de santé de Tivoli où il avait été amputé d’un doigt.

Antoine Antignac, qui avait pour compagne Alice Courtois (née Dedieu), est mort le 8 juin 1930 et fit inhumé le 11 au Bouscat près Bordeaux (Gironde). Sébastien Faure rappela à son propos : “Irréductiblement attaché et constamment fidèle aux principes et aux méthodes de propagande et d’action véritablement anarchistes, Antoine Antignac ne s’est pas un instant départi de l’attitude qu’un libertaire devrait adapter et conserver en face de ces évènements. Ce n’est pas lui qui se serait prononcé en faveur de la guerre du Droit et de la Civilisation ! Ce n’est pas lui qui se serait illusionné sur le triomphe des bolchévistes en Russie, pas plus qu’il se serait fourvoyé parmi les admirateurs et bénéficiaires de la Dictature du prolétariat ! Anarchiste il n’a cessé de l’être, à dater de l’époque à laquelle il l’est devenu et il était de ceux qui ne peuvent pas concevoir qu’ayant été sincèrement et positivement libertaire, on puisse cesser de l’être” (cf. La Voix Libertaire, 21 juin 1930).

Antoine Antignac avait collaboré, outre ceux cités dans la notice, à un très grand nombre de titres de la presse libertaire dont L’Action antimilitariste (Marseille, 1904-05), L’Agitateur (Marseille, 1892 & 1897), L’Attaque (Paris, 1888-1890), Le Balai social (Mantes, 1904-06), La Cravache (Reims, 1906-1913), Le Cri de révolte (Paris, 1898-99), Le Cubillot (Aiglemont, 1906-08), L’Émancipaateur (Flémalle-Grance, Belgique, 1921-25), Le Flambeau (Vienne, 1901-02), Harmonie (Marseille, 1891-1893), L’Homme Libre (Paris, 1899), L’Idée libre (Agen, 1896), L’Indiscutable (Royan, 1902), L’Insurgé (Lyon, 1893), L’Insurgé (Herstal-Liègen 1903-1909), L’Ordre (Limoges, 1905-1907), Le Pétard (Paris, 1904), La Plèbe (Paris, 1918), Régénération (Paris, 1896-1908), Le Réveil de l’esclave (Paris, 1902-1903), La Revue anarchiste (Paris, 1922-1925).


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