Fils d’un monteur en fer, Marceau Desmoutiers s’engagea pour quatre ans au 110e régiment d’infanterie à Dunkerque avant d’être mobilisé le 10 août 1914 au 165e RI de Saint-Étienne puis affecté spécial dans les usines de guerre, comme ouvrier mécanicien ajusteur. Envoyé en juillet 1917 aux établissements Paulet de Marseille (Bouches-du-Rhône), il fréquenta la Bourse du Travail où il manifesta des idées avancées, libertaires et pacifistes. “Il ne tarde pas à prendre de l’autorité au sein du syndicat des Métaux” explique le commissaire spécial de Marseille. En mai 1918, Desmoutiers, qui logeait chez lui Flageollet représentant des grévistes de la Loire, tenta de provoquer des arrêts de travail. L’armée l’envoya travailler à Paris de septembre 1918 à février 1919. Il y partit avec sa future épouse, Madame Amblard, divorcée, militante du syndicat du Livre qui se confond semble-t-il avec Caroline Amblard.
À Paris, Desmoutiers se lia avec Raymond Péricat et le Comité de défense syndicaliste dont, de retour à Marseille en 1919, il créa un groupe et en assura le secrétariat. Il était secrétaire d’un « groupe communiste » dont les membres étaient munis de la carte du soviet. Ce groupe faisait de la propagande sous la forme de conférences, en faveur de la Révolution russe. Desmoutiers participa notamment, le 25 mai 1919, à un grand rassemblement de 5 000 personnes dans la banlieue du Redon, au cours duquel Péricat prit la parole. Son groupe fusionna en août 1920 avec celui de Mangiavacca, sous le nom de comité des soviets, puis disparut le 14 octobre suivant.
Entre 1922 et 1924, il semble avoir été, avec Boisson, l’un des dirigeants de l’UD- CGTU des Bouches-du-Rhône, avant la prise en main de cette dernière par les communistes. Il y a sans doute identité avec le L. Desmoutiez signalé commle membre du bureau de l’UDU (AD Bouches-du-Rhône, M8/10801, rapport du 25 octobre 1924).
Il appela, au nom du bureau provisoire du Cartel de liaison des syndicats autonomes de la région du Sud-Est, avec Casanova et Basserlat, à manifester contre le général Castelnau en février 1925. Les termes provisoire et autonome paraissent laisser indiquer qu’une organisation syndicale avait donc survécu à l’élimination des anarchistes de l’UDU quelques mois plus tôt.
En 1926 il était le secrétaire adjoint du bureau du cartel de liaison des syndicats autonomes du sud-est aux cotés de V. Ortusi et de Jean Casanova.
En 1936, Desmoutiers, toujours métallurgiste, a fait l’objet d’une fiche de police. Il était cité, en juin, parmi les dix membres de la Fédération anarchiste proveçale (FAP). Il résidait à cette époque 19 rue d’Isly.
Marié à Marseille le 2 février 1929 puis le 12 septembre 1940, Marceau Desmoutiers y est décédé le 16 février 1956.