Dictionnaire international des militants anarchistes
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CHARLUT, Arthur, Hippolyte
Né le 27 novembre 1852 à Arcis sur Aube - mort en 1929 - Peintre en voitures ; cafetier – Arcis sur Aube (Aube)
Article mis en ligne le 19 février 2015
dernière modification le 27 octobre 2023

par ps

Le 5 octobre 1870, à lâge de 18 ans, Arthur Charlut s’était engagé pour la durée de la guerre où, lorsqu’il fut libéré le 15 mai 1871, les autorités soulignèrent sa bonne conduite.

Au début des années 1890 Arthur Charlut tenait un estaminet rue des anciens fossés à Arcis où il organisait des matinées libertaires et soirées dansantes ainsi que des « causeries en bateau » sur l’étang de de La Balastière. En 1892 il avait diffusé L’affiche rouge du groupe L’Avant Garde de Londres, puis, selon la police semblait « s’être assagi ». Au milieu des années 1890, Arthur Charlut, avec Duhout (ou Duhoux), organisait dans son atelier de peinture, 75 rue de Paris, des réunions et conférences anarchistes. En 1896, selon la police, il vivait en concubinage avec la veuve Colson qui tenait à cette même adresse une auberge fréquentée par les compagnons de la localité ou de passage. En 1898 il était abonné ou correspondant du Libertaire à Arcis sur Aube.

Au début des années 1900 il tenait au 75 rue de Paris à Arcis le restaurant La Libre Entente, une coopérative ouvrière proposant aux "ouvriers soucieux de leurs intérêts et de leur indépendance" nourriture et logements confortables depuis 2 francs par jour et chambres et cabinets depuis 7 francs par mois. Il était également le dépositaire du journal La République sociale, organe hebdomadaire de la fédération socialiste autonome de l’Aube. Vers cette même époque il avait été le promoteur d’un groupe de libres penseurs puis de la formation à Arcis d’une section adhérente à l’Union antireligieuse de Troyes.

Ayant été mis en cause par le journal socialiste La Défense des travailleurs (Troyes), il écrivit dans une tribune libre publiée par La République sociale (n°56, 22 octobrre 1904) : " Auriez vous le dessein, à la Défense des travailleurs, de me faire une réclame gratuite auprès des bourgeois d’Arcis, en me présentant sous l’aspect d’un ancien anarchiste repentant et me rendre digne de leur accueil bienveillant ou de leurs faveurs généreuses pour une adhésion à un quelconque ministère de leur République, qu’ils ont rendu odieuse par les iniquités qui s’y commettent comme sous tous les autres régimes ? Vos efforts seront sans effet.

Voudriez vous, au contraire, me déconsidérer encore davantage dans l’esprit des prolétaires arcisiens ? C’est plus probable !… Je suis un solitaire : si des marques de sympathies se produisent pour mes opinions et mes critiques, c’est de la part des socialistes qui ont quitté le groupe guesdiste d’Arcis. Au lieu de m’adresser des insultes, vous me rendriez un réel service en me signalant une phrase, un mot seulement que j’aie écrit ou prononcé en faveur de l’autorité, de la propriété individuelle ou d’un ministère… Je mets Combes, Jaurés, Guesde et tous les politiciens dans le même sac pour la castration qu’ils opèrent sur les énergies révolutionnaires. Mes convictions ne sont pas encore modifiées… Si je suis ancien anarchiste, ce n’est que par l’âge, et je crois toujours, d’après Émile gauthier, que le suffrage universel est la plus grande fumisterie du siècle dernier, et le bulletin de vote la soupape de sûreté de la bourgeoisie…"

Début décembre 1904, suite à l’inertie “systématique et calculée” des dirigeants guesdistes de l’Union antireligieuse et à leur refus de former une caisse locale de propagande et d’instituer un banquet gras le vendredi dit Saint-comme il l’avait proposé, Antoine Charlut démissionna de l’Union. Dans sa lettre (cf. La République sociale, n°62, 3 décembre 1904), il écrivait notamment : “….l’organisation ne répondant nullement à mes aspirations de lutte contre le monstre dévorant des sacrements et des tabernacles, mieux vaut pour moi la lute isolée dans l’attente d’un groupement plus en rapport avec mes affinités… A ces causes générales s’en joint une autre d’un ordre tout à fait intime : c’est que je veux formellement que ni le matériel, ni le personnel des croquemorts qui sert aux pompes funèbres des ratichons ne touche et ne transporte mon cadavre. Ce n’est pas prévu par les statuts [de l’Union antireligieuse"] ; je n’avais que des promesses d’exécution de ces volontés, les alliances et les amitiés de Jeannin, secrétaire, avec les croquemorts et les cléricaux ne me présentent pas les garanties désirables et sûres… Je suis avide de combats pour la vérité, pour la liberté, pour l’affranchissement des travailleurs, pour l’émancipation et l’autonomie de l’individu. Les guerres intestines au sein des organisations centralisées, sirtes de Parlements plébéiens copiés sur la société bourgeoise rendent les unions chimériques ; elles sont plus stériles que les petits groupements par affinité, multipliés et fédérés pour des buts nettement déterminés."

Stèle d’Arthur Charlut (restaurée en 2016)

Arthur Charlut, qui aurait eu une liaison avec Louise Michel, a été inhumé en 1929 au cimetière derrière l’église d’Arcis où sur sa stèle avait été gravée “Ni Dieu ni maître


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