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FOURNIER, Pierre
Né le 11 octobre 1862 à Roanne - Ouvrier tisseur – Roanne (Loire) – Nouvelle-Calédonie
Article mis en ligne le 22 avril 2015
dernière modification le 11 avril 2024

par Dominique Petit, ps

En mars-avril 1882, suite à une coalition de onze industriels de Roanne dirigés par M. Brechard désirant imposer une baisse des salaires, s’était déroulé une grève de 27 jours affectant 4.000 ouvriers de 11 usines de la région. La grève se poursuivit dans l’usine de Bréchard jusqu’au 25 avril 1882, sans que les ouvriers aient obtenu satisfaction et les industriels passèrent alors « un pacte de famine » et s’entendirent pour ne pas reprendre « les meneurs », dont le jeune Pierre Fournier.

Le 23 mars ce dernier assista à une réunion d’un groupe nommé « les vengeurs de la grève » - dont auraient entre autres fait partie Claude Guillot, Gouvert, les frères Dubuis, Dumas et Delaye - où selon la police aurait été pris la décision d’éliminer Bréchard et désigné Fournier pour l’exécuter, ce que ce dernier niera lors du procès et prétendra avoir agi seul. Le lendemain 24 mars, Fournier qui avait tenté en vain de trouver du travail dans plusieurs ateliers, alla chercher le révolver de son père, se rendit rue de la Sous Préfecture et tira sur Bréchard à la sortie d’une réunion de fabricants. La balle ne fit qu’effleurer la joue de Bréchard qui parvint à désarmer Fournier d’un coup de canne et, après l’avoir immobilisé avec plusieurs personnes à le livrer à la police. Amené à la prison de Roanne, Fournier aurait harangué la foule : « J’ai manqué mon coup, je voulais venger mes frères, je regrette de n’avoir pas réussi. Vengez moi à votre tour, travailleurs de la France prolétaire ». Le journal Le droit social (Lyon) ouvrit alors une souscription pour couvrir les frais de justice et annonça que le reliquat serait utilisé pour acheter un révolver à l’ouvrier qui déciderait d’imiter Fournier. Dejout, le gérant du Droit social fut condamné par la Cour d’assises du Rhône à 1 an de prison et 200 fr. d’amende.

Jugé en mai 1882 devant la cour d’assises de la Loire, Fournier bénéficia de circonstances atténuantes mais fut condamné à 8 ans de travaux forcés qu’il purgea en Nouvelle-Calédonie.

Le 8 février 1886, Pierre Fournier obtint une réduction de la moitié de sa peine ainsi qu’une remise de l’obligation de résidence en Nouvelle-Calédonie. Gracié, il bénéficia en outre d’une mesure de rapatriement gratuit.
Toutefois, l’administration, par erreur accorda ce rapatriement à un autre Fournier, de Lyon. Pierre, aidé par sa famille et un colon, prit alors un navire jusqu’à Diego-Suarez, à Madagascar, où il se trouvait en mars 1887.


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